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Takó a été élevé dans le souvenir de son père, chirurgien mort durant le siège de Budapest en 1945. Etudiant, il part sur les traces de ce héros...
Le jeune Takó, élevé dans le souvenir de son père, chirurgien mort durant le siège de Budapest en 1945, nourrit ses petits camarades de récits glorieux et fantasmés mettant en scène son père en partisan aux exploits héroïques. L’enfant inconsolable empêche sa mère de se remarier avec un autre homme. Devenu étudiant, pour retrouver le souvenir du père défunt, il part à la rencontre des médecins et infirmiers qui l’ont fréquenté. Pendant le soulèvement de 1956, il tombe amoureux d’Anni, une étudiante juive qui a également perdu son père, mort en déportation. Prix spécial du Jury Festival du Film de Locarno en 1967.
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" Il y a des films qui donnent envie de parler ou d’écrire. D’autres qui donnent envie de silence. Père est
" Il y a des films qui donnent envie de parler ou d’écrire. D’autres qui donnent envie de silence. Père est de ceux-là. On est sûr, quoiqu’on fasse, d’en mal parler. Parce que Père est tout entier construit sur des sentiments si fragiles, si délicats, si fugitifs qu’on ne peut pas les transposer. Parce que tout ce qui est bouleversant dans les images deviendrait insupportable et lourd avec des mots : ce couloir d’hôpital plein de soleil d’infirmières en blanc, où l’enfant a vu son père venir vers lui. Les mots n’accrochent pas une telle image qui peut vous déchirer le cœur comme une image de rêve.
Le cinéma de Szabo, c’est l’émotion. Ce que Lelouch fabrique avec la rage du désespoir, Istvan Szabo l’obtient à chaque plan avec la grâce d’un magicien. Car il est un poète. Mais qui sait aujourd’hui que les vrais poètes ne se remarquent pas ? Les images de Szabo pourraient être celles d’un film néo-réaliste. Mais elles dansent, elles vivent, elles chantent. Elles nous parient d’autre chose. Exactement comme les images de Truffaut. Et dans les meilleurs moments du film, elles nous disent tout simplement ce que Vigo nous aurait dit en d'autres temps. Elles se confient du bonheur amer d’un moment où le rêve et la vie se confondent.
Il est bien évident que ce poème est aussi un film politique, il ne s’agit pas de se perdre dans ses petits états d’âme bien à soi. Il faut apprendre à en sortir. Il ne s’agit pas d’abdiquer son destin en le confiant à un pouvoir qui relève du mythe et qui vous dévore. La parabole est transparente. Derrière cet apprentissage de la vie adulte, il y a la douloureuse éducation d’un peuple sur qui plane l’ombre de Staline (les allusions sont très claires).
Mine de rien, voilà donc un petit film qui aborde le problème numéro un de notre temps : celui du pouvoir, de l’autorité. Et qui nous parle des citoyens heureux de mener une vie infantile, rêveurs et irresponsables, parce que le père agit à leur place, comme un fantôme ; avec une efficacité magique et reposante. Voilà comment on peut souhaiter se voir délivré de la liberté. C’est terrifiant.
Père, le second film d’un cinéaste de 31 ans, tient les promesses de L'Age des illusions. Avec un tact et une sensibilité admirables, Istvan Szabo nous donne une grande leçon de cinéma politique, précisément parce qu’il ne sépare pas la politique de la chronique intime. L’histoire d’un individu éclaire le destin d’un peuple. "
" Istvan Szabo, dans Père, présente ce qu’il appelle lui-même " l'autobiographie d'une gé
" Istvan Szabo, dans Père, présente ce qu’il appelle lui-même " l'autobiographie d'une génération". C’est l’histoire, délicatement contée, d’un enfant dont le père est mort en 1944 — ils furent légion dans ce cas en Hongrie. A mesure qu’il grandit, selon ses besoins affectifs et sa soif de prestige social, le garçon précise et retouche le portrait du "héros" disparu. Il gomme, il invente, il améliore. Il se définit, d’après une ombre... Mais le temps coule — qui donne à cette fidélité sa véritable place. Le passé est rejeté lentement, sûrement, dans l’histoire : tel épisode de la guerre (la déportation des juifs hongrois) devient matière à reconstitution, à film, à livre.
Des illusions s’envolent : faut-il mourir pour un drapeau ? Le cœur connaît d’autres élans. De nouveaux problèmes surgissent; à partir de 1956, le présent interpelle de façon de plus en plus contraignante. Le garçon ne peut tenir plus longtemps dans son refuge. Sans rien oublier, sans rien renier, il apprend. Il n’existera plus par procuration, mais participera activement au cours de la vie. Après s’être affranchi symboliquement de cette crainte révérencielle qui le liait au père et s’être délivré de cette allégeance qu’il s’imposait un adolescent accède à la maturité. Pour savoir jusqu’où ou peut aller, il faut un jour oser traverser le Rubicon (le Danube) à la nage, comme tous les jeunes Hongrois...
C’est savoureux, subtil, discret. Père a obtenu le grand prix du Festival de Moscou en 1967 ; il ne faut pas en déduire qu’il s’agit d’un hommage solennel à ceux qui édifièrent la Hongrie communiste. Le contenu du film, on l’a vu, est plus nuancé.
Istvan Szabo est hongrois. Il a trente ans. Un Hongrois de trente ans porte sur son domaine un regard neuf. Il n’était qu’héritier ; il se veut aussi partie prenante dans l’histoire. Mieux que n’importe quelle glose, les déclarations du réalisateur indiquent quelle portée il entend donner à son œuvre : " Nous voulons remettre l'ordre dans le chaos où s'entremêlent des valeurs réelles et d'autres qui ne le sont qu'en apparence. " Et encore : " Les sociétés créent des mythes ; comme les enfants ; et des hommes elles font des enfants. "
" Père, d'Istvan Szabo, est encore un film politique ; mais, si leçon il y a, elle est invisible, en filigrane. C&rs
" Père, d'Istvan Szabo, est encore un film politique ; mais, si leçon il y a, elle est invisible, en filigrane. C’est au spectateur de la dégager lui-même. Attention au sous-titre du film : " Père " ou " Journal d’une foi ". Et attention à l’épigraphe : " Je te regarde, homme, au défaut de l'armure " : voilà qui nous invite à nous demander, en bonne logique, si le défaut de l’armure ne consisterait pas dans le mauvais usage de cette foi.
Quelle foi ? En quelle religion ? Celle du Père. Normale pour un garçonnet dont le père a disparu pendant la guerre dans des circonstances mystérieusement héroïques : les femmes de la maison entretiennent son souvenir, que leur piété agite sans cesse autour de l’enfant pour l’exemple ou la réprobation. Conséquences, dans une imagination encore puérile : affabulation, travestissement de l’histoire allant jusqu’à la falsification, prolifération de la légende au détriment du passé réel. Jusqu’au jour où, l’enfant devenu homme, se délivre de cette tutelle paralysante et décide d’agir par lui-même.
C’est à ce détour qu’il faut traduire, et nous hisser sur le plan politique, toujours plus ou moins présent dans le jeune cinéma hongrois. Le père, c’est Staline, bien sûr. Le Père Majuscule. Le film dénonce le culte de la personnalité et ses conséquences infantilisantes, au premier rang desquelles la mythification, et cette façon de récrire l’histoire, au prix même du mensonge coercitif. Et le jeune homme de Szabo incarne toute la génération hongroise née de la guerre et qui a dû se libérer, non sans maladresses ni difficultés (allusion à la révolte de 1956), d’une foi qui a pu être bénéfique mais qui est devenue paralysante. Traduction, je le répète, suggérée, et toujours par des indications visuelles. Si délicate est la pudeur dont Istvan Szabo enveloppe le lyrisme. "
" Comme il est précisé au générique avec un certain désenchantement et avec la lucidité que
" Comme il est précisé au générique avec un certain désenchantement et avec la lucidité que donne le recul, cet intéressant second long métrage du jeune cinéaste hongrois Istvan Szabo est « le journal d'une foi ». Un journal évoquant vingt ans d'une vie et montrant, au point de départ, un petit garçon qui a éperdument foi en son père, un chirurgien mort peu après la dernière guerre et qu'il a à peine connu. Ce père est « le père » : celui (réel) d'un enfant adorant idéalisant une image à partir de souvenirs fugaces et fragmentaires et celui (symbolique) d'une génération créatrice de mythes, au long d'une période qui aboutit en Hongrie à la tragique « cassure » de 1956.
Chronique intimiste, mais également. réflexion politique, poétique (pour rendre sa démonstration plus sensible, Szabo introduit l'onirisme dans le réalisme), ce film peut se décomposer en deux principaux épisodes.
D'abord l'enfance, période d'ingénuité, de désarroi, de bravade, de fétichisme, au cours de laquelle l'orphelin s'invente presque naturellement un père partisan héroïque ou chef vénéré et organise, autour du défunt, dont il essaie entre autres d'imiter les gestes et récriture, tout un rituel du culte. Puis l'adolescence, période de recherche d'équilibre, de découverte, aussi de doute, d'inquiétude, car le fils de cet homme à peu près entièrement fabriqué comprend que pour s'affirmer il doit très exactement compter sur ses propres forces et renoncer à ses désirs d'identification, à ses fantasmes « orientés ».
Efforts vers la maturité, crises indivîduelles d'autant plus graves que les temps troublés s'y prêtent, besoin de révolte contre un ordre contraignant, nécessité d'enterrer de vieux mythes, cette partie du film, qui nous paraît la plus importante, est en tout cas la plus réellement émouvante, la plus dramatique. Insurrection de Budapest, manifestations, réunions, combats de rues, disparition, par exemple, d'un horloger qui probablement ne reviendra jamais, le climat change. Des questions se posent, des illusions se perdent, des visages se fendent, une jeune fille avoue sa honte d'être juive après avoir participé avec des figurants à un film sur la déportation dans les camps nazis. Une jeunesse s'interroge, et, bien sur,'le protagoniste qui tente encore d'échapper au présent et rêve de ces jours de la libération où son père, imagine-t-il — et la scène est belle, — poussait un tramway couvert de tous les messages que les survivants adressaient, pour les retrouver, à leurs parents, à leurs amis.
Il faudra enfin que devant la tombe de son père le fils trois fois se penche (ainsi qu'il le fait à chaque moment-clé) pour que s'opère une mutation dans un sens plus optimiste. Szabo pourtant propose une fin « ouverte », car son intention est surtout, semble-t-il, de se reporter à un passé qui fut sans doute le sien et de l'analyser au grand jour. Alors lui-même se libère-t-il peut-être en étant, parfois aigu et lyrique, constamment sincère et chaleureux, le chroniqueur d'une époque."
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" ... le thème du dernier film de Szabo apparaît en relation directe avec celui qui l'a précédé, dans lequel le cinéaste, alors âgé de 26 ans (L’Age des Illusions a été réalisé en 1964), abordait les problèmes individuels et collectifs d’un groupe de jeunes gens à peine ses cadets, au moment de se lancer dans la vie, leurs études terminées. Des difficultés rencontrées, d'une adaptation délicate, dont les résultats immédiats ne répondaient pas toujours à l'image rêvée qu’ils s’étaient faite de la vie active, de leurs espoirs déçus, découlait un certain nombre de réflexions critiques concernant les interférences de la vie privée et de la vie publique dans toute une série de domaines, touchant aussi bien l’activîté professionnelle que les rapports amicaux ou amoureux.
Considéré sous cet angle, Père n’est sans doute pas autre chose qu’une nouvelle approche, dans les conditions particulières à la Hongrie, du vieux thème tant de fois traité au théâtre comme au cinéma, des conflits agitant l'individu lors du passage de l’adolescence à l’âge adulte, avec tout ce que cela représente d’énergie dépensée pour reconsidérer, dépasser en leur assignant leur juste place, les mythes intimes dont l’importance est si grande pendant la prime jeunesse.
L’histoire de ce jeune garçon que nous conte Szabo s’ingéniant à calquer ses moindres actes sur la représentation idéale et purement imaginaire d’un père médecin mort en 1945 au cours des tout derniers jours de la guerre est, de ce point de vue, particulièrement révélatrice et significative. Il y a là, dans toute cette partie du film, une telle accumulation de notations, de situations parfaitement observées que cela saute aux yeux. C'est ce que nous appellerons l’aspect descriptif du propos à partir duquel va se poser le véritable problème celui de la prise de conscience progressive de l’adulte en devenir, sachant faire face aux réalités, seul, sans le secours d'aucun mythe.
C’est ici, précisément, que l’on découvre le point de convergence des thèmes traités par Szabo dans les deux films - auxquels nous venons de faire référence, que se situe également la transition du particulier au général, du concret à l'abstrait, incitant la réflexion à dépasser à son tour l'anecdote pour en dégager les composantes, en rapport avec des attitudes non plus déterminées par des notions d’âge mais de degrés de conscience, non plus individuelles mais sociales.
Passé cette frontière mouvante, apparaissent alors dans le cas qui nous occupe les étapes historiques franchies par la Hongrie depuis la guerre, des premières années du pouvoir populaire jusqu’à l’étape actuelle, caractérisée par une remise en ordre de toutes les expériences acquises, afin d’en appliquer les enseignements aussi bien au présent qu’à l’avenir.
Père, en ce sens, apparaît ainsi comme un film s'inscrivant à part entière dans un courant de réflexion collective dont il est à la fois, avec lucidité, le témoin et l’aliment. "
"... En recréant (pour une évocation onirique) une manifestation triomphale conforme aux modèles staliniens, puis
"... En recréant (pour une évocation onirique) une manifestation triomphale conforme aux modèles staliniens, puis le tournage (pour un film) de scènes de déportation sous l’occupation allemande, Istvan Szabo dénonce savamment les mensonges officiels du régime et cette paternité mystique, aliénante, que propageait le culte de la Personnalité. Ces deux « mises en scène » renvoient bien évidemment aux mises en scène et aux manipulations de l’histoire stalinienne ; elles ne suffisent pas à changer le récit entier en allégorie. Au reste, le récit réaliste de Père prend sens en tirant à lui, en intégrant ces rappels du passé, en en faisant du présent.
Faut-il rappeler que dans l’allégorie, le premier degré s’abolit devant l'émergence du second ? C’est ce que regrettait Walter Benjamin (cité par Lukacs). Le signifié détruisant le signifiant, l’idée l’emporte sur le réel, « le cosmos se dévitalise » : « Dans le royaume de la pensée, les allégories correspondent à ce que sont les ruines dans le royaume des choses ». Au contraire de ce qu’on répète, le moment du tournage, dans Père, ne conteste pas le cinéma du reflet (à preuve, la figurante juive qui, excédée et bouleversée, dissimule l’étoile jaune qu’on vient de lui épingler), mais une certaine façon de le pratiquer. "
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