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Tao travaille comme danseuse dans un gigantesque parc d'attractions avec son ami, Taisheng. Leur relation va être compromise par Qun, une jeune styliste.
Tao travaille comme danseuse dans un gigantesque parc d'attractions situé dans une banlieue de Pékin, "The World", qui reproduit en miniature et selon leur place géographique dans le monde, les monuments les plus célèbres de notre planète. Chaque jour, elle chante et danse devant le public. Son ami, Taisheng, est l'un des gardes du parc à thème. Mais leur relation est compromise : Taisheng est attiré par Qun, une jeune styliste...
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" Quoi de moins cinégénique, a priori, que la mondialisation ? Quoi de plus rétif à la représentati
" Quoi de moins cinégénique, a priori, que la mondialisation ? Quoi de plus rétif à la représentation que ce processus caractérisé par sa puissance de désincarnation ? Pour figurer cet état diffus du monde, où le temps ne cesse de dévorer l'espace, le cinéma semble n'avoir d'autre choix que de recréer le monde. Playtime, de Jacques Tati, n'était rien d'autre que cela : la réponse visionnaire d'un génie du cinéma construisant une ville pour dire l'état babélien du monde à venir : cacophonique, utilitariste, grotesque, inhumain. Un demi-siècle plus tard, Jia Zhang-ke reprend, dans The World, le pouls de la civilisation des loisirs (...).
Ce sont moins les touristes, toutefois, qui intéressent Jia Zhang-ke, que les employés du parc, jeunes gens débarqués de leur campagne qui ont vu dans ce lieu un nouvel Eldorado. Leur quotidien, euphorique et misérable, est filmé comme un grand ballet bariolé, mené par Tao, la danseuse interprétée par Zhao Tao, égérie du cinéaste depuis Platform, et son petit ami Taisheng, l'un des gardiens du parc.
Ailleurs qu'en Chine, une telle proposition aurait pu donner une comédie. Mais dans un pays où les passeports sont réservés à une élite, ce parc apparaît comme un cruel viatique pour une jeunesse en mal de liberté et d'identité. The World, de fait, est sans doute le film le plus noir de son auteur. La mise en scène en est pourtant lissée, tranchant avec la rugosité documentaire des films précédents. Et la partition acidulée de Giong Lim, compositeur des musiques de Goodbye South Goodbye et de Millenium Mambo de Hou Hsiao-hsien, accentue ce parti pris dans lequel on pourrait percevoir un virage du cinéaste vers une esthétique consensuelle. En réalité, il ne vise qu'à donner une forme au masque pop derrière lequel avance l'horreur mondialisée.
The World est un monstre dévorant à l'intérieur duquel évolue sans but cette génération happée par la vitesse, coupée de ses racines et privée d'horizons. Comme un miroir à facettes, il renvoie aussi bien à l'enfermement des Chinois qu'aux illusions créées par les nouvelles technologies et les transformations économiques. Au-delà, comme le suggère le titre, c'est du monde entier que parle l'auteur, de son uniformisation accélérée. Un monde dont on fait le tour le plus vite possible, pour rapporter des photos-clichés, et dont on n'attend plus qu'il offre, comme aux voyageurs de jadis, une rencontre avec l'altérité (...).
L'oppression se ressent dans les cadres, beaucoup plus systématiquement resserrés sur les personnages que dans les films précédents de l'auteur. Les quelques plans d'espace sont saturés à la fois par les immeubles de la ville, par les monuments du parc et par une musique qui étouffe à la racine le désir qu'ils portaient encore dans les étendues campagnardes de Platform et Plaisirs inconnus (...).
C'est l'humain qui résiste, qui crie sur les visages, filmés dans de longs plans fixes, dès que les personnages sont rendus à leur solitude. Et qui explose littéralement, dans une charge émotionnelle inédite chez Jia Zhang-ke, quand le tragique fait irruption. Quand, dans un centre de karaoké, Tao est confrontée à son amie russe devenue prostituée ; quand un ouvrier prend conscience de la mort du jeune homme de son village qu'il était censé protéger... Exit la pudeur ; les individus fondent en larmes, craquent d'autant plus violemment que les assauts du réel, en brisant la bulle d'illusions, entraînent dans leur sillage tout ce qui leur donnait la force de tenir.
Il ne reste alors que la scène, seul lieu où Tao peut s'imaginer femme libérée ou mariée ravissante, seul lieu où s'incarnent les rêves de pacotille qui maintenaient vivants les jeunes migrants. La foi dans le désordre qui conduisait Tati à propulser dans un joyeux chaos le cauchemar de Playtime, n'a pas cours dans la Chine de Jia Zhang-ke. Seule une lueur, sombre, scintille farouchement, une foi pessimiste dans l'humain et dans le libre arbitre. "
" (...) Jia Zhang-ke transpose le malaise de ses précédents films provinciaux dans la capitale chinoise. Là, des
" (...) Jia Zhang-ke transpose le malaise de ses précédents films provinciaux dans la capitale chinoise. Là, des pékins venus d’ailleurs tentent de s’acclimater à un monde irréel et factice dont le parc d’attractions est la métaphore criante. Le film n’est pas une satire de la mondialisation commerciale mais de la psyché mondialiste. Le mélange, le métissage, le cosmopolitisme, pièges séduisants, sont également synonymes de perte. Perte d’identité, de repères, appauvrissement moral. On trouve le meilleur exemple de cette déperdition chez un personnage secondaire, le plus poignant du film : la jeune Russe dont Tao, l’héroïne, danseuse de revue dans le parc à thème, devient l’amie. L’étrangère, également danseuse, explique à Tao qu’elle a dû laisser ses enfants pour aller travailler en Chine. Puis dans une deuxième scène, on apprend que, désespérée, elle est en fait contrainte à se prostituer pour vivre. Déplacée comme les monuments occidentaux à Pékin, la Russe est elle-même devenue un objet exotique et érotique.
Jia Zhang-ke traduit cette aliénation des personnages par une mise en scène plutôt froide, en multipliant les ellipses, en filmant les personnages souvent seuls, dans la pénombre ou en plan large avec comme toile de fond le décor désincarné des faux monuments. Cette glaciation décorative aux vertus dépressives contraste fortement avec l’humanité brouillonne des premiers films de Jia Zhang-ke, tournés dans sa province du Shanxi. Sans faire de concession par rapport à ses parti pris d’antan (persistance du plan-séquence et de la caméra portée, comme dans la superbe séquence d’ouverture, où Tao cherche un sparadrap dans les loges du spectacle), il en rajoute dans l’irréalité et l’immatérialité. Par exemple en ponctuant le film de séquences en dessin animé, qui illustrent la plupart du temps la réception d’un SMS par un personnage.
A cela s’ajoute l’ambient electro du musicien Lim Giong, déjà responsable de la tonalité mélancolique de Millenium Mambo, qui rapproche clairement le cinéaste chinois de son confrère taïwanais Hou Hsiao-hsien. Comme ce dernier, Jia Zhang-ke observe la dévitalisation morbide induite par une modernité aseptisée. Dévitalisation est bien le mot ici, où la vision d’un univers vide et clinquant s’exprime aussi bien par le gimmick du téléphone portable (un des danseurs veut s’en servir pour surveiller sa petite amie) qu’à travers les sourires mécaniques des danseuses travesties en geishas japonaises ou en Indiennes dans les shows pour touristes. Pour bâtir ces cathédrales de vanité en toc, miroir aux alouettes pour autochtones en mal de voyage, toute la Chine est convoquée, notamment la paysannerie ; fourmis esclaves égarées dans ce décor vitrifié, main-d’œuvre Kleenex. Pour cette raison même, le film est moins immédiatement séduisant pour nous Européens que les précédents, tournés dans une Chine plus archaïque (et donc pittoresque). Ici, l’humanité se tapit derrière le décor (dans les hôpitaux, les gares,les dortoirs) étouffant de cette modernité. Mais c’est justement ce surgissement constant et intempestif de l’humanité entre les failles d’un décor pétrifié qui confère au film sa beauté fatale. "
" (...) Cette absurdité totale de planète-Jivaro offre le cadre quasi unique de l'action du nouveau film de Jia Zhang
" (...) Cette absurdité totale de planète-Jivaro offre le cadre quasi unique de l'action du nouveau film de Jia Zhang-ke, son plus fascinant depuis le chef-d'oeuvre Platform (...) Cette civilisation exclusivement citadine avec ses individus aux yeux vides livrés en pâture à une rationalité technique qui tend peu à peu à détruire le sens des émotions, Jia Zangh-ke, mieux que quiconque, en donne une vision synthétique et bouleversante (...). "
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