UniversCiné utilise des cookies afin de vous offrir une expérience utilisateur optimale.
En les acceptant vous nous permettez d’améliorer nos services, de mesurer notre audience, de personnaliser votre expérience et vous pourrez bénéficier des fonctionnalités relatives aux réseaux sociaux.
Vous pouvez personnaliser vos choix en cliquant sur « PERSONNALISER » et obtenir davantage d'informations en consultant notre politique de gestion des cookies.
Au lendemain de la guerre, l'inspecteur Borniche est chargé d'arrêter un criminel dangereux, Emile Buisson. La traque va durer dix ans.
En 1947, l'inspecteur Borniche est chargé d'arrêter un criminel dangereux, Emile Buisson, échappé d'un asile psychiatrique. Celui-ci tue sans pitié, multiplie les hold-ups et nargue sans cesse la police, aidé par tout un réseau. Entre le flic et le voyou, la traque va durer dix ans... Inspiré par le récit authentique de cette cavale meurtrière racontée par Borniche lui-même, le film offre un fascinant duel entre Delon et Trintignant orchestré par Deray, l'auteur de "La Piscine" et "Borsalino". Ces retrouvailles entre l'acteur et le réalisateur ont fait naître l'un des meilleurs films de leur collaboration.
Le lecteur n'est pas installé ?
Pour votre information, la lecture en mode hors-ligne n'est pas compatible avec le système d'exploitation Linux
" On a beaucoup célébré Flic Story comme un équivalent français, enfin « pleinement sati
" On a beaucoup célébré Flic Story comme un équivalent français, enfin « pleinement satisfaisant », du film policier américain, sans s’apercevoir qu’à partir de cette contradiction le film fonctionne sur deux registres différents, et doit en réalité sa réussite à l’imbrication, ça et là périlleuse, mais toujours « rattrapée », de ces deux registres.
Le premier registre est en fait la reprise en charge d’un certain nombre de données hollywoodiennes, quelquefois déjà imitées avec plus ou moins de bonheur par certains cinéastes français, mais ici totalement assimilées. Elles concernent essentiellement : 1) le repérage ; 2) la traduction aussi directe que possible, mais « classique » (sans brutalité factice ni chichis modernistes) de l’effort physique ; 3) le vieux thème, suggéré en sourdine, de la familiarité qui finit par lier le policier et sa proie.
Dès Symphonie pour un massacre, Deray s’était montré un remarquable spécialiste du repérage, visant ici (pour ne rien dire des intérieurs eux aussi minutieusement « exacts ») à la reconstitution d’un Paris déjà très ancien, il surclasse sans peine le Clément de Paris brûle-t-il, quitte à être surtout négatif : quartiers populaires, zones lépreuses, bois de banlieue, effectivement à peine inchangés (on y trouve encore des cadavres), lieux de transit plutôt que de développement, prêtent du reste à certains gestes une étrangeté supplémentaire. La traduction de l’effort physique, et du risque ultime qu’il implique en l’occurrence, culmine dans la séquence « attendue » mais parfaitement amenée de l’arrestation. Enfin, le thème de la familiarité se résout en une note du dialogue tellement appuyée qu’on jurerait que Deray a voulu enterrer une deuxième fois Melville.
Où, de toute évidence, un autre registre s’impose, c’est quand on observe le choix fait par Deray quant à la narration elle-même. Le ton distancié et froid (le fameux « constat ») est en fait une nécessité intrinsèque et locale (Borniche a bien voulu se reconnaître en Delon : le film eût été infaisable autrement). Décider de réduire au minimum, quitte à ce que ce soit au nom de la vérité historique, l’environnement social de l’un et l’autre héros, n’est pas en soi profondément original. Là encore une certaine tendance du cinéma américain privilégie les « premiers plans » au détriment de la figuration (...)
Obligé en effet de n’évoquer que discrètement le contexte historique authentique (...), Deray s’en est tenu sur ce point à l’authenticité d’un mimimum de détails. Or non seulement ce minimum transforme en archétypes les personnages principaux, mais comme d’autre part, il nous est impossible de négliger le fait qu’ils sont joués par deux grands acteurs (tous deux excellents) la mise en scène n’a plus pour fin que de décaper le spectacle, et d’en assurer sans lourdeur ni fausse légèreté l’intelligence dans la continuité.
Bizarrement, le film renoue ainsi avec quelques vieilles tentatives, plus ou moins adroites, de « policiers » français énigmatiques jusqu’à l’excellent Rafles sur la ville de Pierre Chenal, (1957) où " Le Fondu " (Charles Vanel) s’inspirait d’ailleurs de Buisson pour un détail précis (la grenade portée en permanence) (...) À la fin, Deray peut même rendre à Delon son visage : celui de Delon narrateur, voire historiographe, bien qu’il conserve les traits du commissaire Borniche (...)
Cette fin renoue avec le début du récit à la première personne. La voix off est ici d’une portée assez peu commune. Elle introduit, avec la minutie de la reconstitution de 1947-1948, soulignée par l'austérité presque affectée de la photographie, l’impression dont je parlais, qui est celle d’un immense désert (...) Un appauvrissement progressif, assez courageux dans son genre, de la psychologie des personnages, renforce cette impression (...) N’est-ce que le désert d’une histoire déjà ancienne ? Ou n’est-ce pas là le désert d’un metteur en scène de talent, qui a choisi finalement de ne « s’exprimer » qu’en rusant avec le commerce ? A cet égard Flic Story est une heureuse surprise après le second et surtout le premier Borsalino, et rappelle les influences de Losey, voire de Preminger, perceptibles dans La Piscine.
Enfin, et ceci n’exclut pas cela, Jacques Deray et Alain Delon sont parmi les rares « gaullistes traditionnels » du cinéma, et l’allusion aux commandos, quoiqu’historiquement justifiée, n’est pas là par hasard : Flic Story, ne serait-ce pas aussi symboliquement l’image ambiguë d’un certain désert français ? "
" La voix de Borniche envahit les derniers plans du film, parmi lesquels Deray a filmé la chaise vide du criminel. Borniche te
" La voix de Borniche envahit les derniers plans du film, parmi lesquels Deray a filmé la chaise vide du criminel.
Borniche tente de comprendre Émile Buisson, et cet échange passe par de longues plages de silence, d’interminables autant qu’indéchiffrables regards. Émile Buisson fut exécuté en 1956, emportant avec lui son secret. Qu’est-ce, au juste, qu’un criminel, un « ennemi public numéro un » ? Deray ne répond pas à la question, fuyant ostensiblement toute explication psychologique, cultivant l’art du filigrane jusqu’au bout. Le récit se clôt sur le regard-caméra de Borniche. Regard qui ne dissipe aucunement l’opacité d’Émile Buisson (...)
Les pas de Borniche sur le pavé, qui ouvrent le film, indiquent que nous sommes bien, ici, dans un monde qui baisse la tête, où la ligne de fuite n'existe pas, où l'horizon est bouché. Rien ne vient aérer les espaces, tout semble irrémédiablement confiné, les choses et les êtres. Mais Borniche marche, vite et bien, vers une destination. Il avance vers un but dans un monde qui marque le pas, encore enlisé dans les affres d une guerre à peine achevée.
En filmant les pas de son héros, et seulement ses pas, détachés du reste du corps, Deray indique la nature du métier de « flic », avancer à l'aveuglette, tâtonner, suivre les pistes de « fil en aiguille », jusqu'au coup de filet, jusqu'à l'arrestation d’un suspect. Un métier de chasseur.
Ce travelling inaugural est bien la traduction visuelle d’une remarque lancée par l'un des personnages du roman, patron d'un bar chic, à l'adresse de l’inspecteur... « Pour dénicher un bonhomme qui se terre dans Paris, j'ai l’impression que vous allez user quelques paires de semelles. » (...)
Le film décrit, sans la méticulosité du roman, avec davantage de sécheresse et d'ellipses, cette longue et épuisante traque à travers Paris. Il prend de nombreuses distances avec l’ouvrage de Roger Borniche. C’est l’ancien policier lui-même, devenu écrivain, qui s'est chargé de l’adaptation, aidé par Alphonse Boudard, grand connaisseur de l’époque et du milieu décrits.
Fidèle à ses habitudes narratives, Deray coupe, resserre, concentre. L’amplitude, la densité de la matière originale ne peuvent qu’aboutir à une durée de projection qui excéderait largement les lois dune exploitation commerciale traditionnelle.
Cependant, le cinéaste et ses scénaristes conservent l'entrecroisement des deux portraits, celui du flic, bien sûr, mais aussi celui du tueur. Deux actions qui sont, dans le roman, inextricablement mêlées. Borniche, l’écrivain, circule sans cesse de l’une à l’autre, notant avec précision, au scalpel, les échos, les répercussions qu’elles ne manquent pas de susciter (...)
La mise en scène de Jacques Deray, qui ne déclame pas, accroît le trouble que l’on ne manque pas d’éprouver en voyant, sur l’écran, évoluer Buisson. Le truand devient, peu à peu, débarrassé de toute prétention psychologique, l’expression d’une époque. De cet après-guerre qui porte encore les stigmates de l’Occupation. Émile Buisson est, au fond, le produit le plus représentatif d’un temps dominé par une violente lutte de classes, pris dans la tourmente des rancœurs et des règlements de comptes. N’est-il pas le symbole d’un pays qui a effleuré les affres de la guerre civile ?
À la différence du livre, on devine que c’est là le vrai sujet du film. Preuve en est la minutie avec laquelle Deray a reconstitué cette douloureuse époque. Mais minutie ne veut pas dire surcharge. Le cinéaste a choisi la dissémination de quelques signes reconnaissables. Sans multiplication abusive des références. Un peu à la manière de François Truffaut pour son Dernier métro.
En quelques notations subtiles, Deray est parvenu à faire revivre le pavé parisien de cet après-guerre encore embué de grisaille et de tristesse. Jusqu’au petit bar, du côté de Ménilmontant, peuplé de Maghrébins qui observent, attentifs et muets, le manège de la police française.
Ces scènes, loin des clichés, apportent au film une densité réaliste qui enveloppe parfaitement la complexité des personnages. Le truand et le flic ne sont jamais, ici, des figures abstraites. Ils existent, loin d’une typologie réductrice, dans toute l’épaisseur et la chaleur humaines de leurs gestes. Cet ancrage précis est bien la marque de fabrique d’un cinéaste qui avoue avoir joué « l’authenticité minutieuse des faits, la vérité des gestes et du décor ».
Tout cela n’est pas sans rappeler le cinéma de Jacques Becker. L’on songe sans peine, dans cette façon de faire battre le cœur d’une époque, au sublime Casque d’Or, où l’attention du spectateur pour la vérité des personnages n’était jamais dissipée par le filtre chatoyant du folklore.
Les tonalités brunes et verdâtres, auxquelles Jean-Jacques Tarbès, aidé de Théobald Meurisse, ajoutent du noir (beaucoup de noir) et bien sûr du gris, imprègnent chaque lieu et chaque costume.
La ritournelle à l’accordéon, composition de Claude Bolling, aux accents non dramatiques, marque un écart voulu avec le genre. Cette musique, délibérément anempathique, est une rengaine, lancinante et nostalgique, que l’on dirait inscrite au répertoire d’un orchestre de guinguette des bords de Marne.
En s’opposant à la sécheresse froide des scènes d’action, autant qu’à la cruauté inexpressive d’Émile Buisson, les notes de Bolling traduisent cependant assez bien le regard que Deray a jeté sur ces temps incertains. Celui d’un entomologiste compatissant. "
" Pas de morceau de bravoure artificiel, pas de scènes à épate, pas de virtuosité superflue. Il a tourn&eac
" Pas de morceau de bravoure artificiel, pas de scènes à épate, pas de virtuosité superflue. Il a tourné en visant à la sobriété et à l’exactitude, avec le souci du détail qui permet de mieux cerner la psychologie des personnages (…). Dans ce rôle, Jean-Louis Trintignant est si froidement inquiétant que la perfection de sa composition provoque le malaise."
Robert Chazal, 01/10/1975" Le mérite premier du cinéaste, c’est d’avoir reconstitué, mieux, ressuscité, cette pér
" Le mérite premier du cinéaste, c’est d’avoir reconstitué, mieux, ressuscité, cette période de l’immédiate après-guerre (…). Tout cela, Jacques Deray le peint avec une rigueur documentaire qui est, d’ailleurs, la marque du film tout entier."
Jean Rochereau, 11/10/1975Nos offres d'abonnement
BASIQUE ETUDIANTS
1 | € |
le 1er mois(1) |
SANS ENGAGEMENT puis 4,99€ /mois
Sur présentation d'un justificatif(2)
BASIQUE
1 | € |
le 1er mois(1) |
SANS ENGAGEMENT puis 6,99€ /mois
PREMIUM
9 | ,99€ |
/mois |
SANS ENGAGEMENT
* A l'exception des films signalés
CINÉPHILE
15 | ,99€ |
/mois |
SANS ENGAGEMENT
*A l'exception des films signalés
BASIQUE ETUDIANTS
49 | ,99€ |
/an |
Sur présentation d'un justificatif(2)
BASIQUE
69 | ,99€ |
pour 1 an |
PREMIUM
99 | ,99€ |
pour 1 an |
* A l'exception des films signalés
CINÉPHILE
175 | ,99€ |
pour 1 an |
* A l'exception des films signalés
Vous devrez fournir un justificatif de scolarité (carte étudiante ou certificat, en .pdf ou .jpg).
UniversCiné se réserve le droit d'annuler l'abonnement sans possibilité de remboursement si la pièce
jointe envoyée n'est pas conforme.
Offre valable 12 mois à partir de la date de l'abonnement
_TITLE