Stephan Lacant : "On ne devrait pas se soucier de savoir si c’est une relation gay ou hétéro"
Avec Free Fall, Stephan Lacant ne vise pas un public ciblé, déterminé en amont. Il s'agit au contraire de montrer1
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Dans une librairie, Patrick B. découvre un recueil de photographies montrant des modèles masculins noirs et nus...
Dans une librairie, Patrick B. découvre un recueil de photographies montrant des modèles masculins noirs et nus. Mais dans l’exemplaire de démonstration, les photos qui montrent des sexes ont été méthodiquement découpées, de sorte que de petites fenêtres carrées s'ouvrent désormais à travers tout le volume. Fasciné, Patrick veut acheter le livre mais la libraire refuse de le lui vendre. Il vole alors le livre mais se fait pincer... Réalisé dans le cadre d’une série intitulée « Journaux intimes » pour Canal+, les auteurs de "Dancing" livrent une chronique-réflexion sur les pouvoirs de l’image, sur la représentation des corps et de la sexualité, sur la fabrication d’un film, sur l’intime et le public, sur la confusion des genres.
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" Quelles sont ces images que nous ne saurions voir, ces images qui n’ont, dit-on, aucun sens ? Pour les deux cinéastes, pas de doute, ceci
" Quelles sont ces images que nous ne saurions voir, ces images qui n’ont, dit-on, aucun sens ? Pour les deux cinéastes, pas de doute, ceci est une pipe, et, n’en déplaise à Magritte, l’image en question n’est pas qu’une image, “car la pornographie est une expérience de la présence réelle (…), elle est là pour prouver l’existence du monde, et si elle n’a pas de sens, c’est que le monde n’en a pas”. Voilà une audacieuse conclusion.
(...) un work in progress (on assiste aux brainstormings et aux réunions de production, chacun rejouant son rôle devant la caméra), qui nous mènera des nains de jardin aux ours bruns, de Jean-Yves Jouannais à Pline l’Ancien, de la boîte à queue au veau d’or, d’une pendaison par les pieds à une petite cuillère retournée ; avec Bernard à la barre et Trividic à la vigie (le praticien et le théoricien), naviguant au mieux entre l’intime et le monde, entre les cliquetis du dedans et le fracas du dehors… Une précision, enfin, pour ceux qui craindraient d’être perdus dans d’hypothétiques brumes intellectuelles : Ceci est une pipe est aussi une grande comédie."
" ce qui séduit (...) le spectateur, c’est sans aucun doute cette approche naturaliste du quotidien de deux homosexuels parisiens, qui se dé
" ce qui séduit (...) le spectateur, c’est sans aucun doute cette approche naturaliste du quotidien de deux homosexuels parisiens, qui se définissent eux-mêmes comme des bears (traduire les ours car ce sont des hommes corpulents, poilus, barbus et le crane rasé). Sans rien nous cacher de leur quotidien, les deux artistes filment leur vie de couple dans sa banalité même. Très attachants, ils deviennent progressivement des êtres familiers avec qui l’on aimerait continuer à discuter. Touchant l’universel alors même qu’ils appartiennent à une catégorie de la population encore marginalisée, ils signent avec Ceci est une pipe un moyen métrage enthousiasmant"
Virgile Dumez" L’ouverture du film est une pelote pleine de nœuds. Il sera question de pornographie : la représentation sans arrière-plan de l’acte sexu
" L’ouverture du film est une pelote pleine de nœuds. Il sera question de pornographie : la représentation sans arrière-plan de l’acte sexuel. Il sera question des images et de leurs légendes : ceci est une pipe : pas une métaphore ni un simulacre. Aucun texte ne vient mettre l’image à distance d’elle-même. Car c’est le texte qui est ici plein d’arrière-pensées. D’un côté, la vieille histoire de l’incarnation : ceci est mon corps. De l’autre, la vieille histoire de la représentation : sur le tableau d’une pipe, Magritte écrivait « ceci n’est pas une pipe ». Il croyait, et bien d’autres avec lui, que les images sont traîtres, que les textes le sont aussi, que les image comme les textes sont une expérience de l’absence des choses, de leur disparition dans la représentation. Les choses ne sont pas là où vous les voyez, on connaît cette chanson. Trividic et Bernard disent d’emblée qu’ils ne l’entendront pas de cette oreille (...)
... pas question pour ses auteurs de limiter leur intuition à tel ou tel type d’image. Parce qu’ils croient dans une théorie générale des images, leur film est une anthologie des régimes de l’image qui met sur le même plan images réalistes (qui dissimulent leur artifice) et images composites (qui l’exhibent au contraire), citations et pastiches. Sans cesse le film construit des images a priori naturalistes à la manière d’images truquées, en multipliant les plans à l’intérieur du cadre - d’où son goût pour les écrans de télévision, les portes ouvertes, et toutes sortes de miroir - du matériel de surveillance dans une librairie à l’argent d’une petite cuiller..."
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