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Après s'être fait dérober tous ses biens par un auto-stoppeur, Paco est recueilli par une femme dont il tombe rapidement amoureux...
C’est l’histoire de Paco et Nino, qui marchent sur des routes de Bretagne, à la recherche de l’amour — Paco, un Espagnol qui plaît aux femmes, et Nino petit émigré russe qui aimerait bien plaire à une femme. C’est l’aventure de leur amitié et de leurs nombreuses rencontres. Un road movie d’aujourd’hui, dans l’Ouest ? Prix du jury au Festival de Cannes 1997 et César de la meilleure musique.
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Ralentir. Souffler un peu. Se poser. Oui, mais où ? Chez quelqu’un qu’on aimerait et qui nous aimerait. C’est tout
Ralentir. Souffler un peu. Se poser. Oui, mais où ? Chez quelqu’un qu’on aimerait et qui nous aimerait. C’est tout bête et tout simple ; mais c’est la grande affaire de notre vie : trouver l’amour et s’y accrocher. Finalement : pas si bête et pas si simple.
Parce que celle qu’ils traversent ressemble à beaucoup d’autres. Pas de travail. Pas d’argent. Pas de toit. Juste quelques rêves en tête. C’est ce qui fait avancer Paco et Nino. Lucides sur leur “chevauchée” vraiment pas fantastique, mais rêveurs toujours.
Pourtant, comme dans tous les films de Manuel Poirier, la vie est dure. Claudie se fait virer d’un centre de réinsertion pour adolescents (La Petite amie d’Antonio), Lila sort de prison (…A la campagne), les parents de Marion n’arrivent pas à boucler leurs fins de mois ; ici, Paco et Nino n’ont carrément plus rien. Mais sont tellement paumés qu’ils sont toujours prêts à se serrer l’un contre l’autre pour ne pas avoir trop froid. Western est ainsi le plus beau film du réalisateur, puisque la nécessité d’aimer y est plus impérieuse que jamais. La seule façon de s’en sortir.
Et la seule façon pour le réalisateur de respecter ses personnages est de suivre leur rythme. Nonchalant et doux, quand les larmes pointent (l’école Jacques Rozier). Vif, quand les rires éclatent et brisent les ténèbres (l’école Ken Loach). La caméra à l’affût, souvent. Avide de la moindre rencontre.
Quinze secondes passées avec une femme croisée dans la rue : quinze secondes précieuses. Tout autant que la journée de rigolade et de beuverie avec ce Black rigolard et paralytique qui va les héberger. Ici, un type accoudé à un bar, entrevu une minute, risquerait bien, pourquoi pas, d’inverser le cours de l’histoire… alors le film fait de l’inconnu la star de quelques secondes ! Au contraire, lorsqu’une scène dure, et s’étire, les êtres semblent presque s’effacer. Parce que le temps qui s’écoule, lentement, devient matière. Et les mots prononcés prennent un brusque relief ; les silences deviennent criants. Car dans Western, les grandes scènes d’action suivent les mouvements du coeur. Ceux de la caméra se doivent d’être invisibles.
Ce titre, Western, sonne comme un mirage. En ouverture, une courte scène de duperie ordinaire. Suivront pleins de petits mensonges. D’incompréhensions. Comme si la vie n’était qu’une suite de dérobades et le monde, un simulacre. Vous pensiez ce monde ordinaire : erreur. Il est à l’envers. C’est un monde où les sentiments basculent. Un monde où le volé prend soin de son voleur. Où Paco se montre spécialiste pour marcher sur les mains, tandis que Nino, lui, préfère dire, justement, qu’il “marche sur la tête”. Mais, pour Manuel Poirier, l’envers est tout aussi passionnant que l’endroit.
Et le monde toujours plus cruel que nous pouvons l’imaginer. Tout autant que la solidarité, c’est d’ailleurs l’absence d’une mère ou d’un père, d’une amoureuse qui est le thème commun, et souterrain, de tous ses films. Dans …A la campagne, la fiancée disparaissait sans explications au beau milieu de l’histoire. Ici, elle s’éclipse volontairement et impose son absence comme épreuve pour son héros. A chaque fois, c’est un déchirement. Il y a fêlure et souffrance. Renoncement. Abandon et trahison.
Ce qui fait la force du cinéma de Manuel Poirier, c’est cet élan qui nous pousse toujours à croire que, malgré tout, il faut vivre. Ce qui veut dire s’amuser, dit Nino. Et rêver aussi de mondes toujours meilleurs, parce qu’il n’y a que ça qui nous pousse à agir et nous fait décoller du sol.
Il y aurait, pour calmer la peine, une maison. Un bel arbre dont les branches bruissent sous le vent. Une table où l’on mange avec ceux que l’on aime. Un ami. Une femme. Plein d’enfants. Mais, sans doute, est-ce une illusion. Un mensonge, permis par le cinéma. Mais un mensonge qui, selon l’expression de Cocteau, “dit la vérité” : rien n’est, en effet, plus réel que nos utopies.
Deux types se rencontrent au bord d'une route et décident de faire un bout de chemin ensemble. Sur ce thème d'une sim
Deux types se rencontrent au bord d'une route et décident de faire un bout de chemin ensemble. Sur ce thème d'une simplicité biblique, Jerry Schatzberg, il y a tout juste un quart de siècle, n'a pas seulement réalisé un film magnifique, il a inventé une version du couple inédite : depuis L'Epouvantail, Gene Hackman et Al Pacino restent les archétypes du duo errant, grands frères de tous les perdants magnifiques.
Vingt-cinq ans plus tard, donc, sur une route de Bretagne, Sergi Lopez et Sacha Bourdo. On devrait dire Paco et Nino, mais à l'évidence, ce sont les deux acteurs qui ont trouvé leurs personnages, et pas l'inverse. Rendons-leur grâce : de même qu'on ne marche plus sur une route américaine sans entrevoir « Hackman-Pacino », à jamais fixés dans leur silhouette de ces années-là, il est probable que les « Lopez-Bourdo » s'échapperont difficilement des départementales du pays bigouden. Appelons-les tout de même Paco et Nino, puisque Western le veut ainsi (...)
Le coup de génie de Manuel Poirier, c'est d'avoir trouvé et réuni ces deux acteurs. Fermez les yeux : on peut réellement suivre leurs pérégrinations « à l'oreille ». Et le plus fort, c'est que le choc de leurs intonations étrangères, la musique de leurs deux accents savoureux sur des accords de guitare flamenca, mêlés au cri des mouettes et aux sirènes de bateaux, finissent par ressembler à la Bretagne.
Fermez les yeux encore un peu plus fort : vous sentez l'iode ? On peut bien sûr les rouvrir à n'importe quel moment, avec la certitude que ces deux silhouettes cocasses, dépareillées comme celles de tous les grands couples comiques, et donc si bien ensemble, appartiennent désormais à la lande bretonne. Le reste est histoire de confiance : si l'on vous dit que les aventures sentimentales de ces deux zigotos valent les tours et les détours qu'ils vous imposent, et si l'on ne vous en dit pas plus, c'est qu'il faut toujours préserver la saveur des premières fois. Une scène, cependant : celle du repas, à quatre, avec deux copines du cru.
Parce que Manuel Poirier a une façon unique de faire vivre un quatuor, d'oser des conversations croisées dans un même plan (le repas dans Marion, déjà...), de préférer une absence de regard à un trop-plein de paroles, une cigarette qu'on grille nerveusement, un verre de trop, et, soudain, on n'est plus quatre, on est tout seul. Il faut quand même parler de « la philosophie ». Pour Nino, c'est important : « Ce n'est pas dans ma philosophie de voler des voitures. Je vous ai emprunté votre voiture pour séduire une femme. » Donc, lorsque beaucoup plus tard, les deux copains s'inventeront à des fins de séduction un sondage sur « l'homme idéal », c'est tout naturellement que la question s'imposera : « Aimez-vous qu'un homme fasse preuve de philosophie dans l'existence? »
Et dans l'existence du cinéma, où cela n'est plus très courant, aimez-vous qu'un film fasse preuve de philosophie ? Sachez, en tout cas, que Western ne va pas chercher la sienne au bout du monde. Ce film ressemble à ses personnages : sans passé, peut-être sans futur prestigieux, tout entier à s'inventer un beau présent, où s'assemblent les différences. Alors si Manuel Poirier parfois paresse, ou appuie un peu fortement sur le « message » final, on ne lui en tiendra pas rigueur. Trop heureux de cette généreuse liberté qu'il offre à chacun. Un petit grain de folie souffle sur la Bretagne, et c'est tout le pays qui se sent mieux
Dans ce Western, le réalisateur de La Petite Amie d'Antonio, ... A la Campagne et Marion prend soin de disposer, comme à
Dans ce Western, le réalisateur de La Petite Amie d'Antonio, ... A la Campagne et Marion prend soin de disposer, comme à son habitude, quelques leurres avant d'entrer de plain-pied dans son sujet. Faux réaliste, Manuel Poirier se confirme ainsi comme un cinéaste du faux-semblant, grâce auquel il met en question la pratique de la mise en scène.
Le premier leurre est le titre du film : bien que le décor filmé en Scope soit constitué par l'ouest de la France, la Bretagne, voici belle lurette que cette terre est défrichée, que les autochtones n'y sont plus considérés comme des sauvages, et que le toponyme Finistère a cessé de représenter le bout du monde, au moins depuis qu'on a découvert l'Amérique à son horizon. L'horizon, au sens d'une présence familière mais hors d'atteinte, c'est aussi la place du western dans le film.
Puis l'histoire commence, sur une route, aussitôt balisée par deux autres simulacres. D'abord une fille fait du stop, et le conducteur qui s'arrête a la surprise de voir monter, au lieu de la demoiselle, un type habilement dissimulé (...) Ces fausses pistes donnent sa raison d'être à ce film de route, qui avait besoin d'emprunter ces chemins de traverse pour pouvoir adopter sa forme véritable. Soit, sous le sceau de cette épreuve courtoise, la longue et lente errance de Paco et Nino après des retrouvailles inopinées, dans l'espace-temps suspendu d'une marche de trois semaines sur les routes bretonnes. Soit la reconversion concertée d'un représentant en chaussures et d'un va-nu-pieds en tandem aux semelles de vent. Par quoi le cinéaste se révèle disciple lointain d'un maître très hétérodoxe de la tradition hassidique, Nahman de Bratzlav, qui disait notamment : « Ne demande jamais ton chemin, de crainte de ne pas pouvoir t'égarer. »
La marque du cinéma de Poirier est là : égarer autant qu'il feint de s'égarer, à travers le recouvrement et la prolifération d'un enjeu initial (Lila dans ... A la campagne, l'enfant dans Marion, Marinette dans Western) mis en oeuvre par le déroulement du film.
Commencé sur les chapeaux de roue, Western se met ainsi en apparente roue libre en cours de route sur laquelle les deux héros marcheurs, entre travellings déambulatoires sur le monde et plans fixes frontaux sur la philosophie qu'ils en tirent, se livrent à une véritable expérience de reconnaissance. Sur l'amour et l'amitié, le hasard et la nécessité, l'état de la société et celui du pays (voir le jeu hilarant intitulé « Bonjour la France »), l'exploitation et la solidarité entre les hommes.
Il s'agit donc moins d'un western que d'une oeuvre hybride, qui privilégie le « duel » tel que sédimenté par des types universels. Paco et Nino, c'est à la fois le picaresque emmanché de Don Quichotte et Sancho Pança (la recherche de Dulcinée, la lutte contre les moulins à vent), le scientisme de Bouvard et Pécuchet (le sondage comme méthode de conquête amoureuse, le système D contre les fatalités du sort), le burlesque de Laurel et Hardy (l'union des contraires, la mécanique physique du gag), car on rit beaucoup et avec générosité, ce qui est plus rare, dans ce film. Quant à la morale, ouverte et apaisée de cette fable pluriculturelle (on y entend du russe, de l'espagnol, de l'ivoirien, du breton..., et du français), elle pourrait paraître un rien consensuelle. Elle relève en fait, aujourd'hui plus que jamais, de l'affabulation, en prétendant que chaque homme, où qu'il soit né et où qu'il s'établisse, est chez lui sur cette Terre.
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