Nanni Moretti : "La simplicité de la mise en scène est le contraire de la banalité"
Dans la revue Jeune Cinéma n° 179 [mars 1987], Anne Kieffer s'entretient avec le cinéaste italien. De ses débuts e1
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Alberto Sajevo, professeur à Turin, reconnait en Lisa Venturi, qu'il rencontre par hasard, la terroriste qui avait tenté de le supprimer douze ans plus tôt.
Alberto est professeur à Turin. Il rencontre par hasard Lisa Venturi qui, douze ans plus tôt avait tenté de le supprimer. Lisa a tout oublié de son passé terroriste et affirme n'être qu'une simple employée de bureau. Alberto revoit la jeune femme pour comprendre pourquoi il en avait été un jour la cible... Produit et interprété par Nanni Moretti, le premier film de Mimmo Calopresti évite les pièges du film à thèse et aborde la politique sur le terrain de la complexité des êtres.
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" Le terrorisme a laissé en Italie des séquelles dont les Français ignorent en général l’ampleur. L’homme qui vit avec une balle dans la têt
" Le terrorisme a laissé en Italie des
séquelles dont les Français ignorent en
général l’ampleur. L’homme qui vit avec
une balle dans la tête, tirée par une
jeune femme qui en voulait à sa vie, est
devenu le témoin des errements d’un
temps révolu. Par idéalisme révolutionnaire,
par refus d’ intégration dans la
société bourgeoise, des individus ont
choisi la violence, une violence aveugle
visant abstraitement l’Etat et s’incarnant
concrètement dans la mise à mort d’innocents.
Ce terrorisme de gauche -
Calopresti n’ évoque pas les attentats
perpétrés par les extrémistes de droite -
avait ses idéologues qui aujourd’hui,
publient des livres explicatifs cherchant
avec le recul la justification du mouvement.
Le professeur Sajevo, le héros du
film, est la conscience douloureuse d’un
juste qui cherche à comprendre le pourquoi
de ces gestes, le pourquoi du choix
de sa personne par ceux qui avaient décidé
de l’abattre (...)
... une grande sensibilité
de traitement d’un épisode refoulé de
l’histoire italienne. Mimmo Calopresti a
du talent, et sa manière de filmer Turin
(ville assez peu utilisée par le cinéma), et
le Pô la traversant, montre qu’il maîtrise
la singularité d’un espace et la psychologie
d’un lieu qui porte davantage au silence
et à la réflexion qu’à l’exubérance du
discours. Les zones d’ombre de son film,
les questions laissées en suspens sont le
gage d’un refus de simplification à l’égard
d’une aventure humaine en partie indéchiffrable."
" Alberto est celui qui choisit l’angle (le plus facile comme le plus cruel : la séduction amoureuse), le terrain et le moment d’attaque. Ho
" Alberto est celui qui choisit l’angle
(le plus facile comme le plus cruel : la
séduction amoureuse), le terrain et le
moment d’attaque. Hors de la prison, il
impose son regard, son point de vue sur
Lisa, il met en scène les hasards, maîtrise
les rencontres, tente de reconstituer
le puzzle de ce personnage féminin plutôt
insaisissable (la plupart du temps, Lisa
est en déplacement, en train de marcher,
en bus ou en taxi).
Si le film ne prend pas
parti pour l’un contre l’autre, il faut bien
dire qu’Alberto, en maître de cérémonie,
devient presque haïssable, poussant Lisa
à renoncer au privilège de sa semi-liberté.
A ce petit jeu éminemment cinématographique
des doubles visages et
doubles vies des personnages, les
acteurs aussi dévoilent des facettes
qu’on ne leur connaissait pas (...)
Calopresti filme le présent et préfère
rajouter le poids du passé aux zones
d’ombre des personnages, hors-champ
prégnant souvent évoqué et jamais montré
- sinon fugacement par de vieilles
coupures de presse où l’on aperçoit Lisa
au moment de son procès. On comprend
ainsi pourquoi le film a pu gêner en Italie,
et pourquoi il gênera sans doute en
France (...)
La seconda volta vise
juste en déjouant toutes les attentes,
parvenant à parler du passé sans nostagie,
et cette façon de restituer à une
tranche d’histoire sa dimension irréductible,
absurde - comme la balle dans la
tête de Sajevo - est bien plus dérangeante,
et obsédante, que tous les films qui
tentent d’expliquer et d’expier.
À côté du
cinéma de Moretti, La Seconda volta
ouvre, de manière discrète, une brèche
dans la léthargie du cinéma italien
d’aujourd’hui; autant dire que pour
Mimmo Calopresti, cette première fois
est déjà la bonne."
"... Tout le film glisse subtilement sur ce terrain mouvant entre surgissement du passé politique, solde des comptes personnels et remise à
"... Tout le film glisse subtilement sur ce terrain mouvant entre surgissement du passé politique, solde des comptes personnels et remise à zéro d'une nouvelle relation au présent. La Seconda volta défile mélancoliquement vers une irrésolution du passé terroriste, qui débouchera peut-être sur un présent pacifié. Après le temps des luttes et des masques idéologiques, vient le temps de se reconnaître en tant qu'individus."
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