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Alexandre, grand écrivain, quitte définitivement sa maison. Il y retrouve une lettre qui lui parle d'un jour d'été, il y a trente ans. Palme d'Or Cannes 1998
Le dimanche, la pluie sur Salonique a la couleur du crépuscule. Alexandre, un grand écrivain, s'apprête à quitter définitivement la maison sur la mer où il a toujours vécu. Il retrouve une lettre de sa femme, Anna. Elle lui parle d'un jour d'été, il y a trente ans. Alors, pour Alexandre, commence un étrange voyage où passé et présent vont s'entremêler. En poursuivant les mots chimériques de ses romans, il a laissé échapper les instants de bonheur de sa vie. Ces moments qu'il voudrait faire revenir pour un jour. Pour l'éternité. Palme d'or à Cannes en 1998.
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"Un homme se met en mouvement. Tous les films de Théo Angelopoulos adviennent parce que quelqu’un se met e
"Un homme se met en mouvement. Tous les films de Théo Angelopoulos adviennent parce que quelqu’un se met en mouvement Tout le cinéma d'Angelopoulos, qu’on dit, à tort, statique alors qu’il est pure dynamique, mise en pensée et en forme du mouvement, naît de ce qui anime les corps, de ce qui tend à les freiner ou les stopper, des obstacles qui dévient leurs courses, ou qu’ils percutent, ou sur lesquels ils s’appuient pour un nouvel élan. Ainsi, depuis un demi-siècle, une caméra-cyclotron observe le siècle. Ainsi, L'Eternité et un jour.
L’homme s’appelle, comme souvent dans les films d’Angelopoulos, Alexandre. Mais cette fois, il y a quelque chose de nouveau dans ce geste si souvent accompli, regarder longuement le monde, son monde, se lever, partir. Ce quelque chose de nouveau, c’est la mort. Car Alexandre, écrivain âgé et malade, part pour l’hôpital d’où il sait qu’il ne ressortira pas vivant. La mort, pourtant, a toujours été présente chez l’auteur des Chasseurs et du Voyage à Cythère. Elle était l’horizon de tous ces récits nés sur la terre natale de la tragédie. Elle était la compagne d’histoires d’une nation, la Grèce, qui connut en un demi-siècle la guerre étrangère, la résistance armée, la guerre civile, une dictature militaire, un état de "guerre tiède" sans fin avec le voisin turc, au cœur d’une région, les Balkans, vouée au feu et au sang. Tout ça, le cinéma de Théo Angelopoulos l’a vu et l’a réfléchi.
La mort biologique des hommes et des femmes, la mort de vieillesse, de tristesse, d’exil, mort d’oubli et de renoncement, toutes ces morts aussi hantaient déjà ses films. Là, la mort n’est pas seulement présente, elle est, pour la première fois, la destination. Alexandre s’est levé pour aller mourir, il marche, en toute connaissance de cause, vers sa propre disparition. L'Eternité et un jour serait dès lors, littéralement, une marche funèbre ? Au contraire ! Sa partition est la vie, son énergie naît de la tension entre le caractère banal d’un trajet (fermer la maison, prendre sa voiture, aller à l’hôpital) et sa dimension tragique."
" L'éternité ? Théo Angelopoulos a toujours pris le temps. Le temps qu'il fait et le temps qui passe. Le
" L'éternité ? Théo Angelopoulos a toujours pris le temps. Le temps qu'il fait et le temps qui passe. Le premier est souvent gris, brumeux, pluvieux. Dans son nouveau film aussi, mais pas seulement. Ce temps-là est un temps intérieur, que le cinéaste s'attache à restituer à l'extérieur. Rues d'Athènes au petit matin, silhouettes fantomatiques accrochées aux portes de l'enfer, quais noyés de pluie, mais aussi lumière éblouissante sur une mer d'été. Et puis le temps qui fuit, le temps perdu, le temps gâché. (...)
L'étemité et un jour est un voyage, comme tous les films du cinéaste. Un voyage de la ville à la montagne, de la montagne à la frontière albanaise, de la frontière albanaise à la mer. Un voyage dans le temps également. Le temps d'un poète dont Alexandre voulait terminer l’œuvre, et qui apparaît au bord d'un fleuve. Le temps qui fut le sien, mais qui était aussi, ou aurait dû être, celui de la femme qu'il aimait. (...)
Angeloupolos embrasse d'un même élan présent et passé, Histoire et politique, vie publique et vie privée. Privée de quoi ? De temps sans doute, de respiration peut- être, de ce souffle que le cinéaste donne au film, au rythme de ces amples mouvements, de ces plans-sé- quences ondulants qui sont les expressions les plus évidentes de son style et qui trouvent comme rarement leur pleine mesure. Car chez Angelopoulos comme chez tous les grands, écrivains ou cinéastes, la forme est l'œuvre. Elle atteint ici son absolue plénitude, dans la grisaille d'un monde qui s'enfonce dans la nuit comme dans la lumière aveuglante d'un bonheur dont on n'a pas su saisir l'éclat."
" La beauté formelle, l'émotion sourde, l’ampleur du récit n’ont sans doute guère de v
" La beauté formelle, l'émotion sourde, l’ampleur du récit n’ont sans doute guère de véritable équivalent dans la production contemporaine. Plus intimiste que les précédents, L’Eternité et un jour est peut-être, pour les spectateurs jusqu’ici réticents, l’occasion de s’en persuader. Les autres seront heureux de retrouver ici, entre rêve et réalité, passé et présent, création et action, à l’ombre de la mort annoncée, en une sorte de synthèse de la réflexion politique du Regard d’Ulysse et de la réflexion personnelle de l’Apiculteur, le grand Angelopoulos de toujours..."
Annie Coppermànn, 28/10/1998"Tous les héros d’Angelopoulos se prénomment Alexandre et tous entreprennent une quête. « On part comm
"Tous les héros d’Angelopoulos se prénomment Alexandre et tous entreprennent une quête. « On part comment, pour quoi, pour où ? » se demande le héros du Pas suspendu de la cigogne. Ça ne fait rien : on part. « La première chose que Dieu ait inventée a été le voyage. Ensuite, le doute et la nostalgie », dit un personnage dans Le Regard d’Ulysse. Longtemps, les voyages d’Angelopoulos se sont confondus avec l’histoire de la Grèce. Comment la réapprendre à son peuple, oublieux, désireux d’enterrer le souvenir de la guerre civile, la montée du fascisme.
(...) « L’Histoire ferme parfois la porte, mais continue d’avancer, explique Angelopoulos. Moi, je suis dans une salle d’attente et je guette l’ouverture de la porte. Mais je ne peux l’ouvrir moi-même. L’Histoire avance seule. » Peu à peu, Brecht, la révolte, le collectif se sont effacés pour laisser toute sa place à la quête individuelle. A la différence de tant d’autres cinéastes, Angelopoulos n’est pas désabusé parce qu’il a vieilli. Mais parce qu’il a vu vieillir des idéalistes tentés par le doute. « Le voyage, dit-il aujourd’hui, c’est se connaître mieux. Soi, mais aussi les autres et le monde. Dans la plupart de mes films, je pose la question de la maison. Où trouver l’équilibre entre soi et l’univers ? Moi, je n’en ai pas, de maison. Ou alors ce serait cette voiture conduite par un autre et qui me permettrait de voir défiler le paysage… »
Ce qu’il voit dans L’Eternité et un jour est encore plus bouleversant que dans ses autres films. On était habitués à ces paysages fouettés par la pluie, engorgés de brume. On les retrouve ici, mais entrecoupés de flambées de lumière, évoquant, à la manière de Proust, une recherche du temps perdu. On avait entendu déjà, dans Le Voyage à Cythère, la litanie d’un vieil homme, revenu en Grèce après un exil de trente ans, marchant entre les tombes de ses amis et les appelant par leurs noms. Mais rien à voir avec la douleur du petit garçon, entouré par d’autres « enfants des feux rouges », qui rend un dernier hommage à l’un des leurs, disparu. « Hé, Selim, dommage que tu ne sois pas avec nous, ce soir… Hé, Selim, qu’est-ce qui t’attend là où tu t’en es allé ?… »
Et, bien sûr, on avait admiré, de film en film, la perfection des mouvements de caméra. Les cercles concentriques qui enfermaient en eux-mêmes les héros d’Alexandre le Grand. Les panoramiques qui encerclaient les personnages du Voyage à Cythère. Les longs travellings qui suivaient les deux enfants de Paysage dans le brouillard sur le chemin de l’Allemagne, à la recherche d’un père qui n’existe pas. Mais, outre leur beauté, on ne pouvait pas en ignorer le symbolisme. Parfois appuyé. Angelopoulos affirme ne procéder que par intuition. Certes. Mais tous ces plans- séquences superbes dont ses films sont parsemés apparaissent travaillés, calculés. On songe au plan fixe de plusieurs minutes du Regard d’Ulysse où, de jour de l’an en jour de l’an, le cinéaste résume l’histoire de l’après-guerre, avec son cortège d’arrestations, de perquisitions, de disparitions. Ou encore à la rencontre Mastroianni-Moreau dans Le Pas suspendu de la cigogne. Immense moment de cinéma d’une précision d’orfèvre.
Il y a, évidemment, d’étonnants plans-séquences dans L’Eternité et un jour, mais d’une fluidité telle qu’on les remarque à peine… Dans ce film, tous les thèmes de l’oeuvre d’Angelopoulos sont au rendez-vous : l’exil, la fuite et, bien sûr, la frontière. Celle du Pas suspendu de la cigogne avait une réalité tangible : il filmait un mariage, célébré sur les deux rives d’un fleuve qui séparait la Grèce de l’Albanie ; et dans des wagons arrêtés, des centaines de réfugiés de toutes nationalités nous contemplaient. (Avec ce plan, lors du tournage, Angelopoulos disait : « J’aimerais faire entendre une seule et même histoire contée en langues différentes. »)
(...) L’Eternité et un jour, c’est les Fraises sauvages d’Angelopoulos. Et chez lui, c’est l’apaisement qui frappe, cet apaisement que l’on atteint seulement lorsque les dernières illusions sont enfuies. On rate sa vie. Quelle trace laisse-t-on sur terre, sinon des enfants qui, et c’est normal, renient vos souvenirs parce qu’ils ont les leurs à fabriquer ? Ou alors, si l’on est écrivain célébré, comme Alexandre, des balbutiements couchés sur du papier et destinés à mourir, eux aussi. « Mon seul regret, dit-il, c’est de n’avoir jamais rien terminé. Des mots jetés ici et là, comme une ébauche. »
(...) « Je ne sais pas si vous l’avez remarqué, dit Angelopoulos, dans aucun de mes films il n’y a le mot “fin”. » Au dernier plan de L’Eternité et un jour, une voix murmure : « Alexandre, Alexandre… » Et ce chuchotement est un appel vers un ailleurs que chacun redoute, espère et attend."
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