
Jérôme Reybaud : "Le sexe est surtout un outil de subversion et de révélation mystique"
Le réalisateur de Jours de France explique l'importance du sexe pour son personnage et son rapport avec la solit...
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Au petit matin, Pierre quitte Paul. Il traverse la France sans destination précise, en utilisant Grindr, une application qui recense les occasions de drague...
Au petit matin, Pierre quitte Paul. Au volant de son Alfa Roméo, il traverse la France, ses plaines, ses montagnes, sans destination précise. Pierre utilise Grindr, une application de son téléphone portable qui recense et localise pour lui les occasions de drague. Mais Paul y a recours aussi pour mieux le suivre. Au terme de quatre jours et quatre nuits de rencontres – sexuelles ou non – parviendront-ils à se retrouver ?
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... un voyage sinueux, à la fois intriguant et déroutant (...) De prime abord, le film adopte le rythme d’une ballade spontanée, totalement
... un voyage sinueux, à la fois intriguant et déroutant (...) De prime abord, le film adopte le rythme d’une ballade spontanée, totalement improvisée par la curiosité et l’appétit sexuel de Paul.
Dans cette errance géographique, le film partage une similitude avec la trajectoire d’Homme au bain de Christophe Honoré, et pourrait en constituer un miroir inversé, plus romantique et même moderne dans la mise en scène du réseau de rencontres. Dans le film d’Honoré, deux hommes consommaient une rupture amoureuse par la distanciation, et si l’un profitait d’un voyage pour se reconstruire, l’autre enchaînait les rencontres sexuelles sans lendemain. Jours de France partage une même dichotomie rythmique dans l’évolution des personnages : tandis que Paul explore les limites géographiques de son désir, Pierre reste un premier temps sonné et passif, avant de partir à sa recherche et tenter de le retrouver, également via Grindr.
Pourtant, l’éloignement sert moins ici à évoquer une chronique de rupture que celle d’une renaissance. Jusqu’où doit-on partir pour se réinventer ? Et quelles limites physiques faut-il alors explorer ?
C’est dans ce questionnement central que le film justifie la forme d’un road-movie (...) Jérôme Reybaud ne cesse d’adopter une distance ironique à l’égard de son personnage, comme pour introduire sur sa trajectoire des éléments de surprise et de poétisation. Il est en fait ainsi un personnage doucement malmené par son opportunisme, et qui se laisse porter par les circonstances plutôt que par la recherche des sensations.
Cela passe autant par la beauté de certains paysages, filmés de jour comme de nuit, que par un travail minutieux sur les dialogues, à la forme théâtrale, extrêmement écrite. Cette attention du cinéaste contraste pourtant avec les décors ici filmés : les paysages sont souvent déserts, presque anonymes. Ce sont des zones industrielles, des villages en bordure de route, et chaque passage de Paul est l’occasion de les mettre en avant, d’en bousculer la tranquillité (Paul se fera d’ailleurs à un moment expulser par une riveraine excédée) ou de sortir les habitants du silence.
La trajectoire de Paul fait progressivement corps avec sa transformation affective : les espaces deviennent plus ouverts, plus solaires et les rencontres plus bavardes, à l’inverse de l’obscurité initiale de sa propre introspection. De ces déambulations, l’on retiendra notamment la superbe séquence où Paul et un homme de passage font l’amour sans se toucher ni se voir, à travers le mur mitoyen d’une chambre d’hôtel de périphérie.
(...) Qu’est-ce que Paul cherche exactement à fuir ? Une passion qu’il n’éprouve plus ? Ou qu’il ne vivait qu’à sens unique ? L’absence de justification transforme alors ce voyage en une quête déroutante, presque attachante. Si par moments la géographie de Jours de France rappelle la beauté des espaces visités dans les films d’Alain Guiraudie, la proximité s’éprouve essentiellement avec Rester vertical et le choix de figurer le désir sexuel des personnages comme cet appétit pour parcourir les paysages, mieux dévorer le monde et se retrouver.
Une belle mélancolie plane sur ce premier film, que porte un drôle d'acteur, Pascal Cervo, dont la présence n'est faite que d'absences succe
Une belle mélancolie plane sur ce premier film, que porte un drôle d'acteur, Pascal Cervo, dont la présence n'est faite que d'absences successives. Où le dialogue, très écrit, frappe à la fois par sa crudité et sa délicatesse. Où la mise en scène est aussi élégante que les propos. On est proche du cinéma de Paul Vecchiali — du romanesque à vif — et surtout des cinéastes dont il fut l'inspirateur et le producteur dans les années 1970-80 : Jean-Claude Guiguet (Les Belles Manières), Marie-Claude Treilhou (Simone Barbès ou la vertu), Jacques Davila (Certaines nouvelles).
Jerôme Reybaud filme, en longs travellings, un pays aux paysages changeants, où la lumière solaire se perd, par moments, dans la froidure et les brumes. Et il observe, avec une dérision légère, des solitaires aux pensées mouvantes qui, en temps de crise, semblent confier au hasard le soin de démêler leurs sentiments. Le tout, c'est de le laisser faire : le patron, c'est lui. Il dicte sa loi, mais sans jamais se faire remarquer. En semblant constamment se jouer de ses proies, les égarer dans de fausses pistes, d'étranges zigzags, de mystérieux culs-de-sac. Pour mieux les conduire non là où il veut, mais là où il leur faut aller. Tel un GPS invisible.
C’est le moteur classique du road-movie : partir pour mieux se retrouver. Jours de France fait ainsi de cette escapade en Alpha Romeo le pré
C’est le moteur classique du road-movie : partir pour mieux se retrouver. Jours de France fait ainsi de cette escapade en Alpha Romeo le prétexte attendu d’une attachante galerie de portraits (...) Mais Jérôme Reybaud sait aussi déjouer les clichés du genre. Il injecte notamment un zeste de modernité : l’odyssée existencialo-sexuelle de Nathan obéit au fil aléatoire de ses rendez-vous dégotés sur le site de rencontre homo Grindr, dont le système de géolocalisation permet d’ailleurs à son ex, Paul, de le suivre à la trace.
D’humeur mélancolique, cette traque sentimentale sur fond de musique classique ménage de jolies ruptures comiques, en flirtant parfois avec le surréalisme : les dialogues semblent émaner directement de l’inconscient des protagonistes, sans filtre, façon écriture automatique voire même télépathie. Le parcours « sans désir fixe » de Nathan (et donc ouvert à la rencontre, perméable à l’imprévu) est aussi l’occasion pour Reybaud de livrer une vision singulière de la France dite « périphérique », ce territoire de zones commerciales anonymes, d’hôtels dépeuplés et de ronds-points disgracieux.
Rarement observé autrement que comme un no man’s land séparant deux villes, il trouve ici un regard empathique et ré-enchanteur, sans se lover dans l’angélisme. Beau voyage.
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