Léa Pool : " Je voulais faire un film tendre sur l'adolescence."
VIDEO | 2013, 3' | A la sortie d'Emporte-moi en France, en 1999, Philippe Lagouche a questionné pour le journal La1
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Avoir 13 ans en 1963 et s'éveiller au monde entre un père poète et juif, une mère catholique et éteinte, un frère tendre et une professeur troublante...
Hanna a 13 ans et l'année 1963 sera celle où tout se décide. Entre un père juif apatride, poète tourmenté et inconnu, une mère catholique, fragile et éteinte, un frère aîné tendre et complice, une amie douce et son professeur d'école à la troublante ressemblance avec Nana (Anna Karina dans « Vivre sa vie »), Hanna s'éveille au monde, se cherche et tente de devenir une jeune femme libre et responsable de sa propre vie .
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"... Lea Pool y fait le portrait d'une adolescente des années 60, Hanna, qui, après ses premières règles, s'éveille à une sexualité hors nor
"... Lea Pool y fait le portrait d'une adolescente des années 60, Hanna, qui, après ses premières règles, s'éveille à une sexualité hors norme (homosexualité féminine) et aussi se découvre une grande solidarité avec sa mère. Cette mère est une ouvrière québécoise. Elle a eu deux enfants, un garçon, l'aîné qui est assez sympathique, et une fille, avec un poète juif «apatride» et jamais publié. Le père, lui, est inadapté à sa condition de petit bourgeois pauvre, désespéré. Il n'est donc pas du tout facile à vivre.
Pour se changer les idées, Hanna aime aller au cinéma et rêver. Le grand coup de coeur, elle le ressent pour Vivre sa vie et pour Anna Karina. Si Jean-Luc Godard est ainsi célébré, c'est à voix basse. Nulle virtuosité dans Emporte moi : pour raconter cette chronique sentimentale qui la touche directement, Lea Pool a préféré miser sur un style dépouillé, simple, parfois trop.
Elle a aussi fait confiance aux acteurs et là, elle a eu raison. Karine Vanasse, qui incarne Hanna, est parfaite; la romancière Nancy Huston, qui joue sa prof d'anglais celle qui ressemble à Anna Karina est surprenante de justesse. Et Miki Manojlovic, un des acteurs fétiches d'Emir Kusturica, qui interprète le père, est superbe. C'est même un des paradoxes d'Emporte moi, l'importance du père dans ce film. Lea Pool a voulu célébrer sa mère et l'amour qu'elle lui porte, mais elle se révèle incapable de nous faire entrer dans le monde de cette femme, de nous émouvoir autrement que par compassion. Alors que de son père, elle a dessiné un portrait autrement fort. Nous n'en tirerons aucune conclusion. Il fait bien trop chaud pour se lancer dans la mauvaise psychanalyse."
" ... une histoire dont l'économie narrative (plus de gestes que de paroles, d'actes que de discours) est d'une pudeur appropriée."
" Toute l’esthétique du film s’annonce dès le premier plan, celui de Hanna plongée dans l’eau bleue, en maillot de bain rouge. Le plan suiva
" Toute l’esthétique du film s’annonce dès le premier plan, celui de Hanna plongée dans l’eau bleue, en maillot de bain rouge. Le plan suivant voit la jeune fille de treize ans déambuler avec un sac rouge sur les rochers, et découvrir ses premières règles ; puis les couleurs bleues de la cuisine des grands-parents accentuent encore ce parti pris d’opposition entre des tons chauds associés à Hanna, et des tons froids associés à sa famille et à une société québécoise des années soixante encore marquée par le duplessime.
Cette grammaire permet d’affiner les caractéristiques des différents protagonistes. Si la mère catholique, engoncée dans son manteau vert sur fond de ciel bleu, sombre dans le silence et la maladie, on comprend vite, grâce aux murs marron de la pièce où il tâche de faire œuvre d’écrivain, que le père juif - présenté de prime abord comme autoritaire - est un personnage à plusieurs facettes.
Tout ce qui est associé à la création artistique se rapproche ainsi de l’univers de la jeune fille (en premier heu, les fauteuils rouges du cinéma où elle découvre Vivre sa vie de Jean-Luc Godard). Tandis que l’échec de la brève fugue de Hanna dans le milieu de la prostitution est d’emblée annoncé par la tenue bleue qu’elle porte alors (un rouge à lèvres vif métaphorise cependant la réduction de tout son être à son seul sexe).
Il est sans doute dommage que le renvoi déjà évoqué à Vivre sa vie soit aussi insistant. Godard, dans ce film - l’un de ses meilleurs -, envoyait Anna Karina s’identifier à Falconetti dans La Passion de Jeanne d'Arc de Dreyer, et cette scène unique suffisait à rayonner sur le récit. Léa Pool, en expédiant moult fois Karine Vanasse contempler Anna Karina, finit par stériliser le référent (même si le relais ainsi passé, de génération en génération, entre les trois actrices est bien sûr très émouvant).
Au total, on considérera toutefois cette réserve comme mineure, tant on a d’intérêt à voir un film au langage cinématographique si riche, et capable d’évoquer avec finesse les attirances incestueuses (avec son frère) et homosexuelles (avec son professeur d’anglais, incarnée par l’écrivain Nancy Huston, coscénariste du film, et dont la silhouette est étonnamment proche de celle d’Anna Karina) d’une toute jeune adolescente."
"L'identification, mais aussi la frustration qu'Hanna éprouve à ne pouvoir se glisser dans la peau d'Anna fonctionnent. Hanna se cherche, ép
"L'identification, mais aussi la frustration qu'Hanna éprouve à ne pouvoir se glisser dans la peau d'Anna fonctionnent. Hanna se cherche, éprouve ses sentiments- fille? garçon?- et découvre que désir et dégoût, violence et séduction peuvent se vivre dans le même temps."
"Après une entrée en matière délicate, le film prend un rythme inattendu, porté par ce petit bout de femme (Karine Vanasse) butée et pétilla
" La grande qualité d' Emporte-moi (...) est d'avoir su éviter le côté chromo artificiel de la reconstitution. Léa Pool fait transpirer les
" La grande qualité d' Emporte-moi (...) est d'avoir su éviter le côté chromo artificiel de la reconstitution. Léa Pool fait transpirer les années 60 par des éléments de fond, comme l'identification fantasmée de la jeune héroïne de 13 ans, Hanna, avec la Anna Karina de Godard (...) cette fascination ricoche sur le visage de sa prof de français (...). Entre ces deux miroirs féminins, dans lesquels elle se mire à satiété, Hanna, dont le minois buté coiffé à la garçonne évoque celui de Natalie Wood dans Inside Clover, se cherche et se perd, entre confusions et révolte (...) Karine Vanasse porte le film avec un naturel énergique allant de l'enthousiasme au drame, et l'on se laisse emporter sans grande réticence par la caméra de Léa Pool."
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