
Catherine Clément : "Les dieux parmi nous"
Philosophe et romancière, l'auteur du Voyage de Théo (Seuil, 1998) a vécu cinq années en Inde où les dieux sont...
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Mystère et mystique du sexe. Dans la mythologie grecque, Tiresia fut au cours de sa vie homme puis femme. Et aujourd'hui ? D'autres histoires, toujours Tiresia.
Tiresia, un transsexuel brésilien d'une grande beauté, vit clandestinement avec son frère dans la périphérie parisienne. Terranova, un esthète à la pensée poétique, l'assimile à la rose parfaite et la séquestre pour qu'elle soit sienne...
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"... le film se fonde sur un souhait, presque une folie : croire en un spectateur qui n'aurait pas peur de voyager en lui-même. Un spectate
"... le film se fonde sur un souhait, presque une folie : croire en un spectateur qui n'aurait pas peur de voyager en lui-même. Un spectateur qui accepterait d'aller chercher en lui le premier volcan et qui, pour réussir cette traversée du vortex, céderait sur tout : sur la vraisemblance, sur la ressemblance, sur la logique... En échange, ce spectateur exigerait de Bertrand Bonello une fable à la hauteur de ce sacrifice. Une fable, c'est-à-dire un instant de philosophie intime. Tiresia lui donnera plus encore : il lui offrira la fable et la créature, tout animale, capable de morsures charnelles.
Ce troisième film (...), Bertrand Bonello espérait au départ pouvoir le tourner en Italie (...) C'est à Paris que Tiresia trouvera au final son incarnation : l'histoire s'est juste déplacée, celle d'un petit garçon des favelas devenu un magnifique transsexuel du bois de Boulogne, se promenant la nuit dans les allées de ce jardin des supplices comme s'il en était la plus jolie des épines, le dard dans la fleur, et que repère un homme fou, qui lui demande de le suivre, un homme qui ne connaît d'amour que la possession et qui tiendra Tiresia, hérisson sorti du bois de Boulogne, dans la prison capitonnée de son logement, avant de lui crever les yeux et de l'abandonner là, sur une route (...)
Ce résumé ne dit pas l'essentiel il ne dit pas le bruit du vent dans la seconde partie ni le ballet des voitures des débuts, il ne dit pas la voix éraillée des deux Tiresia ni la détermination passive d'Anna la muette (Célia Catalifo), il ne dit pas la toilette ni la chair mystique, ni le brusque changement d'une actrice androgyne (Clara Choveaux) en un jeune homme féminin (Thiago Telès) et la réapparition d'une même silhouette d'homme (Laurent Lucas) mais cette fois-ci en curé de campagne façon Bernanos... Soit toutes ces choses qui semblent impossibles sur papier et que Bonello a réussies sur l'écran, comme touché par la grâce. Il ne dit pas que trois acteurs vierges de toute image y resplendissent comme de véritables apparitions, visions parmi les visions, et que tout semble advenir avec le naturel d'une coulée de lave sortant du ventre d'un volcan, donc du spectateur lui-même. Il ne dit pas que le destin de Tiresia est celui du Christ, comme celui des transsexuels en Inde ou en Birmanie, à qui l'on accorde des pouvoirs de prédiction, quand eux ne parlent que de dons. Tout cela, il faut le voir pour le croire.
Car, dans sa mise en scène, Tiresia nous dévisage avec la même force de caractère qui fonde son personnage : il se donne mais jamais ne se laisse posséder. Il séduit (on pourrait même dire qu'il sidère, qu'il rend fou) mais à peine encaisse-t-il nos débordements qu'il refuse les louanges dont nous voudrions le couvrir pour s'en aller vers un dénuement mystique. Il est absolument musical, symphonique, mais n'aime rien tant que confronter cette ébullition poétique à un dépouillement qui flirte avec l'ascèse.
Tiresia va ainsi : aveuglant (de beauté) et aveuglé (par nous autres, qui voudrions l'enfermer dans des définitions, des cases). Stylistiquement hermaphrodite, donc pour toujours partagé. Double, ambigu. Pute et saint à la fois. Et incroyablement visionnaire. "
"... un univers aussi personnel que maîtrisé, et qu’on reçoit comme une masse qui s’enfonce, avec le temps, au plus profond de nous (...)
"... un univers aussi personnel que maîtrisé, et qu’on reçoit comme une masse qui s’enfonce, avec le temps, au plus profond de nous (...)
Radicalisant la démarche esthétique à l’œuvre dans ses deux premiers films, Bonello tourne le dos à toute velléité naturaliste. Si le thème de la confusion des sexes résonne de manière très contemporaine, il est aussi une manière de parler de l’humanité, de la manière dont chaque être tente de s’y inscrire en voulant dépasser son destin d’Homme (Tiresia, monstre de perfection, objet sexuel qui deviendra sujet à des visions prophétiques), ou au contraire en s’y abandonnant avec la plus grande attention (Anna, la jeune femme qui le recueille, portée par la nature solaire de Célia Catalifo, sorte d’alter ego du personnage d’Alice Houri dans Le Pornographe.(...) Sombre et carcéral dans sa première partie, Tiresia file ensuite vers la lumière. On y retrouve Laurent Lucas incarnant un autre personnage, pendant que le rôle de Tiresia, jusque-là tenu par Clara Choveaux, est repris par Thiago Telès.
Les ténèbres puis le soleil, un acteur pour deux rôles et deux acteurs pour un rôle: ce jeu de balancier n’a rien d’une posture formelle. Au-delà de l’intelligence de sa mise en scène, Bonello est un cinéaste qui nous invite à nous perdre dans le rythme de ses images et dans des visages que les trouées musicales viennent grandir. Car la grande affaire de son cinéma, ce sont bien ces visages, la façon qu’ils ont de s’inscrire dans le cadre, d’être baignés dans des clairs-obscurs qui expriment à la fois la violence et la douceur de vivre.
De Bonello, on peut dire qu’il est l’un des rares cinéastes - peut-être même le seul - à assumer avec autant de grâce et de singularité l’héritage de Bresson, Eustache et Garrel. La dimension christique de Tiresia, loin de nous éloigner des hommes, nous en rapproche avec une force qui nous rend tout simplement plus présents au monde."
" Un film ambitieux, culotté, risqué, un pur objet de beauté traversé d'images sidérantes et fascinantes. "
" Peu bavard mais avec des dialogues très littéraires, très écrits, nourri de références religieuses, mythiques et artistiques, éclairé et m
" Peu bavard mais avec des dialogues très littéraires, très écrits, nourri de références religieuses, mythiques et artistiques, éclairé et monté avec une sophistication parfois agaçante, mais souvent d'une grande beauté, un peu bressonienne, ce film hors normes sur la dualité, la souffrance, la foi, tient surtout par ses interprètes. Il peut facilement entrainer le rejet. Mais l'exigence, même emphatique, de sa recherche, mérite d'être saluée".
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