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Sur les lieux du génocide du peuple juif, les témoins de l'impensable racontent... L'oeuvre majeure de Claude Lanzmann devenue une référence historique absolue.
Oeuvre majeure de Claude Lanzmann reçue comme un choc par le monde entier, Shoah nous emmène sur les lieux du génocide du peuple juif pour écouter les témoins de l'impensable. Une enquête menée sans document d'archive ni commentaire qui nous fait revivre à travers les témoignages de survivants, de nazis et de villageois voisins des camps, le voyage vers la mort des déportés. Comme l'a écrit Simone de Beauvoir, "malgré toutes nos connaissances, l'affreuse expérience restait à distance de nous. Pour la première fois, nous la vivons dans notre tête, notre coeur, notre chair" # Version numérisée et la restaurée dans sa version intégrale sous la supervision de Caroline Champetier, directrice de la photographie et ancienne assistante caméra sur "Shoah". Cette numérisation en haute définition a permis de restituer dans toutes leurs nuances les visages et les paysages du film. Un subtil travail de restauration a été réalisé de façon à respecter les images d’époque sans les "aseptiser".
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" ... Les voix. Elles racontent; et pendant la plus grande partie du film, elles disent toutes la même chose : l’arrivée des trains, l’ouve
" ... Les voix. Elles racontent; et pendant la plus grande partie du film, elles disent toutes la même chose : l’arrivée des trains, l’ouverture des wagons d’où s’écroulent des cadavres, la soif, l’ignorance trouée de peur, le déshabillage, la désinfection, l'ouverture des chambres à gaz. Mais pas un instant nous n’avons l’impression de redite. D’abord à cause de la différence des voix. Il y a celle, froide, objective - avec à peine au début quelques frémissements d’émotion - dè Franz Suchomel, le SS Unterscharf-führer de Treblinka; c’est lui qui fait l’exposé le plus précis, le plus détaillé de l’extermination de chaque convoi. Il y a la voix un peu troublée de certains Polonais : le conducteur de locomotive que les Allemands soutenaient à là vodka, mais qui supportait mal les, cris des enfants assoiffés; le chef de gare de Sobibor, inquiet du silence tombé soudain sur le camp proche.Mais, souvent, les voix des paysans sont indifférentes ou même un peu goguenardes: Et puis il y à les voix des très rares survivants juifs. Deux ou trois ont conquis une apparente sérénité. Mais beaucoup supportent à peine de parler; leurs voix se brisent, ils fondent en larmes. La concordance de leurs récits ne lasse jamais, au contraire. On pense à la répétition voulue d’un thème musical ou d’un leitmotiv. Car c’est une composition musicale qu’évoque la subtile construction de Shoah avec ses moments où culmine l’horreur, ses paisibles paysages, ses lamentos, ses plages neutres. Et l’ensemble est rythmé par le fracas presque insoutenable des trains qui roulent vers les camps.
Visages. Ils en disent souvent bien plus que des mots. Les paysans polonais affichent de la compassion.. Mais la plupart semblent indifférents, ironiques ou même satisfaits. Les visages des juifs s’accordent avec leurs paroles. Les plus curieux sont les visages allemands. Celui de Franz Suchomel reste impassible, sauf, lorsqu’il chante une chanson à la gloire de Treblinka et que ses yeux s’allument. Mais chez les autres l’expression, gênee, chafouine, dément leurs protestations d’ignorance, d’innocence.Une des grandes habiletés de Claude Lanzmann a été en effet de nous raconter l’Holocauste du point de vue des victimes, mais aussi de celui des « techniciens », qui l’ont rendu possible et qui refusent toute responsabilité. Une des plus caractéristiques, c’est le bureaucrate qui organisait les transports. Les trains spéciaux, explique-t-il, étaient mis à là disposition des groupes qui partaient en excursion ou en vacances et qui payaient demi-tarif. Il ne nie pas que les convois dirigés vers les camps étaient aussi des trains spéciaux. Mais il prétend n’avoir pas su que les camps signifiaient l’extermination. C’était, pensait-il, des camps de travail où les plus faibles mouraient. Sa physionomie gênée, fuyante, le contredit quand il plaide l’ignorance.
Un peu plus tard, l’historien Hilberg nous apprend que les juifs «transférés étaient assimilés à des vacanciers par l’agence de voyages et que les juifs, sans le savoir, autofinançaient leur déportation, puisque la Gestapo la payait avec les biens qu’elle leur avait confisqués.Un autre exemple saisissant du démenti opposé aux mots par un visage, c’est celui d’un des «administrateurs» du ghetto dé Varsovie : il voulait aider le ghetto à survivre, le préserver du typhus, affirme-t-il. Mais aux questions de Claude Lanzmann il répond en balbutiant, ses traits se décomposent, son regard fuit, il est en plein désarroi.
Le montage de Claude Lanzmann n’obéit pas à un ordre chronologique, je dirais - si on peut employer ce mot à propos d’un tel sujet - que c’est une construction poétique. Il faudrait un travail plus poussé que celui-ci pour indiquer les résonances, les symétries, les asymétries, les "harmonies" sur lesquelles elle repose. Ainsi s’explique que le ghetto de Varsovie ne soit décrit qu’à la fin du film, quand nous connaissons déjà l’implacable destin des emmurés. Là non plus le récit n’est pas univoque : c’est une cantate funèbre à plusieurs voix, adroitement entrelacées (...)
La fin du film est, à mes yeux, admirable. Un des rares rescapés de la révolte se retrouve seul au . milieu des ruines. Il dit qu’il connut alors une sorte de sérénité, en pensant : «je suis le dernier des juifs et j’attends les Allemands. » Et aussitôt nous voyons rouler un train, qui emporte une nouvelle cargaison vers les camps.Comme tous les spectateurs, je mêle le passé et le présent. J’ai dit 1 que c’est dans cette confusion que réside le côté miraculeux de Shoah. J’ajoiiterai que jamais je n’âürais imaginé une pareille alliance de l’horreur et de la beauté. Certes, l’une ne sert pas à masquer Pautre, il ne s’agit pas . d’esthétisme : au'contraire, elle la met en lumière avec tant d’invention et de rigueur que nous avons conscience de contempler une grande œuvre. Un pur chef-d’œuvre."
"Oeuvre monumentale, voire oeuvre-monument, Shoah occupe une place à part dans l'historiographie audiovisuelle de l'extermination des juifs
"Oeuvre monumentale, voire oeuvre-monument, Shoah occupe une place à part dans l'historiographie audiovisuelle de l'extermination des juifs d'Europe. Sorti trente ans après Nuit et brouillard, qui façonna durablement l'imaginaire de la déportation, le documentaire-fleuve de Claude Lanzmann fait, depuis trente-cinq ans, figure de référence indépassée. Mais sous l'ampleur intimidante de l'oeuvre, sous l'avalanche de commentaires qu'elle a pu susciter et sous la révérence qu'elle inspire même à ceux qui ne l'ont jamais vue réside un film qu'il convient de (re)découvrir pour en appréhender la valeur intrinsèque.
"(Re)voir aujourd'hui Shoah permet d'apprécier la pertinence de ses principes structurels, dont la radicalité sert un puissant parti pris historique. Exempt d'images d'archives et affranchi du poids de la chronologie, le film de Claude Lanzmann s'ancre dans le présent (celui de la parole comme celui des lieux) pour évoquer un passé effroyable dans ses aspects les plus concrets. Au fil des souvenirs de rescapés, de témoins et d'auxiliaires de la solution finale, il substitue au catéchisme mémoriel la réalité d'une rampe, d'un quai ou d'une cheminée, démasque l'envers funeste d'un herbage ou d'une rangée de conifères plantés à la hâte pour recouvrir les traces d'un charnier... Dégagé de toute sentimentalité, il dessine les contours d'un événement rétif à toute représentation pour en nourrir notre mémoire et ne plus la lâcher."
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