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Margaret Shegel, une jeune femme émancipée, se lie d'amitié avec Ruth Wilcox, héritière d'une prospère famille, entraînant la jalousie du reste de la famille...
L'Angleterre, au début du XXème siècle. Deux sœurs, Margaret et Helen Schlegel, émancipées, font connaissance d'une famille prospère et conventionnelle, les Wilcox. Margaret se lie d'amitié avec la mère de famille, Ruth Wilcox. Celle-ci, amoureuse de sa maison de Howards End, fait un testament en faveur de Margaret, lui laissant la maison. Le reste du clan familial va alors se liguer pour empêcher le legs, en commençant par n'en rien dire à Margaret... Dernière des trois (magnifiques) adaptations des romans de Forster (après "Chambre avec vue" et "Maurice) par James Ivory, un tableau cruel et lucide de la société anglaise mais aussi une profonde étude de caractères. Grand Prix du 45e anniversaire du Festival de Cannes 1992 et trois Oscars 1993 : Meilleure actrice pour Emma Thompson, Meilleure adaptation et Meilleurs décors.
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" Si les petits riens et les grands drames, la fausse douceur et les vraies violences, l'ironie feutrée et le désesp
" Si les petits riens et les grands drames, la fausse douceur et les vraies violences, l'ironie feutrée et le désespoir rentré, bref, si le malheur anglais n'est pas votre tasse de thé, n'allez pas à Howards End. Ni avec E.M. Forster ni avec James Ivory. En trois films Chambre avec vue, Maurice, Retour à Howards End, le cinéaste a en effet si bien su épouser l'univers de l'écrivain qu'on serait aujourd'hui bien en peine de rendre à Forster ce qui appartient à Ivory, et réciproquement. Pour cette raison, Retour à Howards End, comme ses deux précédents films, subjugue d'abord par son apparente modestie : le cinéaste s'efface derrière un minutieux travail d'adaptation.
La méthode Ivory est d'abord celle d'une équipe scénariste, chef opérateur, musicien, décorateurs reconduite de film en film. Travail artisanal, méticuleux, scrupuleux. Très britannique ! Ce qui est d'une ironie paradoxale si l'on considère que cette recréation de l'Angleterre edwardienne est le fait d'un trio cosmopolite : un réalisateur né en Californie, une scénariste, Ruth Prawer Jhabvala, née en Allemagne, et un producteur, Ismaïl Merchant, né en Inde. Retour à Howards End, donc. Un baiser ou comment s'en débarrasser ! Dans Chambre avec vue, la cousine Bartlett, on s'en souvient, rapatriait précipitamment la jeune Lucy Honeychurch, victime d'un libre-penseur audacieux. Ici, c'est la tante Juley qui se charge de ramener au bercail Helen Schlegel : l'étourdie a défailli dans les bras de Paul Wilcox, jeune homme de très bonne famille, certes, mais de nature aventurière.
Comme toujours chez Forster, la fatalité géographique (l'Angleterre est une île) se charge de réunir ce que les chaperons ont tenté de séparer : et voilà pourquoi, de retour d'Howards End, la famille Wilcox emménage en face de la demeure londonienne des soeurs Schlegel, d'origine allemande, comme leur nom l'indique. N'allez pas croire pour autant que le destin soit en Angleterre une chose simple : Helen ne veut plus entendre parler des Wilcox. C'est par le biais de l'aînée, Margaret, que le sort des Schlegel se trouve de nouveau lié à celui des Wilcox. L'amitié de Margaret pour Madame Wilcox (Vanessa Redgrave), puis la mort de cette dernière, entraînent les deux familles dans un tourbillon effréné dont personne ne sortira indemne.
Chambre avec vue avait la légèreté inconséquente des idylles de jeunesse. Maurice avait la gravité douloureuse d'une oeuvre intime. Les deux intrigues se résolvaient simplement, autour de deux ou trois personnages, et sans rebondissements intempestifs. Foisonnant, bouillonnant, brossant et brassant allégrement portraits psychologiques, tableaux de moeurs et peinture sociale, Retour à Howards End est d'un caractère autrement trempé.
L'oeuvre est de même nature que Margaret : assumant ses contradictions avec vaillance, portant le poids d'aspirations diverses sans jamais rien renier de ses valeurs essentielles. C'est d'ailleurs ce qui rend Margaret si émouvante : elles sont héroïques, pathétiques, ses tentatives désespérées pour concilier l'humanisme des Schlegel et le matérialisme des Wilcox, l'idéalisme allemand et le pragmatisme anglais, la généreuse révolte de sa jeune soeur et l'égoïsme borné de son futur mari. Ces contradictions, James Ivory les reprend à son compte, à bras-le-corps, et les résout par l'ampleur d'une mise en scène orchestrale.
D'accélérations fulgurantes en ruptures brutales, il joue sur tous les tempos d'une symphonie humaine (...) En quelques plans, quelques mesures, sans le moindre discours, Ivory a tout dit : le violent chassé-croisé des intrigues, des caractères, des classes sociales. « Le cinéma densifie la vie », disait Truffaut. Ivory réussit, lui, le tour de force de densifier l'écrit."
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