
Antoine Cuypers : "Il fallait respecter toute la complexité d'un conflit"
VIDEO | 2016, 26' | Avec Préjudice, Antoine Cuypers signe un premier long-métrage saisissant sur les rappo...
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Entre non-dits et paranoïa, révolte et faux-semblants, jusqu'où une famille peut-elle aller pour préserver son équilibre ?
Lors d’un repas de famille, Cédric, la trentaine, vivant toujours chez ses parents, apprend que sa soeur attend un enfant. Alors que tout le monde se réjouit de cette nouvelle, elle provoque chez lui un ressentiment qui va se transformer en fureur. Il tente alors d’établir, aux yeux des autres, le préjudice dont il se sent victime depuis toujours. Entre non-dits et paranoïa, révolte et faux-semblants, jusqu’où une famille peut-elle aller pour préserver son équilibre ?
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" Ce film-là est exceptionnel. Il l’est parce que son duo d’acteurs est merveilleusement accordé. Thomas Blanchard, que l’on avait pu voir,
" Ce film-là est exceptionnel. Il l’est parce que son duo d’acteurs est merveilleusement accordé. Thomas Blanchard, que l’on avait pu voir, entre autres, dans Deux automnes trois hivers, de Sébastien Betbeder, construit un personnage unique et déconcertant, dont on ne cesse de confondre forces et faiblesses, que l’on voudrait chérir sans y parvenir mieux que ceux qui se nomment ses proches. Nathalie Baye est au-delà de la description. Absolument crédible et parfaitement indéchiffrable. Il y a une Médée en elle, un monstre dont on ne s’étonnerait guère qu’elle saigne toute sa famille à coups de couteaux à table – mais avec à peine d’éclats dans la voix, presque tout dans les yeux.
Ils parlent au milieu de la cacophonie sans qu’on les comprenne, et dans le fond, ne se parlent que l’un à l’autre, l’un pour l’autre. Parce qu’eux seuls ont les clefs de ce langage, et de la tragédie familiale dont tous souffrent, ils n’ont que l’autre pour faire barrage à la solitude, même dans la haine : c’est leur tragédie dans la tragédie, leur surcroît de fardeau dans la chute – et sans cesse pourtant, cela pourrait ressembler, ressemble, à de l’amour."
" Face à [Cédric], chacun semble jouer un rôle. Cette part de théâtre distingue Préjudice du Festen de Thomas Vinterberg, auquel on pense fo
" Face à [Cédric], chacun semble jouer un rôle. Cette part de théâtre distingue Préjudice du Festen de Thomas Vinterberg, auquel on pense forcément. Pas de naturalisme ni de lourd secret de famille dans le psychodrame en huis clos du jeune Antoine Cuypers. La mise en scène est froide, la violence, insidieuse. Si Cédric apparaît comme une victime, il exerce aussi une forme de tyrannie. Dans ce foyer de névroses complémentaires, le cinéaste brouille les pistes, confond innocents et coupables, gentils et méchants. Au risque, parfois, de s'enferrer dans une dialectique un peu vaine, ainsi que dans un certain formalisme.
Le film y échappe grâce à son atmosphère, au bord de la réalité. Et à la liberté accordée aux comédiens. Le chanteur Arno surprend en père bourru, faible mais tendre. Thomas Blanchard, acteur trop rare (Memory Lane, de Mikhael Hers), apporte beaucoup d'intensité à son rôle pourtant risqué. Enfin, il y a Nathalie Baye, mère aimante et castratrice, soyeuse, infiniment cruelle."
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