
Mike Leigh : " Ce n'est pas le type de film qui naît d'une idée"
VIDEO | 2008, 7' | Plus qu'une vision réaliste de l'Angleterre, c'est une fable tragi-comique que propose Mike L...
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Johnny le clochard fait l'amour avec Sophie, brûlée par la drogue, et refait le monde avec un veilleur de nuit. Mais la réalité laisse nus poètes et vagabonds.
Johnny le clochard fait l'amour avec Sophie, brûlée par la drogue, et refait le monde avec un prolo veilleur de nuit. Dur réveil. La réalité de la société (anglaise, capitaliste, brutale) laisse nus les poètes et les vagabonds... "J’éprouve vis à vis de "Naked" des sentiments aussi ambivalents que ceux que je ressens envers le chaos de notre siècle finissante, dit le cinéaste. Aussi ambivalents que le film lui-même. Un film que j’ai souhaité aussi drôle que triste, aussi hideux que beau, plein de compassion autant que d’horreur, aussi responsable qu’anarchique." Double prix au Festival de Cannes 1993 : Meilleure mise en scène et Meilleure Interprétation masculine pour David Thewlis.
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Mike Leigh est sans doute le plus authentique auteur du cinéma britannique contemporain. D’une clairvoyance inouïe sur le monde, fût-il e
Mike Leigh est sans doute le plus authentique auteur du cinéma britannique contemporain. D’une clairvoyance inouïe sur le monde, fût-il entièrement détraqué et peuplé d’individus solitaires et cassés, Naked est le film le mieux pensé, écrit, joué, fabriqué que l’Angleterre nous ait envoyé depuis beau temps. Surtout, au-delà du traditionnel savoir-faire social du cinéma british, Naked relève d’un véritable projet artistique: entre auscultation hyperréaliste et prophétisme glacé, l’Apocalypse que nous annonce Mike Leigh est déjà bien engagée et ce n’est pas le moindre mérite de son film que de nous la rendre à ce point palpable, concrète et franche. Une rigueur folle de la mise en scène, une exigence terrible basculée sur le dos des acteurs qui s’en sortent tous remarquablement, un souci aigu du dialogue : tels sont les ingrédients principaux de la méthode Leigh. S’y ajoute cependant un ton, une façon de regarder la modernité en face qui séduit autant qu’elle effraie. Petit traité sur la hideur du monde, Naked ne ressemble pas à sort sujet. Film retenu sur un univers débraillé, œuvre théorique sur un désespoir pratique, construction raffinée sur la ruine, Naked ne peut progresser qu’au prix d’une distanciation appuyée, aux confins du ballet tragique et de la discipline picturale: le nucomme exercice, entre Pina Bausch et Francis Bacon. [...]
Ainsi est fait Naked: ses plus beaux moments sont aussi les plus drôles et, partant, les plus cruels, le film atteignant l’apogée de son bonheur dans la désespérément drôle séquence où Johnny se dépêtre comme il peut d’un jeune couple d’Ecossais affreux, décervelés et plus damnés que lui, en passe de perdre ce à quoi il attache, le plus d’importance, le langage. A crever de rire, en effet. Mais qui rit, exactement?
En plaçant au cœur de son film les grandes idées et les grands thèmes du cinéma moderne, en montrant, pour la première fois si justement, dans quel océan délabré surnagent les rapports entre les hommes et les femmes (sodo, violence, sado-masochisme: une fébrilité jusqu’au sang subie sans questions), en brouillant les clichés de l’ange rim- baldien et destroy indécidablement franc salaud ou homme trop franc, Mike Leigh a réalisé un film paradoxal et beau, ingrat de cœur et de visage comme son héros, et pourtant impressionnant et utile, parce qu’il fait remonter à la surface de notre aujourd’hui un spasme essentiel, une contracture amère mais vertueuse.
" Un petit chef-d'œuvre délabré et salubre."
" L'une des grandes réussites de Mike Leigh, c'est de jouer ainsi sur la voix de ses comédiens, comme autant d'instruments bizarres, incongr
" L'une des grandes réussites de Mike Leigh, c'est de jouer ainsi sur la voix de ses comédiens, comme autant d'instruments bizarres, incongrus et apparemment ridicules. Sauf que le ridicule, chez Mike Leigh, est un masque, une apparence, un piège dans lequel le spectateur doit se garder de tomber. Le ridicule, chez Mike Leigh, ne sert, en définitive, qu'à faire triompher doucement, sensiblement, l'insoutenable force de la vérité des êtres (...)
Des mots qui volent. La voix de canard de Johnny qui se fait encore plus aiguë, plus rosse, celle du veilleur de nuit qui devient de plus en plus lente, de plus en plus fatiguée. Duel. Duel burlesque et tragique où un chômeur, revenu de tout, fait découvrir à un travailleur, qui n'y croit pas vraiment, ce qu'il est. Utilisé, certes, mais inutile. Et puis, lorsque tout pourrait devenir insoutenable, Mike Leigh rompt son plan fixe. En un lent mouvement, la caméra se rapproche des deux orateurs, l'un déjà vaincu et l'autre qui n'aurait pas voulu vaincre, pour mieux les contempler dans leur dénuement et leur solitude. Tout Mike Leigh est là, avec son ironie et sa tendresse, sa férocité et sa drôlerie."
"...contrairement aux apparences, Naked n'est pas vraiment un film naturaliste où le contexte, l''environnement immédiat, font ou défont un
"...contrairement aux apparences, Naked n'est pas vraiment un film naturaliste où le contexte, l''environnement immédiat, font ou défont un individu et l'expliquent. Les intérieurs minables, les quartiers délabrés, les ruelles puantes, rien de tout cela n'a d''influence sur Johnny, véritable force transcendante qui vivrait à l'identique dans un espace vide et un décor clean.
Il est ailleurs, dans un autre temps, en quête d'absolu. Mû par une force inépuisable, incontrôlable, atemporelle, qui le jette dehors, travaillé au corps par une pulsion proprement cinématographique, le mouvement, il ne tient pas en place et déborde sans cesse du cadre, seulement apaisé par l'agitation des autres. Il est comme le film tout entier qui essaie de capter quelque chose des flux humains du monde.
Mike Leigh montre bien que l'égoïsme de son personnage débouche paradoxalement sur un vrai altruisme. Johnny est du tissu social vivant. Il se nourrit de rencontres, recrée un lien provisoire avec des figures solitaires, provoque le débat, répond quand on l'interroge, espèce de Socrate nouvelle formule (...) En somme, il est utile à un système qui lui est inutile. Exactement l'opposé de l'autre personnage masculin du film, le seul auquel Johnny ne parlera pas, ce golden boy ultra violent, incarnation du Mal (la Porsche noire) que la société tolère, mieux, dont elle accepte les valeurs (individualisme, narcissisme, darwinisme social)..."
Il ne faut pas chercher de nudité au sens propre du terme dans le film de Mike Leigh (naked = nu), même s’il y a quelques scènes de sexe pl
Il ne faut pas chercher de nudité au sens propre du terme dans le film de Mike Leigh (naked = nu), même s’il y a quelques scènes de sexe plus dérangeantes et provocantes que dans la moyenne des films. La nudité est celle des personnages et surtout celle de Johny. Celui-ci déambule sans réelles attaches dans une Angleterre nocturne et froide (Manchester au début et Londres surtout). Sans travail, sans domicile, sans famille, il est devenu une sorte de vagabond qui promène son regard ironique son verbe violent, sa démarche incertaine. Son intelligence acérée comme une lame le conduit à faire voler en éclats tout le monde d’apparences dans lequel il évolue.
Les quelques rapports « humains » qu’il entretient ne font qu’exacerber cette douleur existentielle. Avec Sophie la droguée (extraordinaire composition de la regrettée Katrin Cartlidge), l’amour se fait combat. Avec le veilleur de nuit d’un immeuble de bureau qui le laisse entrer dans la nuit, il se livre à une discussion métaphysique désespérée et éblouissante de lucidité. A la fin du film, il est laissé à moitié inconscient après une altercation. Quand il se relève, il avance en titubant le long de la ligne blanche de la chaussée en un ballet désarticulé qui en fait une sorte de pantin suspendu entre la vie et la mort. Le jeu de Davis Thewlis atteint alors des sommets (un prix d’interprétation à Cannes largement mérité).
La mise en scène de Mike Leigh tient de l’épure. La lumière, le décor, la sensation de l’espace et du temps, tout contribue à faire de Naked une œuvre à nulle autre pareille. Douloureuse, certes, mais dense et belle dans sa pureté. Prix de la mise en scène indiscutable en 1993 à Cannes. Le film suivant de Mike Leigh, Secrets et mensonges (1996) lui vaudra la Palme d’Or.
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