
Gérard Blain, de père en fils
VIDEO | 2013, 10' | Ne manquez pas la rétrospective de ses films au Festival d'Amiens, du 8 au 16 novembre. Voil...
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Mouchette vit à la campagne entre ses parents miséreux. Un soir, elle assiste à une dispute entre le garde-champêtre et un braconnier qui la suit.
Mouchette vit une enfance difficile entre sa mère malade et son père alcoolique. Témoin d'une dispute entre le garde-champêtre et un braconnier. Un peu plus tard dans la nuit, le braconnier qu'elle a pris en pitié la viole.Humiliée à l'école, dans le village, à la maison et jusque par les personnes bien-pensantes, l'adolescente entre en révolte contre tout le monde.
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" «Un regard farouche de méfiance et de ruse », nous dit Bernanos : c’est autour de ce regard, le regard de Mouchette, que s'organise le fi
" «Un regard farouche de méfiance et de ruse », nous dit Bernanos : c’est autour de ce regard, le regard de Mouchette, que s'organise le film de Robert Bresson.
Robert Bresson a changé l’époque et la région, modernisé le cadre et bouleversé la chronologie du roman de Bernanos. Il lui est cependant resté d’une totale fidélité. (...) Tous deux s’attachent au clair-obscur de la conscience, aux clandestinités de l’âme, à ces êtres dont l’innocence est un défi et qui grandissent purs sous le soleil de Satan. Gaëtan Picon remarque justement que, pour Bernanos, « le mal n’est pas la sensibilité, la violence, il est l’intelligence sans amour, la parole sans charité... Et il est la fatalité de la solitude ». On ne saurait mieux définir la morale bressonnienne. (...)
Jamais [Bresson] n’avait atteint cette sensibilité frémissante ni cette confondante simplicité. Avec lui, l’écran cesse d’être une toile blanche pour voyeurs gloutons : c’est une fenêtre grande ouverte sur les ombres palpitantes de la vie. Un bol qu’on remplit au matin de café chaud, deux verres sèchement reposés et qui claquent sur un comptoir, un biberon glissé dans un corsage pour le tiédir cessent d’être des accessoires, des images, pour retrouver leur vertu poétique d’objets réels, concrets, à portée de main. Nous partageons littéralement la vie muette, hargneuse, exigeante, de Mouchette. Déjouant à force de tendresse pudique les pièges du misérabilisme paysan, Bresson fait secrètement vibrer, aux frontières de la conscience, de poignants désespoirs. Une enfant-femme vit, souffre, meurt. L'espace d’un matin. Le temps d’un chef-d’œuvre."
" Bresson doute de la parole des mots, des phrases et de leur entraînement. Il se refuse à toute forme d’échange qui ne sort rigoureusement
" Bresson doute de la parole des mots, des phrases et de leur entraînement. Il se refuse à toute forme d’échange qui ne sort rigoureusement, essentiellement, vraie. Le jeu des comédiens lui paraît inadmissible, il n'y voit que grimaces, fausseté. Avant tout, il se préoccupe de l'incommunicable, de l'indicible, de ce qui passe soudain dans un regard, dans un geste, surpris. C’est pourquoi il s’est forgé un nouveau, langage, le cinématographe, le seul qui à ses yeux, ne trompe pas puisqu’il est fondé sur des relations informulables. Langage des corps, langage des mains, des yeux.
La parole importe moins que la voix, seule révélatrice de l’être. Les rapports mêmes qui s’établissent entre l'auteur et son personnage (il dit aujourd'hui "modèles") entre les personnages, entre l’auteur et le spectateur, sont de même nature. "Je m'approche de mes modèles, dit Bresson, comme de vases contenant un trésor très précieux" ou bien encore "Mes modèles, je m'éclaire de leur lumière et ils s'éclairent de la mienne."
Ecrire, filmer, peindre, en somme, ne sont pas pour Bresson un moyen, mais une fin. "J'ai juré de vous émouvoir d’amitié ou de colère, qu’importe !" disait Bernanos. Pour Bresson il ne s’agit ni d'amitié, ni de colère, mais du simple passage, impossible et cependant fatal, d’une conscience à une autre conscience, d’une âme à une âme. Et toute l’émotion du monde est bien dans ce passage."
Mouchette prolonge Au hasard Balthazar comme un épilogue rageur: l'âne est mort (tué), la fillette mourra (suicidée). Livrée à elle-même
Mouchette prolonge Au hasard Balthazar comme un épilogue rageur: l'âne est mort (tué), la fillette mourra (suicidée). Livrée à elle-même le père imbécile, la mère mourante qui se soulage au genièvre, Mouchette déteste ce qui l'entoure: le village, l'école et les chansons de l'institutrice («Espérez sans espérance», beau programme), les vieilles pies derrière leur rideau. Mouchette paraît une enterrée vivante au milieu de la foule nombreuse des morts, prise au piège d'un univers incroyablement noir, sinistre, décharné et calamiteux.
Le système esthétique de Bresson est trop connu pour ne pas réclamer qu'on en vérifie régulièrement la pratique à l'image. Dix ans après son dernier film, l'Argent, son radicalisme austère ne laisse pas encore d'agir et d'impressionner: l'inexpressivité obtenue sous la menace d'un nombre de prises incalculable, la maniaquerie légendaire dans la mise en place du moindre plan (cinq heures pour filmer un verre d'eau), tout cela demeure et se ressent comme un absolu qui ne vieillit pas. Mais des distorsions ont pu aussi apparaître telles par exemple les fameuses voix tendues et blanches, véritable machine de guerre à l'époque contre l'emphase et le pathétique de la diction théâtrale, et qui ont depuis, disons Duras (mise en scène par le sépulcral Claude Régy), réinvesti la scène sous des formes équivalentes.
La stupéfiante fulgurance formelle de ces deux films (...) rappelle Hitchcock. Les enchaînements chez Bresson sont toujours inattendus, il faut suivre ses films plan par plan sans rien anticiper. De fait, les coups qu'il porte ont un impact d'autant plus fort qu'on ne les a pas vus venir: une épicière accueillante et consolatrice finit sa scène en harpie, un garde-chasse qu'on croyait assassiné depuis une heure sort tranquillement de chez lui, ou encore Mouchette, jusqu'alors muette devant son père, qui lâche excédée avant de claquer la porte: «Merde.»
Une hyperacuité physique Il y a bien sûr chez Bresson le catho qui ne lésine pas sur l'acharnement contre la vie, ici désherbée avec une cruauté méthodique, avec en sous-entendu la promesse d'un bonheur hors-champ et supra-terrestre. Et il n'est pas interdit, une fois le prie-dieu remisé, de trouver la leçon un peu aigre et vieille France.
Mais reste l'artiste et sa manière incomparable de vider les choses de leur substance, et par des cadrages, la lumière et le montage, d'en restituer la part la plus sensuelle: le lait qui coule, la pluie, les bruits de portes, les moteurs, la peau ou les arbres. Bresson développe à l'oeil, à l'oreille et quasiment au toucher, une hyperacuité physique. Alors, on ne voit plus seulement le sujet (le versant chemin de croix) mais une sculpture en relief de matières disparates, un foutoir à peine filtré qui tient d'un bloc. Comme par miracle
"Tourné à Apt, dans le Vaucluse, Mouchette n’a gardé de la Provence ni ses champs de lavande, ni ses chants de cigales. Indifférent aux mode
"Tourné à Apt, dans le Vaucluse, Mouchette n’a gardé de la Provence ni ses champs de lavande, ni ses chants de cigales. Indifférent aux modes, Bresson suit, plan rapproché après plan rapproché, cette adolescente boudeuse, dont il détaille chaque geste. Il révèle ainsi la tragédie des pauvres qui ne sentent pas le ciel peser au-dessus d’eux. Dans la première séquence de braconnage, anthologique, chacun des gestes du chasseur ajustant silencieusement ses collets est composé au millimètre. Quand Bresson filme les mains meurtrières en gros plan, il prend soin de placer sa caméra à la hauteur du cœur. Toute la mise en scène de Mouchette suit ce schéma de révélation subtile, de traque intime. Le ciel reste invisible tout au long du film, jusqu’à cette question foudroyante : "Et toi, Mouchette, as-tu jamais pensé à la mort ?" Quand Bresson adapte un roman, il ne raconte pas une histoire, il adopte un esprit : c’est là qu’est la leçon de mise en scène du film. Bernanos s’est lancé dans l’écriture de La Nouvelle Histoire de Mouchette en pleine guerre d’Espagne. En 1937, depuis Palma de Majorque, il évoque dans sa correspondance la tragédie dont il est le spectateur, "l’impossibilité qu’ont les pauvres gens de comprendre où leur vie est engagée". C’est cette tragédie-là que Bresson traduit en gestes clairs. Magistral."
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