Soliste violoncelliste, Petr est invité avec sa fiancée chez un ancien ami du conservatoire devenu directeur. Retrouvailles joyeuses... mais décalage immédiat.
Petr et Bambas sont d’anciens camarades de conservatoire, et amis. Petr, aujourd’hui soliste violoncelliste installé à Prague, vient donner un concert dans la ville de province où Bambas, directeur d’une école de musique, l’a invité pour compléter l’orchestre local. Petr est accompagné de sa jeune amie, Bambas les accueille dans sa maison, où il vit avec avec sa femme, ses enfants et … ses beaux-parents. Les retrouvailles sont joyeuses et fébriles, et le décalage… immédiat.
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" Le scénario adopte très souvent le ton des romans intimistes où le moindre détail prend d'éno
" Le scénario adopte très souvent le ton des romans intimistes où le moindre détail prend d'énormes dimensions. On croirait, toutes proportions gardées, lire du Proust à qui quatre pages ne suffisent pas pour décrire un tout petit déjeuner familial. Et sous cet « Eclairage intime » fort chaleureux, nous voyons la vie comme elle va. On s'étonne même de pouvoir se passionner pour ces gens dont la caméra viole quasiment l'intimité. On rit avec eux, on s'émeut de leurs désirs, on souffre de leurs embarras. Tout est si normal, si vrai, si poétique au sens noble du mot. Aucune caricature.
Ivan Passer, pour son premier film nous propose une oeuvre belle et chaude, une comédie certes, mais douce-amère.Le plus curieux est que cette « tranche de vie » réussit à nous faire rire, par son ironie, comme ces miroirs qu'on nous tend parfois, sous une lumière crue. Noire propre visage y apparaît tellement bizarre qu'on est pris de fou-rire."
" ... une galerie d'individus campés avec un sens très rare du détail psychologique et du geste rév&ea
" ... une galerie d'individus campés avec un sens très rare du détail psychologique et du geste révélateur. Ivan Passer pousse, plus loin que Forman et Schorm la dé-dramatisa-tion, grâce à une composition divergente, pulvérisant toute action centrale. Les Amours d'une blonde ou Du courage pour chaque jour procèdent, eux aussi, à une dislocation du récit en juxtaposant, par montage abrupt; les différents morceaux de la vie de l'héroïne ou du héros, et suggérant par là même' son émiettement, son découragement Mais cette « explosion » garde l'héroïne ou le héros pour centre, et l'on peut croire qu'à la fin la blonde de Forman ou l'ouvrier de Schorm rassemble ses morceaux. Dans Eclairage intime, l'émiettement s'accroît d'une dispersion entre les différent individus, dont l'individualité compte d'abord.
Toute la place est laissée aux petites choses, aux petits faits qui contribuent à renforcer leur individualisation. Description dont le décousu est rendu lisible par la construction «éclatée» des séquences. Conséquence : voilà un admirable film sans finalité évidente. La portée politique n'y est pas absente, elle est enfouie. Ivan Passer montre. Il ne démontre pas."
" C'est un petit film de rien du tout, mais que vous allez vous empresser de ne pas manquer. Un film en cotillon court et soulier
" C'est un petit film de rien du tout, mais que vous allez vous empresser de ne pas manquer.
Un film en cotillon court et souliers plats, cousu de banalités, mais qui révèle chez celui qui l'a réalise, a parts égales, un sens impitoyable de l'observation, de l'humour et une bonne tendresse pour l'homme moyen, ses vices, ses ridicules et ses bonheurs quotidiens. Ivan Passer, le réalisateur, a d'ailleurs été à bonne école : assistant de Milos Forman, tête de liste actuelle du cinema tchèque pour ses deux meilleurs films, Les Amours d'une blonde et L'As de pique, il a découvert — ou approfondi — à ses côtés les charmes du ton grisaille, appris que les riens, les gestes les plus vides par l'habitude, les experiences les plus mornes sont ceux qui trahissent le mieux leur homme, ses désirs et ses peurs cachés.
Eclairage intime, comme les gens heureux, ou discrètement malheureux, n'a, bien entendu, pas d'histoire, rien qu'une trame légère ou la vie suspend ses saynetes... Une ville de Bohème. Un homme vient, y voit un autre, son ami d'enfance. Celui-ci est installé dans un bonheur tranquille et un peu collant, avec femme, enfants, beaux-parents, petite maison, petite voiture, petits ennuis.
L'ami, qui vient le voir, n'a encore qu'une fiancée, jolie, jeunette et délurée, mais il semble bien qu'il ait, lui aussi, là-bas, à Prague, ou il habite, son lot de petites choses désagreables ou mesquines qui donnent a la vie cette couleur indéfinissable et vaguement triste.A dire vrai, ce n'est pas vraiment de la tristesse qu'ils éprouvent l'un et l'autre, c'est plutot là, du côté du coeur, comme un pincement furtif, le son fuyant et étouffé d'un petit accord désenchanté. On a dû faire ensemble, du temps où on etait jeune, des rêves superbes que le temps a décolorés. Aucun des deux n'avouera franchement sa déception, on rira même très fort pour se persuader que tout cela n'a pas d'importance, mais le rire accusera toujours une discrète fêlure par ou la joie de vivre s'épuise goutte a goutte.
Mais qu'importe la vie, après tout, puisqu'on a la musique. Ah ! la musique ! Passé le Rhin, vous le savez, la musique console de tout. Le praguois a apporté son violoncelle, l'ami d'enfance et son beau-père jouent du piston (dans les enterrements) et du violon (dans les concerts locaux), et le phar-macien en retraite a un bel archet de soliste. Alors on joue, on répète, on rejoue. Et, quand on ne joue pas, on parle musique. Voilà, c'est tout. Eclairage intime, comme son titre le dit, n'est rien d'autre que cette molle succession d'accords des instruments, des mots, des (...) douces... mezzo voce.
De temps a autre, un forte, toujours comique : c'est la scène extraordinaire de la répartition, à table, des cuisses du poulet, et le fou rire que prend alors la jeune fiancée, obligée de quitter la pièce, cassée de hoquets, merveilleux fou rire, l'un des plus contagieux du cinéma ; c'est aussi la scène de l'enterrement, grave et naïf, dans la campagne au temps des blés ; c'est surtout, peut-être, la scène de répétition par le quatuor de la « Petite Musique de nuit », avec la grand-mère qui passe la tête pour demander si on n'a pas besoin de quelque chose, le grand-père qui dénonce ses rhumatismes à propos d'un malencontreux do dièse, le phar-macien qui se plaint de la raideur de son petit doigt, et Mozart, Mozart qui se défend en miaulant doucement contre cette ferveur têtue qui le chatouille...
II faut voir la scène et l'entendre : un régal, un chef-d'oeuvre. En revanche, on trouvera peut-etre irritante la scène de soulographie méthodique et nocturne des deux amis. Mais il ne faut pas oublier que les gens d'Europe centrale, comme les Nordiques, noient volontiers dans le schnaps leurs crises de mélancolie. Chacun ses petites habitudes...
L'intermède est d'ailleurs farci de notations ironiques (la comparaison entre les ronflements des dormeurs, les scènes de dépit des femmes esseulées) qui lui ôtent tout côté vraiment pesant. La scène finale donne sans doute son sens profond à toute cette « intimité » surprise : en figeant tous les personnages dans un toast quasi immobile — chacun s'occupant a décrocher à coups de langue, au fond de son verre, une sorte de crème « un tout petit peu épaisse », avait dit la grand-mère.
Passer veut probablement moquer — condamner ? — ces joies benoîtes où la vie bâilie de n'être qu'à moitié vécue. Selon qu'on est optimiste ou pessimiste — cf. l'histoire de la bouteille à moitié pleine ou a moitié vide — on souscrira à ce jugement ou non. On peut aussi préférer des films plus mouvementés, plus structurés et estimer que les Tchèques feraient de sortir enfin de ce cinéma sans"action". Il n'empêche, cet Eclairage intime est est une belle chose. Et je voudrais bien, moi, que nos cinéastes chéris se décident enfin à nous "éclairer" de manière-là.
" A l'origine de chaque film, il y a un metteur en scène, une caméra et des acteur. Généralement, tout
" A l'origine de chaque film, il y a un metteur en scène, une caméra et des acteur. Généralement, toute la question est de savoir lequel de ces trois éléments en fin de course, mangera l'autre ou les deux autres.
Une Caméra, c'est gros, c’est luxueux, c’est impressionnant. De plus, lorsqu'on est un jeune cinéaste et qu’on se lance dans l’aventure d’un premier long métrage (c'est le cas d'Ivan Passer, âgé de 33 ans et dont Eclairage intime marque le début de la carrière), la caméra monte à la tête.
J'entends par là que le réalisateur se trouve un peu dans la situation d’un gamin auquel on vient d’offrir un vélo flambant neuf. Il joue du travelling, de la petite grue, du zoom et de tous ses jolis jouets comme un gamin trop gâté, comme un Claude Lelouch.
Le culte de la vedette est un autre problème. Défendable à l'âge d'or du cinéma américain quand les acteurs (comme Humphrey Bogart ou Marilyn Monroe) avaient une aura assez forte, riche et « créatrice » pour inspirer le metteur en scène, il ne l'est plus aujourd’hui quand il consiste essentiellement à se servir d'une allure générale, d’une série de tics, d'une figure, d'une voix, à des fins plutôt malhonnêtes. Quand, par exemple, Jean Delannoy prétend raconter la vie d'un monsieur surnommé le « Baron de l'Ecluse » en donnant le rôle à Jean Gabin, il triche. Son histoire de baron est d’abord l’histoire de Jean Gabin déguisé en baron, tout comme Galia est d’abord Mireille Darc jouant Galia, Fantômas d’abord Jean Marais. La faute morale n'est pas dans l’utilisation de ces stars fatiguées mais dans la tentative de brouiller les pistes, de faire croire à une petite imposture. Rares sont les cas d’osmose (Renoir-Michel Simon ou encore, dans une certaine mesure, Godard- Belmondo), rares aussi sont les moments où le metteur en scène sait — comme le dit ici François Truffaut — poser « un regard égal sur tous », donc tuer le mythe de la vedette.
Ivan Passer, dont Eclairage intime est un troublant chef-d’œuvre, a évité ces miroirs aux alouettes. Il est de la race des seigneurs. Est-ce à dire que sa personnalité de metteur en scène fut assez forte pour vaincre ? Certes, mais tellement forte, tellement sûre et profonde, qu’il n'éprouve pas le besoin de la crier sur les toits, de la livrer en spectacle.
Eclairage Intime est, du point de vue de la création, le film le plus subjectif qui soit. Il est Ivan Passer Qu'on parle à son propos d'impressionnisme, de naturalisme, d’intimisme ou de réalisme, peu importe. Les étiquettes ne changeront rien à cette éclatante vérité : Eclairage intime c'est la vie, c'est Eclairage intime. Simplement Génialement.
C'est là, une fois de plus, une question de morale. Eclairage intime est beau parce que la vision de Passer sur les choses et les gens est belle. D'un bout à l’autre de son film, il a refusé une facilité qui est le début de la lâcheté. A tous les sens du terme, son film ne « raconte pas d'histoires ». Il ne cherche ni à orienter vers telle ou telle direction par le biais d’une intrigue, ni à tromper, ni à distraire : il regarde et donne à regarder.
Représentant — ou plutôt : présentant — la vie, Passer s’impose à lui-même un dilemme. En une heure seize il ne peut pas tout montrer ; il doit donc choisir. C’est la minute de vérité : le film sera ce qu’est l’homme et, cette fois-ci, presque sans intermédiaire.
Ainsi, la mélancolie, l’humour, la gravité, l’humilité, la chaleur d’Eclairage intime ne sont pas des atouts dont un cinéaste-joueur pourrait disposer à sa guise en vue d'un effet ; ce sont les manifestations d’une individualité, l'exact reflet d'un art de vivre, d’une volonté de se mesurer aux réalités, d’aimer les autres, de ne rien mépriser et surtout de ne jamais juger.
On peut dire plus précisément que, disposant des mêmes situations, des mêmes interprètes et des mêmes moyens techniques, Eclairage intime avait autant de chances d’être ce qu’il est que de devenir une oeuvre méchante ou sirupeuse, un réquisitoire ou un documentaire, un drame ou une comédie bouffone —.selon qu'il était fait par Ivan Passer ou par un autre.
Tous les acteurs d'Edairage intime sont des amateurs (y compris l’adorable et ambiguë Vera Forman) que la mise en scène approche et cerne sans les emprisonner, cherche et trouve sans s’y attarder. Il n’y faut voir aucun parti pris formaliste à la Bresson — encore que, chez Bresson, ce parti pris dépasse le formalisme — mais, plus simplement l’immense tendresse de l’artiste pour son prochain tel qu’il est et non tel qu’à voudrait ou devrait être.
Relisons le Paradoxe du comédien : l'acteur professionnel n’est pas un individu normal ; il se fabrique et vit de sa fabrication. Stravinsky dit quelque part que la trahison du fond commence toujours par une trahison de la forme et André Bazin qu’un petit morceau de réel dans un décor faux suffit à « précipiter le tout eh réel ». Dans le même ordre d’idées, Passer a compris qu’il ne devait pas introduire le mensonge (le comédien) dans une entreprise qui tentait d’appréhender la vérité — c’est-à-dire sa vérité, Eclairage Intime ne voulant rien avoir, répétons-le, d’un contrat objectif.
Il faut voir alors comment débarrassé de ce handicap philosophique, Passer dirige ses interprètes. Il faut mesurer la capacité d’émotion que peut contenir un plan furtif quand il n’isole rien — parce que tout est beau : les moindres gestes, l'ankylose du petit doigt du pharmacien, le regard du grand-père quand il guette la cuisse du poulet dominical, les trébuchements éthyliques des vieux camarades qui « arrosent ça », l’admirable fou-rire de Vera Forman...Il faut vibrer à la musique de Mozart, plus sublime que jamais quand elle est jouée « avec des mains de bûcheron » mais un cœur éperdu. Il faut admirer la noblesse d’un cinéaste qui peut filmer un idiot de village sans être bas. Il faut ressentir ce frémissement de l'art qui est celui d'une âme. Il faut aimer la vie. Il faut aimer Eclairage intime. "
" Aucune histoire. Pas de drame. Pas d'intrigue. La vie, la vie toute seule, toute simple. Vue par un cinéaste qui pourrait
" Aucune histoire. Pas de drame. Pas d'intrigue. La vie, la vie toute seule, toute simple. Vue par un cinéaste qui pourrait être peintre ou bien romancier.
Autrement dit qui a l'art de rendre à chaque instant sa plénitude. Sans forcer. Sans enjoliver.
Il est peut-être neuf heures du matin. Ou dix heures. Le cortège d'un enterrement s'étire sur une route bordée de pommiers. Je n'ai retenu ni le cadrage, ni le mouvement, ni les expressions des personnages. Rien que le sentiment d'une chaude journée de mai ou de juin où le soleil monte lentement dans le ciel en même temps que les alouettes s'égosillent au dessus des champs. Il y a des vieux murs de pierre avec des herbes folles au bord de la route. Il y a la villa à peine finie. Et les arbres fruitiers qui ont poussé très vite autour de la villa. Il y a un enfant qui pleure derrière Ies arbres fruitiers, il y a le monde à regarder.
Eclairage intime n'est pas autre chose que ce regard net, lavé par la nuit, intact. Le regard de l'innocence. « Il faut se laver les yeux entre chaque regard » disait le vieux Mizoguchi. Ivan Passer (qui fut le scénariste de Milos Forman) a retenu la leçon pour faire son premier film.
Moyennant quoi il lui suffit du fou-rire d'une jeune fille au milieu d'un repas de famille pour faire éclater le spectacle au coeur de la banalité. Il suffit de confronter cette trop jolie jeune fille avec une grand-mère en train de faire un lit, une grand- mère qui est devenue un peu forte aujourd'hui, et pourtant elle était souple jadis, elle faisait de la gymnastique, et nous sentons la mort au coeur de la beauté, la fragilité de la jeunesse et le cours impitoyable du temps.
Cette jolie fille vient de la ville. Elle semble même sortir d’un studio de cinéma. Elle est la vedette. La vedette du film. L'idée de la jeter dans ce film telle qu'elle est, avec le naturel de son jeu, dans ce film plein de vieux et de vieillles, dans cette maison vraie, dans cette campagne épanouie, est une idée géniale. Le regard qu'elle échange dans sa voiture, avec le cortège des faneuses en dit plus long que cent autres films sur la jeunesse. Deux mondes viennent de se frôler : celui du travail et celui de la consommation. L'ancien et le nouveau.
Il a suffi de cette suite de regards justes pour nous apprendre ce que d'autres films tchèques nous avaient déjà suggéré : les vraies frontières ne sont plus celles que nous pensons. Nous n'avons aucune peine à transposer cette Bohême en Normandie, ou cette partie de campagne au bord de la Marne. Bref, il est évident que les jeunes cinéastes tchèques sont les vrais enfants de Renoir. Le monde est un, disait-il déjà en tournant ses propres films. Et le seul drame, quand on sait regarder aussi loin et aussi près à la fois, conjurer ce regard intime et cette attention aux arrière-plans, le seul drame dis-je, c'est le temps qui file et nous sépare à tout jamais de ce que nous avons été, de ce que d'autres sont auprès de nous, étrangers à nos yeux fatigués, comme nos rêves de seize ans.
Eclairage intime est un chef-d'oeuvre de naturel. D'un bond, il nous fait franchir le redoutable « mur de la vérité ». "
" Nous voici aux antipodes de Qui a peur de Virginia Woolf ? et c’est sous le signe de Mozart qu’on pourrait placer le mer
" Nous voici aux antipodes de Qui a peur de Virginia Woolf ? et c’est sous le signe de Mozart qu’on pourrait placer le merveilleux premier film d’Ivan Passer où un pittoresque quatuor exécute pour son plaisir la Petite musique de nuit : cette exécution est d’ailleurs fort proche du massacre et cette savoureuse séquence définit assez bien l'ironie dont est chargé le regard du cinéaste, ironie nuancée de tendresse et d’une réelle sympathie pour les personnages.
Le titre du film préfigure d’ailleurs le propos d’Ivan Passer (...) : voici un cinéaste doué pour l’intimisme, pour l'impressionnisme, l’une des tendances essentielles du nouveau cinéma tchèque. Oui. « Eclairage intime » est un film merveilleux. D'abord à cause de la qualité de ses images, superbes, délicates, frémissantes ; devant tant de beauté, on se surprend à redécouvrir le cinéma comme les premiers spectateurs : les feuilles bougent, la lumière flamboie, les blés ronronent sous la caresse du vent, on se sent empli de la douceur tranquille des belles journées d'automne. Film merveilleux aussi parce que Passer excelle à saisir l’insolite dans le quotidien, à découvrir mille détails étranges ou drôles dans la réalité la plus banale : ma parole, avons-nous à ce point désappris à regarder, sommes-nous si blasés par le spectacle permanent du monde que la télévision nous livre à domicile, que nous voici saisis d’émerveillement, à la fois attendris et amusés, devant les trouvailles visuelles d’un film où il ne se passe pratiquement rien ?
Deux amis musiciens, camarades de conservatoire, se retrouvent après dix ans à l'occasion d’un concert en province, le violoncelliste venu de Prague et le chef d’orchestre de la petite localité. Celui-ci est installé dans le confort de la vie de famille, celui-là parait s’ennuyer dans sa vie de bohème. Ici affleure le message du cinéaste : une critique de la société de consommation. La seule chose qui unisse ces deux hommes, leur seule raison de vivre, c’est la musique : est-ce par elle qu’ils seront sauvés, après une tentative nocturne, vite avortée, de départ vers autre chose, ailleurs ? Très belle séquence, dont la gravité donne au film son poids et son sens et qui annonce l’image finale, toute la compagnie aux prises avec un cognac à l’œuf qui refuse de se laisser avaler, image sur laquelle le mouvement se fige, comme si l’ombre de la mort, une mort spirituelle bien sûr, pesait déjà sur ces gens prisonniers de leur confort gourmand et de leur bonheur satisfait.
Ainsi le film est-il loin d’être un simple divertissement : il témoigne à sa façon. Ivan Passer, 33 ans, a été co-scénariste de Forman, dont la femme joue ici en protagoniste et dont on voit bien ce que ses films doivent au talent de son collaborateur. Il fait partie de cette brillante génération de jeunes réalisateurs qui ont fait du cinéma tchèque l’un des meilleurs du monde. Et les plus récents films que j’ai vus à Prague me permettent d’affirmer que nous n’avons pas fini d’avoir des surprises. "
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