
André Téchiné : "Qu'est-ce qui peut intéresser un cinéaste sinon la diversité de l'expérience humaine ?"
Avec Les Voleurs, en 1996, l'auteur d'Hôtel des Amériques et de Rendez-vous, s'est plongé dans le quotidien réal...
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Entre un gang de voleurs et un flic, Juliette attise les passions. Un surprenant film d'amour lyrique avec Deneuve en prof désespérément éprise de son élève.
Entre un gang de voleurs et un flic, Juliette attise les passions. Un surprenant film d'amour lyrique avec Deneuve en prof désespérément éprise de son élève.
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"En fait, Les Voleurs ressemblerait plutôt aux noces somptueuses et inattendues de l'auteur des Roseaux sauvages avec le west
"En fait, Les Voleurs ressemblerait plutôt aux noces somptueuses et inattendues de l'auteur des Roseaux sauvages avec le western. Si l'action se passe de nos jours en Haute-Savoie et non pas au xixe siècle dans les Rocheuses, nombre d'indices plus ou moins souterrains invitent à la comparaison avec le genre américain par excellence : topographie des lieux, histoires de famille, duels rhétoriques et dialogues à barillet... Ainsi, en quittant son cher Sud-Ouest pour les hauteurs verdoyantes et enneigées de la région de Chambéry, Téchiné aère sa géographie intime et trouve un écrin comparable aux grands espaces de certains Mann ou Cimino. On peut aisément poursuivre la déclinaison : le Mic-Mac, dancing aux recoins sombres, lieu des règlements de comptes et de la mauvaise conscience, serait le saloon ; le grand chalet familial, espace protégé de l'enfance et lieu de la pérennité du clan, serait le ranch ; le gang de voleurs de voitures, ce sont les pilleurs de chevaux d'aujourd'hui ; le conflit entre les deux frères, le "bon fils" et le "mauvais fils", remonte bien sûr aux grands mythes originels, mais avec un long crochet par le western en convoquant d'office des souvenirs de Duel au soleil ou L'Homme de la plaine ; il y a aussi la ville, ses hôtels où, tel un cowboy fourbu, Daniel Auteuil baise à la hussarde dans une chambre à l'étage ; il y a encore ces dialogues cinglants, nerveux, parfois meurtriers, échangés comme on échange des coups de feu (la figure récurrente du film est d'ailleurs le duel, la scène à deux)... On n'est pas bien sûr que Téchiné ne plaisante pas à demi avec ce filon westernien pour le moins inattendu de sa part : telle silhouette de Catherine Deneuve, sorte de Calamity Jane savoyarde avec sa flasque de bourbon en pogne, telle réplique de Daniel Auteuil dans son commissariat lyonnais ("Ici, c'est Fort Apache"), ressemblent à des clins d'œil à la fois respectueux, distants et amusés au genre. Mais bien au-delà de signes anecdotiques pour cinéphiles fétichistes, la rencontre entre le western et Téchiné est ici superbe et profonde en ce que l'un des grands thèmes westerniens (la fondation d'une famille) y croise naturellement l'un des grands thèmes téchiniens (les vicissitudes d'une famille)."
Serge Kaganski" On vole de tout dans Les Voleurs. Des voitures. Des sentiments. Quelques centièmes de seconde, le temps de photographier un v
" On vole de tout dans Les Voleurs. Des voitures. Des sentiments. Quelques centièmes de seconde, le temps de photographier un visage endormi. On vole. On trompe. On se trompe, aussi.
Ce qu'il y a d'émouvant chez les héros d'André Téchiné, c'est qu'ils croient dur comme fer être ce qu'ils ne sont pas. Ils semblent si sûrs de ce qu'ils disent et de ce qu'ils font qu'on en arriverait presque à les croire. Ce sont des fétus de paille, mais des fétus têtus. Ainsi Alex (Daniel Auteuil), le flic, se voit-il réfléchi, logique, raisonnable. Faire confiance ? Surtout pas. L'amour ? Eh puis quoi encore ? Le sexe, oui, peut-être (...)
A l'image de ses personnages, Téchiné lui aussi trompe son monde. Ses intrigues et ses personnages, taillés à la serpe, pourraient sombrer dans du mauvais mélo. Dans Les Voleurs, on a tout de même droit à deux frères : l'un, flic, et l'autre, voyou. Joli cliché, non ? Encore mieux : un homme et une femme, amoureux d'une même personne, mi-fille mi-garçon. Pas mal, n'est-ce pas ? Mais, là encore, tout n'est qu'apparence. Ces stéréotypes ne sont que superficiellement superficiels. Ce sont des notes de musique à partir desquelles Téchiné écrit ses variations. De la terre glaise qui lui permet de sculpter, facette après facette, des personnages chaque fois plus troubles, plus troublés et plus troublants (...)
Dans Les Voleurs, Deneuve est encore une extrémiste. Ce qui est beau, dans le personnage de Marie, c'est qu'elle ne calcule pas, qu'elle ne mégote jamais. Les hommes, toujours un peu ballots chez Téchiné, ont si peur du sentiment qu'ils tentent de le confondre avec le sexe. C'est le cas de Daniel Auteuil, ici. C'était déjà le problème de Manuel Blanc dans J'embrasse pas, qui, pour survivre, acceptait de vendre son corps, à la seule condition, le titre l'expliquait bien, de ne jamais se laisser piéger par la tendresse. Marie, elle, a eu un mari, des enfants. Elle est prof de philo ce qui devrait lui apporter un minimum de sagesse. « Foutaises, foutaises ! », comme disait Marie-France Pisier dans Souvenirs d'en France. Les femmes, chez Téchiné, sont folles, puisque tout particulièrement Deneuve elles obéissent au sentiment (...)
Un film superbe. Le plus audacieux, le plus ambigu de Téchiné. Un film cadré au millimètre, avec de brusques bouffées de temps apparemment perdu : ainsi, l'étonnante séquence où un petit marlou flirteur demande à Marie, tout à trac, dans une voiture, de lui donner un cours de philosophie... Un film gigogne, où des scènes droit sorties de polars à la Jacques Becker (Didier Bezace n'aime pas qu'on l'appelle « boss », parce que ça fait vulgaire !) côtoient des moments d'émo- tion burlesques : Deneuve, à l'Opéra, écoute, les larmes aux yeux, en compagnie de l'amant de sa copine, un extrait de La Flûte enchantée...
Comme à son habitude, désormais, Téchiné observe ses personnages au plus près. Contrairement à son habitude, il les laisse, chacun son tour, conduire l'histoire. D'où cette construction éclatée où voleurs de voitures et voleurs de sentiments, par instants, se rencontrent... C'est que la vérité n'existe pas. Il n'y a que des approches contradictoires et dérisoires pour la débusquer. Mais, alors même qu'ils semblent n'avoir plus rien à cacher, les êtres humains demeurent au-delà ou à côté. Désespérément opaques. C'est leur mystère que Téchiné et sa caméra, violente et tendre, font semblant de résoudre. Pour mieux, en fait, le préserver. "
"Téchiné ne cherche pas à séduire, il veut comprendre. Il ne cherche pas à émouvoir, il veut
"Téchiné ne cherche pas à séduire, il veut comprendre. Il ne cherche pas à émouvoir, il veut dire le vrai. (...) Téchiné avance ici comme on marche au bord du précipice en regardant vers le vide. Exactement comme ses personnages et leurs interprètes - tous remarquables, inattendus et fraternels, de Deneuve à Laurence Côte, d'Auteuil à Benoît Magimel. Grâce à eux et aussi, bien sûr, à une mise en scène d'une acuité implacable et d'une fluidité impressionnante, les désaccords du coeur sont toujours présents. Peut-être même plus retentissants, plus profonds et plus graves que jamais."
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