
Abdellatif Kechiche : " Jusqu’où on peut atteindre la vérité ?"
Récompensé de la Palme d'Or à la 66ème édition du Festival de Cannes, Abdellatif Kechiche revient sur son film d...
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Adèle a deux certitudes : elle est une fille, et une fille sort avec des garçons. Mais le jour où elle aperçoit Emma, elle sent que sa vie va changer.
À 15 ans, Adèle ne se pose pas de question : une fille, ça sort avec des garçons. Sa vie bascule le jour où elle rencontre Emma, une jeune femme aux cheveux bleus, qui lui fait découvrir le désir et lui permettra de s’affirmer en tant que femme et adulte. Face au regard des autres Adèle grandit, se cherche, se perd, se trouve... Palme d'or au festival de 2013, Prix Louis Delluc et César du meilleur espoir féminin pour Adèle Exarchopulos.
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"C'est un visage qui nous happe, d'autant plus intensément que la caméra ne cesse de le scruter : celui d'Adèle, ses bonnes joues, sa bouche
"C'est un visage qui nous happe, d'autant plus intensément que la caméra ne cesse de le scruter : celui d'Adèle, ses bonnes joues, sa bouche comme un four qui dévore la vie avec boulimie, absorbe tout ce qui passe, spaghettis bolognaise ou lèvres de son amante, cette bouche qu'elle laisse à moitié ouverte, la nuit, quand elle s'abandonne au sommeil, corps écrasé sur le drap, grand bébé épuisé par la difficulté de grandir... Ce visage, Abdellatif Kechiche le montre dans tous les états, joie et peine, relief dévoré par les flots quand les émotions fondent sur lui : larmes, morve, salive inondent l'épiderme au gré des expériences — et certaines seront des raz de marée. (...)
Coup de foudre : le premier regard échangé, au hasard d'une rue qu'elles traversent, est une merveille. C'est une scène que Kechiche a préparée en montrant, un peu plus tôt, un cours sur La Vie de Marianne, de Marivaux : comment l'absence de l'être aimé crée un « manque ». Deux visages se croisent, et le bouleversement chimique des coeurs devient palpable — c'est ça, le grand cinéma.
Ce manque, Adèle le comblera par une union folle et longue — l'action se déroule sur plusieurs années. Il s'agit d'une liaison homosexuelle, que Kechiche traite comme n'importe quelle passion amoureuse : joies de la séduction, bonheur du plaisir partagé, ivresse de la vie à deux et dégrisement qui suit, parfois. Deux scènes d'une incroyable puissance émotionnelle, dispute puis retrouvailles, propulsent le dernier tiers du film vers des sommets. Impossible de ne pas voir dans ce vécu-là notre vécu à tous..."
" Le cinéma a souvent fait la part belle à l’homosexualité masculine, ici, l’homosexualité féminine est dévoilée. L’aspect charnel est omnip
" Le cinéma a souvent fait la part belle à l’homosexualité masculine, ici, l’homosexualité féminine est dévoilée. L’aspect charnel est omniprésent et peut choquer par sa crudité. Oui, les corps ne font plus qu’un, oui, Abdellatif Kechiche les filme dans un cadre ultra-serré. L’intime, protégé et sacré, est montré. La passion, dévorante et dévastatrice, n’en est que plus réaliste. Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos sont exceptionnelles de générosité. Grâce et avec elles, Abdellatif Kechiche signe un grand et rare film d’amour. "
Danielle Attali" Dans ces scènes de groupe, la satire sociale pointe, mais sans acidité, car la moquerie est exempte du cinéma de Kechiche. Ce qui compte,
" Dans ces scènes de groupe, la satire sociale pointe, mais sans acidité, car la moquerie est exempte du cinéma de Kechiche. Ce qui compte, c’est la clarté de la démonstration, un certain détachement descriptif qui ne vise rien d’autre qu’à mettre au jour des mécanismes (de domination, d’exclusion…). Il y a dans la manière du cinéaste quelque chose de profondément pédagogique, un goût de l’explication, de l’exposé, qui pourrait confiner à de la lourdeur (...), si la mise en scène, elle, ne ménageait pas toute sa place à la complexité. Si les lignes du scénario sont claires, discursives, presque exagérément lisibles, la longueur des scènes, le stupéfiant degré d’incarnation des scènes les plus banales, restituent toutes les nuances du vivant. Sur ces visages percutés presque toujours en gros plan, surfaces expressives aux nuances infinies, les affects se brouillent. Quelque chose de toujours mélangé, ambivalent, ambigu même, se déploie grâce à cet extraordinaire rapport à la durée, qui est la marque de Kechiche et qu’il maîtrise ici plus que jamais.
Amorcé entre les quatre murs de la salle de classe, le conte initiatique ne finira pas beaucoup plus loin. La seule certitude acquise par Adèle à l’issue de trois heures d’un récit dont la simplicité quotidienne des faits n’a d’égale que l’intensité tumultueuse de son énonciation, c’est que son seul lieu à elle, celui où elle atteint une forme de plénitude et d’accomplissement, c’est précisément l’école. Elle y enseigne à des enfants et Adèle Exarchopoulos est particulièrement géniale lorsqu’elle joue l’euphorie à éveiller des enfants à un récit (“C’est le louououp !”) ou à l’ordonnance des jours de la semaine. De façon vraiment étonnante, l’école chez Kechiche, c’est la matrice, le lieu d’où tout part, mais aussi le refuge, l’endroit où sera rendu ce qui a été donné."
"On peut n’avoir jamais rien pigé à la théorie d’Einstein en ayant quand même retenu que E = mc² donne une clé de l’univers, où l’énergie (
"On peut n’avoir jamais rien pigé à la théorie d’Einstein en ayant quand même retenu que E = mc² donne une clé de l’univers, où l’énergie (E) peut se concevoir comme une combinaison de masse (m) et de vitesse (c) portée au carré. La Vie d’Adèle n’est pas une réflexion autour du concept de relativité, mais c’est un très grand film de physique humaine ; il étudie, avec la même capacité de profondeur et de vertige que les plus puissants télescopes observant les confins de l’univers, les mystères insondés du corps et du visage humains.
Abdellatif Kechiche n’est peut-être pas le Einstein du cinéma français moderne, mais il a incontestablement les talents d’un démiurge de la matière, et la première définition que l’on a envie de donner de son film est celle d’un vortex où fusent, dans une sorte de collision cosmique suprême, l’énergie, la vitesse, la masse et la lumière. On en sort essoré, frissonnant, hébété, ébloui, confondu. Trois heures durant, les briques élémentaires du vivant ont exprimé, comme des fruits dans une centrifugeuse, quelque chose que l’on n’avait jamais vu ainsi : une physiologie de l’adolescence qui lave et renouvelle notre regard sur le bouillon d’hormones, l’épiphanie des chairs, la mécanique des fluides, des sèves et des sucs, le désordre des sentiments et, bien sûr, les bouleversements psychologiques continus caractérisant cet âge d’or et de douleurs qui a été, à tous, le nôtre. Dans la Vie d’Adèle, il faut prendre à la lettre le mot «vie» pour être tout à fait certain de capter sans parasite ni brouillage l’âme et le cœur vibrants d’Adèle."
"Par où commencer ? Peut-être, tout simplement, par Adèle (Adèle Exarchopoulos), ou plus exactement par son regard, son sourire lumineux. Sa
"Par où commencer ? Peut-être, tout simplement, par Adèle (Adèle Exarchopoulos), ou plus exactement par son regard, son sourire lumineux. Sa bouche, ses lèvres, ses incisives. Chez Kechiche (..) tout procède du visage. Ici, la bouche de l'héroïne renvoie immanquablement à celle de sa partenaire, Emma (Léa Seydoux). Plus dure, moins adolescente. Champ contre champ, bouche contre bouche.
Impossible ensuite de ne pas évoquer la science du cadre et de la lumière de Kechiche (et de son directeur de la photographie, Sofian El Fani). Une virtuosité incomparable pour filmer les visages, et donc les émotions ; mais aussi les corps, les peaux, à la manière d'un tableau ou d'une sculpture – on y reviendra. Multiplicité des axes, deux caméras parfois pour une même séquence, gros plans saisissants, toute la palette de ce que le cinéma peut offrir comme manières de cerner l'âme humaine est ici utilisée.
Et comme si cela ne suffisait pas, comme s'il fallait approfondir encore ce que l'image suggère, un montage sublime de fluidité parfait la démonstration. La Vie d'Adèle est un merveilleux moment de cinéma."
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