Juan Andrés Arango Garcia : " Une plage au cœur d’une ville froide de montagne"
VIDEO | 2013, 4'| Pour son premier long-métrage, le cinéaste Juan Andrés Arango Garcia nous emmène suivre un jeune1
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Le destin de Tomás, un jeune issu de la communauté afro-colombienne qui, ayant quitté son village côtier, débarque à Bogota.
Tomás, un jeune afro-colombien qui a dû fuir son village de la côte pacifique, à cause de la guerre du narco trafic, vit maintenant à Bogotá, une ville traditionnellement "blanche", où il est marginalisé. À travers un voyage initiatique dans les rues de la capitale, Tomás va tout risquer pour retrouver son frère Jairo. Il parviendra ainsi à tracer son propre chemin dans une ville en pleine transformation, à la fois violente et stimulante, où les afro-colombiens luttent pour se tailler une place. En sélection officielle du Festival de Cannes 2012-« Un certain regard », et nommé pour l' Oscar du meilleur film étranger 2014.
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" Ce premier film réussit du colombien Juan Andrés Arango dépeint l'exode rural des Noirs de Colombie. Mais il
Tourné à Bogota, dans le quartier chaud de la Playa, ce premier long-métrage du colombien Juan Andres Arango Garcia su
Tourné à Bogota, dans le quartier chaud de la Playa, ce premier long-métrage du colombien Juan Andres Arango Garcia surprend par sa douceur. L'action a beau se situer au sein de la communauté particulièrement stigmatisée des immigrés africains de la ville, suivre la trajectoire d'un très jeune homme, Thomas, jeté à la rue par son beau-père et dont le plus jeune frère est enferré dans des problèmes de crack, elle ne sombre jamais dans la noirceur, ni dans le misérabilisme.
Confronté aux défis de la rue, Thomas trouve une planche de salut dans sa passion pour le dessin et dans la découverte de la profession de sculpteur de coiffures, équivalent capillaire de celle de tatoueur, dont le métier consiste à graver des dessins à la tondeuse dans les chevelures des clients.
Ce scénario de conte urbain pourrait paraître mièvre, et pourtant on y adhère tout de suite, parce que la mise en scène est très juste. Soutenue par une grande attention aux gestes, aux corps, aux expressions des personnages, aux vibrations de la ville, elle se déploie suivant une belle syntaxe de l'ellipse qui fait écho aux coups de théâtre qui sont le lot quotidien des enfants de la rue.
Ces petits sauts dans le temps, dans l'espace, qui conduisent même parfois jusqu'au rêve permettent au cinéaste de prendre habilement le spectateur à contre-pied, et de déjouer bon nombre de clichés.
La Playa a l’ampleur d’une grande tragédie familiale, une tragédie dans laquelle une fratrie de trois adolescents
La Playa a l’ampleur d’une grande tragédie familiale, une tragédie dans laquelle une fratrie de trois adolescents met tout en œuvre pour survivre, pour affronter ensemble les affres de la rue (...) Tomás traverse Bogota comme on évolue dans un labyrinthe, retrouvant ça et là les ruines de la mémoire de son peuple, de tous les exilés.
Une scène fait particulièrement écho aux souvenirs du personnage principal ainsi qu’à l’histoire du cinéma, à Sueurs froides (Vertigo, Alfred Hitchcock, 1958) et par extension à La Jetée (Chris Marker, 1962) : Tomás et son jeune frère se retrouvent dans une décharge et se réfugient dans une vieille carcasse de voiture. Ils évoquent leur parcours, de leur village natal jusqu’aux rues de La Playa, les accidents humains ou géographiques qui ont été les leurs, avant de s’arrêter sur un évènement majeur de leur vie, le jour où leur père fut tué. Le tronc d’arbre de Sueurs froides est remplacé par un pare-brise fissuré dont les stries seraient autant de séquences de leur histoire. L’instant d’après, les jeunes garçons sortent par la fenêtre et font mine de tirer au pistolet sur leur beau-père, le gardien de la décharge. La vengeance prend le pas sur la mémoire. On ne peut revenir dans le passé, seulement lui redonner vie quelques instants par le biais de nos histoires.
C’est en s’attardant sur des gestes simples et répétitifs que le film tente de s’extraire de sa propre noirceur, de reprendre son souffle. On marche, on dessine, on s’embrasse, on marche encore, on coiffe, on danse, on se drogue aussi. Chacun de ses actes infimes fonctionne comme une poussée de survivance. S’arrêter de bouger, c’est décrépir, laisser la ville nous dévorer. Cette frénésie de mouvements sonne comme une litanie tranquille, elle devient une routine. Une douceur indispensable pour contrer la tristesse de Bogota. Dans ses rues, tout est en sourdine, le désespoir est discret et la violence silencieuse. Y retrouver sa route est la plus périlleuse des missions.
En ce sens, La Playa tient du film d’apprentissage (...) Tomás quitte sa mère pour secourir son frère, une quête profondément incertaine, et tenter de trouver sa place dans le monde. Dans son horizon lointain, il y a plus que la maison familiale, ses parents, ou les quartiers de Bogota. Il y a le souvenir d’une enfance heureuse, un paradis définitivement perdu, donc d’autant plus précieux. Les femmes de son village racontaient que les mèches de cheveux qu’elles tressaient à leurs maris étaient plus qu’une simple coiffure : il s’agissait de cartes pour pouvoir rentrer chez eux sans perdre leur route. Et c’est en souvenir de cette parole mystique que Tomás officie son métier de coiffeur. Il trace les contours du monde pour espérer y discerner un chemin, pour ses semblables comme pour lui-même. Quand il apercevra enfin la direction à prendre, il lui restera à régler une dernière question : voudra-t-il partir, espérer retrouver la candeur de son enfance, ou rester à La Playa ? En attendant, il ne peut qu’y rêver. Ou mourir.
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