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Né le 31 octobre 1960, à Roubaix, diplômé de l'IDHEC en 1984, il débute comme directeur de la photographie des premiers films de son ami Éric Rochant, et passe à la réalisation en 1991 avec La Vie des morts, où il filme de façon chorale une réunion de famille en province, thème qu'il reprendra régulièrement. On y découvre Emmanuelle Devos, Marianne Denicourt et Emmanuel Salinger, acteurs qui vont faire partie de sa "troupe".
Il enchaîne immédiatement avec La Sentinelle (1992), dans lequel il détourne les schémas éprouvés du film d'espionnage en y greffant ses obsessions personnelles – à ses acteurs anciens, il ajoute Chiara Mastroianni et Mathieu Amalric, dont il va faire le personnage principal de la plupart de ses œuvres, son véritable alter ego. Le retentissement du film (sélection officielle à Cannes, César du meilleur espoir pour E. Salinger) est suffisant pour que l'on commence à parler de "génération Desplechin", terme qui englobe ses scénaristes Pascale Ferran, Noémie Lvovsky et Emmanuel Bourdieu, qui vont tous passer à la réalisation. Le succès critique ne se dément pas pour Comment je me suis disputé… ("ma vie sexuelle") (1995), une nouvelle fois sélectionné à Cannes, dans lequel le travail de Desplechin sur la durée et sur la direction d'acteurs (Jeanne Balibar s'intègre au groupe) est remarquable, bien que le sentiment d'un univers un peu clos, celui du petit milieu intellectuel parisien, commence à se faire sentir. L'auteur va échapper à cet étouffement en allant tourner Esther Kahn (2000) en Grande-Bretagne.
Ce film étrange, autour de la vocation théâtrale d'une jeune Londonienne au XVIIIe siècle, où Desplechin mêle à ses interprètes principaux anglo-saxons (Summer Phoenix, Ian Holm) quelques-uns de ses acteurs habituels (E. Devos, son propre frère Fabrice), surprend, mais prouve une fascination pour le théâtre qui se manifestera pleinement dans son film suivant. Dans Léo, en jouant 'Dans la compagnie des hommes' (2003), les répétitions de la pièce d'Edward Bond se greffent sur une variation autour du thème d'Hamlet. Film-limite, exercice effectué sans se soucier du public (le film ne sortira que dans une seule salle), Léo n'est qu'une pause dans la trajectoire de Desplechin : Rois et reine (2004), Un conte de Noël(2008) renoueront avec son inspiration originelle.
Le premier est nourri (trop peut-être, puisqu'il déclenchera un procès de la part de Marianne Denicourt, son ancienne compagne) de ses expériences personnelles, mais le mélange des genres, drame et burlesque, la composition très travaillée du scénario, et de nouveau une direction d'acteurs inspirée (M. Amalric sera récompensé par un César et le film par le Prix Louis-Delluc) convaincront le public. Le second, sans doute son titre le plus abouti, reprend en l'approfondissant la situation de son premier film : la réunion pour les fêtes de Noël d'une famille élargie donne lieu à un déballage intime et à une remise à plat des relations ; l'intrigue progresse par ruptures, narratives et stylistiques, le nœud de vipères psychologique est décrit avec une maîtrise qui permet de dépasser la convention.
En 2013, Desplechin revient avec Jimmy P., deuxième excursion après Esther Khan en terres et en langue anglo-saxonnes, suivi en 2015 de Trois souvenirs de ma jeunesse, qui revient sur la jeunesse de Paul Dédalus et de quelques autres personnages marquants de Comme je me suis disputé... ("ma vie sexuelle").
Lucien Logette
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