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Bernard est heureux en mariage et sa femme est très belle. Mais sa secrétaire, Colette, "sympa" et pas "jolie", occupe toutes ses pensées.
Bernard a une nouvelle secrétaire, Colette : pas jolie mais sympa. Pourtant, elle envahit son esprit en dépit de l'existence de son épouse, la très belle Florence. Grand prix au Festival de Cannes 1989 et Césars du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur scénario original. A la fois étrange et émouvant, l'une des plus belles réussites de l'auteur des "Valseuses" et "Tenue de soirée".
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" Avant ce sublime exercice de style sur les dangers de l'amour fou, Bertrand Blier avait réalisé dix films très verbaux. Ici, ses mots d'a
" Avant ce sublime exercice de style sur les dangers de l'amour fou, Bertrand Blier avait réalisé dix films très verbaux. Ici, ses mots d'auteur font mouche, nerfs centraux de scènes d'anthologie (...) Mais, pour la première fois, le cinéaste de la provocation fait parler les images. Jamais travail de montage n'avait reflété d'aussi près les mouvements contradictoires du coeur amoureux, avec ses revirements, ses anticipations et ses accélérations volontaristes.
Si l'ensemble paraît ondoyant, plein de ralentis romantiques et de raccourcis idéalistes, où les désirs semblent devenir réalité, Bertrand Blier remplace finalement sa légendaire noirceur grinçante par un désespoir sans appel. Les acteurs parlent dans le vide et commentent leurs actions, sans se soucier de savoir s'ils ont un interlocuteur. Comment symboliser la solitude de plus belle façon ?
C'est un film sur la décomposition, au sens propre comme au sens figuré : à la fragmentation de scènes répond la destruction interne d'un homme qui va tout perdre pour avoir tout voulu gagner."
"A partir d'un romanesque sujet qui varie peu du si conventionnel trio bourgeois, tout un théâtre du sentiment emerge, via les arabesques d
"A partir d'un romanesque sujet qui varie peu du si conventionnel trio bourgeois, tout un théâtre du sentiment emerge, via les arabesques d’une forme, qui sans tomber dans la préciosité introduit de beaux pleins et de beaux déliés dans une calligraphie apparemment orthodoxe. (...)
Le comble, dans cette liberté incroyable de la forme qui se fiche des conventions, qui pour cette tragi-commedia dell’arte à l’usage des temps modernes va, sans prévenir, jusqu'à introduire avant-propos, considérations générales de l'auteur et, parfois même, des didascalies dans le texte."
" Trop belle pour toi, de Bertrand Blier, est un film qui fait pleurer les femmes. A la surprise générale. De lui, d’ordinaire, on attend un
" Trop belle pour toi, de Bertrand Blier, est un film qui fait pleurer les femmes. A la surprise générale. De lui, d’ordinaire, on attend un scénario pisse-vinaigre et des dialogues au canon de 240. Là, non. Blier se découvre une âme de jonquille, avec des « Je t’aime » et des « Reviens », des chagrins d’amour et du Schubert qui coule à gros bouillons. Le tout protégé par un humour distant, qui va du deuxième au douzième degré. Et par un style unique. On sent que le metteur en scène — refoulé, jusque-là — a suggéré au dialoguiste : « Tu te calmes cinq minutes, tu veux ? J’aimerais bien montrer ce que je sais faire. » Sous nos yeux, il invente alors un univers étrange, géométrique, inspiré, crédible, touchant. Sans gravité. Ça vaut le déplacement."
Y. S." Tout ici est organisé de main de maître pour faire de Trop belle pour toi ce qu'on appelle aujourd'hui un bon film : efficace, brillantiss
" Tout ici est organisé de main de maître pour faire de Trop belle pour toi ce qu'on appelle aujourd'hui un bon film : efficace, brillantissime, réalisé avec une maîtrise stupéfiante. L'habileté du réalisateur est souveraine, avec cet art subtil de la rupture de ton, ces glissements du réel vers l'imaginaire, du présent vers le passé et vice-versa. Le film est très drôle."
Jean-Claude Guiguet, 01/07/1989" Cela crevait les yeux, mais il aura fallu du temps pour que chacun s'en persuade. Bertrand Blier (50 ans et toutes ses dents) est à coup
" Cela crevait les yeux, mais il aura fallu du temps pour que chacun s'en persuade. Bertrand Blier (50 ans et toutes ses dents) est à coup sûr l’un de nos dix meilleurs metteurs en scène hexagonaux. (...) Si la trame est simple, le traitement en est magistral. Blier le développe en forme d’exercice de style brillantissime sur plusieurs niveaux, jouant des conventions du spectade et se jouant du spectateur avec une sorte de gravité allègre où tous les coups (de théâtre) sont permis. (...)
Ce théâtre de l’absurde et de l’incongru, au texte superbement écrit, est une leçon de cinéma qui vous laisse béat d’admiration, sinon béant d’émotion."
" Le cinéma de Bertrand Blier suit un mouvement de balancier. Tantôt ses films sont des farces « hénaurmes », comme Calmos et Tenue de soir
" Le cinéma de Bertrand Blier suit un mouvement de balancier. Tantôt ses films sont des farces « hénaurmes », comme Calmos et Tenue de soirée. Tantôt ce sont des fables en demi-teinte, comme Préparez vos mouchoirs et Beau-père. Comme Trop belle pour toi aussi, qui raconte le coup de foudre de Bernard garagiste fortuné, époux de la belle Florence, pour Colette, secrétaire intérimaire et quelconque. Une banale histoire d'adultère, somme toute. Seulement, voilà ! Chez Blier, tout va à l'envers. Il fait de l'anti-vaudeville : qui imaginerait un scénario dans lequel un homme trompe sa femme avec une autre qui n'a rien pour séduire ? Personne, sauf Blier.
(…) En fait, Bertrand Blier est un moraliste. Mais un moraliste par la négative. Depuis des années, ses films hurlent tous la même chose : assez d'hypocrisie ! Cassons tout ! Chamboulons tout ! Ses scénarios sont des jeux de massacre, des carambolages. Mais des carambolages ordonnés où se côtoient la logique et l'absurde, le réalisme et l'abstraction. Trop belle pour toi est un film éclaté, parsemé de ralentis et de retours en arrière. Des scènes se répètent, se répondent. Parfois, les personnages s'arrêtent, fixent la caméra et soliloquent sur leurs états d'âme. Parfois, c'est la caméra qui va les chercher, glisse lentement, tourne autour d'eux, semble les envelopper mais les frôle seulement, comme s'il était impossible de les atteindre. De saisir leur vérité.
Rien n'est vrai, selon Blier, et surtout pas les sentiments. « Ce n'est pas la vie qui est une saloperie : mais l'amour », avoue Bernard le garagiste. Les personnages se croisent donc dans de brefs instants de bonheur. Et leur sincérité est éphémère car ils ont peur d'être pris au jeu des sentiments. Peur de l'habitude, de la routine, du vide. Alors, ils avancent comme des funambules déséquilibrés entre leur besoin d'amour et leur refus de l'émotion. Avant de retomber dans leur solitude, dans un vide plus grand encore. Ces infirmes du sentiment disparaissent dans l'ombre.
Blier joue sur les zones d'ombres. Il nous empêche de tout voir, de tout savoir. Il utilise un écran large mais ne cesse de le réduire, de l'obscurcir, de masquer l'espace tels ses personnages qui masquent leurs sentiments. Blier joue aussi avec la musique. Celle de Schubert, ses lieder, ses impromptus aux mélodies nostalgiques et ses quatuors aux accords poignants. Mais, dans le film, seuls les enfants — ceux de Bernard et Florence — semblent être sensibles à ce romantisme d'écorché vif. Les adultes, eux, ne s'abandonnent qu'un instant avant d'être repris par la réalité. Et le spectateur qui sentait monter en lui l'émotion se retrouve brutalement assommé par une pirouette en forme de gifle : « Il fait chier Schubert. » Alors, soudain, nous aussi, on se retrouve tout bête, tout seul. Désemparé. Désespéré.
Trop belle pour toi est à la fois doux et cruel : Blier navigue entre la tendresse et le cynisme. Et les comédiens, déchirés et déchirants, vont de la confidence feutrée au cri. Josiane Balasko est triste, émouvante comme une âme en pane ; Carole Bouquet, sublimement belle, blessée, écorchée et Gérard Depardieu hésitant, perdu. Touchant dans sa quête d'un bonheur impossible."
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