Giovanni Donfrancesco : "J’ai essayé de raconter l’histoire passée à travers le présent"
Stone River retrace l’histoire de la carrière de granite et de la ville de Barre dans le Vermont, racontée ici à1
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En un transfert de parole troublant et élégiaque, les habitants de Barre s’approprient les témoignages des carriers toscans immigrés au début du XXe siècle...
En un transfert de parole troublant et élégiaque, les habitants de Barre (Vermont) s’approprient les témoignages des carriers toscans immigrés au début du XXe siècle. Ce film a reçu le Prix des jeunes lors de la 37ème édition du festival du Cinéma du Réel.
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" Au début du XXè siècle, des carriers de Carrare traversèrent l’Atlantique pour travailler dans les
" Au début du XXè siècle, des carriers de Carrare traversèrent l’Atlantique pour travailler dans les carrières de Barre (Vermont). Mais c’est à une époque un peu plus tardive que s’intéresse The Stone River, film de paroles « déplacées » comme l’ont été des corporations entières d’Européens paupérisés. Dans les années 1930, le gouvernement Roosevelt a lancé une vaste collecte de témoignages oraux et photographiques, document irremplaçable sur l’Amérique de la Dépression dont Steinbeck a nourri Les Raisins de la colère. Devant la caméra de G. Donfrancesco, des résidents de Barre disent les propos transcrits d’habitants d’alors. Filmés dans leur environnement et avec leurs souvenirs, les « Barriens » actuels deviennent le centre d’un étonnant précipité d’Histoire, qu’elle passe par leurs ancêtres ou par le métier qu’ils partagent avec ces inconnus qui vivaient et mouraient de la pierre. Ni récitation ni simulation, cette reviviscence du témoignage culmine dans le chant Brother Can You Spare a Dime, juste distance entre incarnation et citation. Dans les allées de Hope Cemetery, le gardien atteint de silicose qui aurait « dû » mourir à quarante ans comme les autres, vient donner corps pour de bon au passé, portant jusqu’à son terme ce dispositif de brouillage entre ici (l’Amérique) et là-bas (l’Italie), entre vivants et morts, entre pierre et poussière. "
Charlotte Garson" Le travail encore, avec The Stone River, de Giovanni Donfrancisco. Et de la beauté aussi. Cela commence par un plan large d&r
" Le travail encore, avec The Stone River, de Giovanni Donfrancisco. Et de la beauté aussi. Cela commence par un plan large d’hiver dans la ville de Barre, au Vermont (états-Unis) : pans taillés nets du granit d’une carrière, blocs de glace miroitante suspendus en rideau sur la pierre, puis un cimetière, arbres enneigés, tombes ensevelies. La plupart des noms sont italiens en cette lointaine Amérique. L’histoire commence. C’est celle de tous ceux qui, au long du XIXe siècle, vinrent d’Europe pour survivre.
Bel effet, encore, de miroir : dans les années 1930, de la grande dépression, le gouvernement Roosevelt avait envoyé dans tout le pays écrivains, photographes, artistes (à quoi l’on doit l’admirable Louons maintenant les grands hommes, de 1936, photos de Walker Evans, textes de James Agee, insurpassable témoignage d’un moment de l’Amérique) pour recueillir la parole de ceux à qui elle était généralement refusée. Ce sont ces textes des années 1930 que disent des habitants de Barre aujourd’hui, dans le cimetière glacé ou chez eux, dans les rues de la ville un peu endormie. Le film se termine sur une chorale interprétant Brother Can You Spare a Dime (« Frère peux-tu me donner un sou ? »), un “protest song” de ces années 1930 de la misère et de la reconquête de la dignité ouvrière."
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