
Gilles Mouëllic : " Le jazz c'est du présent absolu !"
VIDEO | 2016, 13' | Gilles Mouëllic, professeur d'études cinématographique à l'université Rennes 2 et auteur du...
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Benny, Hugh et Lélia sont frères et sœur et partagent à New York le même appartement. Chacun a des ambitions diverses mais tous veulent aimer et être aimés...
États-Unis, années 60. Benny, Hugh et Lélia sont frères et sœur et partagent à New York le même appartement. Alors que Benny passe ses journées dans les rues et les bars, Hugh tente de faire carrière comme chanteur de jazz. Lélia quant à elle veut être écrivain. Tous trois veulent aussi aimer et être aimés...
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" Coup d’essai tout à fait unique, il développe une approche parfaitement anarchique de la narration et des codes du cinéma de fiction. Fais
" Coup d’essai tout à fait unique, il développe une approche parfaitement anarchique de la narration et des codes du cinéma de fiction. Faisons donc lumière sur cette passionnante proposition de cinéma, et les toiles fantomatiques qu’elle tisse sur le quotidien, le rythme de la vie, et l’énergie de l’improvisation. (...)
Les codes de la narration per se devenus obsolètes, le pré-requis de Shadows est de ne pas avoir d’attente. Contraint à une réévaluation systématique de sa propre posture, le spectateur devient simple témoin. L’état d’attention accrue – tout est signifiant – auquel se soumet traditionnellement celui qui sait qu’on lui raconte quelque chose devient un état d’observation plus libéré, volatile, dépolarisé de tout modèle d’interprétation. Chaque scène n’est pas la progression d’un enjeu identifié au préalable, mais seulement la déclinaison aléatoire d’une situation. On se confronte ainsi au film comme on errerait, invisible, dans la réalité : sans attendre une logique des évènements, dans le tumulte des hommes et des femmes. Traversée désinvolte du monde : le cinéma n’est plus un discours, mais une empreinte. "
" En 1957. bien qu'ayant atteint une petite notoriété. Cassavetes quitte Los Angeles et revient à New York. II y fonde une école d'art dram
" En 1957. bien qu'ayant atteint une petite notoriété. Cassavetes quitte Los Angeles et revient à New York. II y fonde une école d'art dramatique. Il rêve déjà de réaliser son premier film sans passer par les grands studios. Il va utiliser ses élèves pour interpréter son premier long métrage, Shadows. La documentariste Shirley Clarke lui prête une caméra 16mm : Nico Papatakis, qui a quitté Paris et la guerre d'Algérie pour les bords de l'Hudson, va le coproduire. Le transfuge de Hollywood est alors prêt à filmer en décors naturels, dans le New York qu'il connaît, une histoire nocturne pleine de fureur et d'amour interracial (ce qui à l'époque ne se fait pas). Il table sur l'improvisation, joue avec la souplesse d’un matériel léger et une musique de Charlie Mingus (excusez du peu).
Avec son ton léger, sa vivacité, le film évoque la Nouvelle Vague, mais malgré un cousinage stylistique, un même refus de la lourde machinerie, Shadows vient d'ailleurs. Il est le fruit de la réflexion d'un acteur sur sa liberté d'un désir d'improvisation qu'a pu combler l'allégement des caméras 16mm et les nouveaux films rapides (...)'
"Un très grand charme, une très grande beauté émanent de ces images nocturnes ou diurnes qui tirent leur poésie insolite de leur seule véri
"Un très grand charme, une très grande beauté émanent de ces images nocturnes ou diurnes qui tirent leur poésie insolite de leur seule vérité. Les gros plans sont nombreux, les visages, cadrés de très près, étonnants. Le thème est simple (...) des moments d’existence, captés sur le vif et le film se termine sur une chute brusque, rien n’étant résolu et aucune indication n'étant donnée au spectateur sur ce qui pourra arriver par la suite (...) on ne nous invite pas à réfléchir mais à constater (...) Shadows s’inscrit au sein d’une évolution générale du langage cinématographique."
"Et, Shadows, John Cassavetes réalisait à 30 ans un des films les plus insolites et attachants qui nous soient arrivés d’outre-Atlantique. (
"Et, Shadows, John Cassavetes réalisait à 30 ans un des films les plus insolites et attachants qui nous soient arrivés d’outre-Atlantique. (...)
Shadows est une « improvisation » d’acteurs, née au sein du Variety Arts Studio de New York, dirigé par Cassavetes. (...)
Puis, au montage, il a choisi les moments les plus « radioactifs » des différentes séquences. Le résultat dépassa toute espérance. Ces Ombres, dotées au même temps d'une extraordinaire fluidité et d’un réalisme imprégné de poésie, aiment, luttent et souffrent, vivent en un mot, avec une acuité telle que l’écran semble s’effacer dès les premières images.(...)
Shadows dénote, par contre, une admirable indépendance créatrice doublée d’une révolte constante contre toute ankylose. Et puisque le film sort prochainement à Paris, empruntons la fin à Lautréamont, maître absolu des révoltes « Allez-y voir vous-même, si vous ne voulez pas me croire »."
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