Kiyoshi Kurosawa : " Je n’ai qu’une obsession : filmer la fiction de la façon la plus réaliste possible"
VIDEO | 2014, 11' | Rangé parmi les spécialistes du film de genre, en particulier dans le fantastique et l'horrifi1
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Jun et Koji forment un couple simple. Tout bascule quand un inspecteur fait appel à Jun pour une affaire de kidnapping, car elle possède des talents de médium.
Dans la banlieue de Tokyo, Jun et Koji forment un couple simple et tranquille jusqu'au jour où leur fillette est kidnappée. Sans véritables indices pour faire avancer l'enquête, la police piétine. Un inspecteur fait alors appel à Jun, car elle possède des talents de médium. Tout bascule...
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" Les fantômes sont très familiers aux Japonais. Certains cinéastes japonais tournent même des films sans fa
" Les fantômes sont très familiers aux Japonais. Certains cinéastes japonais tournent même des films sans fantômes néanmoins fantômatiques. Pour Kiyoshi Kurosawa (...) la présence d’un fantôme pèse le poids de la mauvaise conscience de celui qui le voit. Dans Séance (...) un couple met la police sur des pistes qu'ils fabriquent devenant peu à peu comme des fantômes de leur propre vie avant d'être assiégés par l’au-delà. A moins que ce ne soit leur raison qui vacille.
Le film policier croise ainsi le fantastique et glisse vers l'observation clinique d'un couple peu à peu dévasté par sa propre folie (...) Le fantastique de Séance se limite aux tranquilles apparitions (une hallucination ?) d’un mort et à une séance de spiritisme. C’est le quotidien d’un couple qui se trouve miné par la peur, le doute, ; l’incompréhension. La solution que l'on croit trouver, le mensonge, se révèle le pire des poisons. Séance devient alors une lente plongée dans la peur. Mais le film ne fait pas sursauter. Bien mieux. Il vous fait redouter... le pire, évidemment. Lequel se résume ici à une maison familiale saccagée, et une vie de couple dévastée. Après la séance, méfions-nous des fantômes qui dorment dans nos petits appartements."
" Dans ses interviews, Kiyoshi Kurosawa explique assez simplement comment il refuse depuis vingt ans (...) de se poser la
" Dans ses interviews, Kiyoshi Kurosawa explique assez simplement comment il refuse depuis vingt ans (...) de se poser la question du genre. Peu importe de savoir si Séance est un film fantastique, et à quelle branche du genre il appartient. Il suffit de voir avec quelle modestie le cinéaste insinue le paranormal dans les premières scènes. C'est d'abord un sujet de conversation entre un étudiant en psychologie et son directeur de thèse. Ce dernier est sceptique. Puis l'étudiant rejoint Jun, une médium qu'il avait amenée avec lui pour une éventuelle « démonstration » de ses dons paranormaux. Déçue car inutile, celle-ci rentre chez elle.
Séance est l'adaptation d'un roman anglais du début des années 60. Le scénario prend néanmoins à son compte certains traits du Japon actuel déjà repérés ailleurs : pratique du non-dit, prégnance d'une culpabilité nourrie par un syncrétisme religieux, réservoir de frustrations, sociales et autres. Avec Jun, voici aussitôt venir les fantômes (...)
Kurosawa s'efforce d'être impartial : il semble admettre la réalité des « phénomènes », puis dans un second temps nous en propose le revers bidonné. Les deux séances qui vont crucifier le couple au mur de l'imposture sont le pendant hystérique du lent processus d'accablement qui dévaste l'infortuné Koji (Koji Yakusho, l'acteur fétiche de Kurosawa, est comme d'habitude excellent). Car tout a évidemment mal tourné, et le coupable, c'est lui. Sa femme en est sûre. Sans personne d'autre à qui confier ses tourments, il s'en persuade lui-même. La fillette en vert est devenue un fantôme, un des plus flippants qu'on ait vus de mémoire récente. Le recours assez comique à des prêtres exorcisant la maison symbolise une impuissance morale. Le film, lui, paraît n'avoir jamais quitté son cours imperturbable, ni tout à fait dérogé au cahier des charges d'une honnête série B. Mais son travail sur l'esprit du spectateur est accompli, il ronge, il attaque, il détruit. Kurosawa, malin jusqu'au bout, nous laisse entendre et même voir que sa résolution policière est quasiment superflue. Grand petit film."
" Kurosawa puise dans l’héritage japonais du film de fantômes en prenant soin d’en gommer chaque aspér
" Kurosawa puise dans l’héritage japonais du film de fantômes en prenant soin d’en gommer chaque aspérité. Point de spectres échevelés et grimaçants ni de choc généré par une apparition brutale, les effets coup de boutoir dégainés par les petites mains du ciné US sont renvoyés ad patres au profit d’une terreur sourde et diffuse, mais hautement plus prégnante. Même les potentialités du hors-champ subissent une distorsion. Graphique, lisse et plat jusqu’à l’unidimensionnel, apparaissant le plus souvent au détour de la fluide lenteur d’un mouvement de caméra, déjouant les effets de montage, le fantôme relève avant tout de l’empreinte, transmuant l’écran en suaire.
Agissant telle une surimpression, ce spectre féminin au trait manga n’a pas même à se faire menaçant pour étendre son pouvoir. Toute intermittente qu’elle soit, sa présence est indélébile, comme une trace qui mettrait à mal la dichotomie visible/invisible. Le flight-case dont il s’extrait renvoie d’ailleurs autant au tombeau qu’au couffin de l’enfant que le couple n’a pas eu, au cycle incessant de la naissance et de la mort. Tapi dans le plan comme dans les consciences, le fantôme se fait virus, prend une forme ou une autre autorisant le cinéaste à esquisser ce thème du double qu’on retrouvera au centre de son nouvel opus inédit, Doppelganger, et phagocyte jusqu’au corps même du film.
Car sous la surface spectrale, filtrant à travers la gaine serrée du genre, se déploie un autre Séance, accueillant également la pluralité des figures, tutélaires celles-ci. Cheminant d’un versant tourneurien à un autre, antonionien, Kurosawa livre un amer mélodrame sur le couple, où pour endiguer la crise chacun se perd en promesses qui ne font qu’élargir la faille qui les relie et délie.
Le finale, glaçant transfert de culpabilité, précipite alors le film dans un gouffre ouvert en 1956 par L’Invraisemblable Vérité de Fritz Lang, puis creusé à nouveau par le Chabrol de Merci pour le chocolat. Kurosawa-Chabrol, ce jumelage pourrait surprendre, mais Séance assène une vérité nullement invraisemblable : au-delà des continents, ces deux-là parlent ici parfaitement le même Lang."
" Chez Kurosawa, le crime ne paie pas plus que chez John Huston. Jun et Koji se prennent aux pièges de la mise en scène
" Chez Kurosawa, le crime ne paie pas plus que chez John Huston. Jun et Koji se prennent aux pièges de la mise en scène dont ils sont les victimes autant que les auteurs. L'intrigue policière révèle aussi bien leurs comportements que les touches fantastiques, au coeur d'une dramaturgie qui va pour l'essentiel se jouer dans le huis clos de leur intimité. Et comme dans l'Amérique puritaine que le cinéma n'a cessé de dévoiler, c'est leur désir de s'extraire d'existences par trop ordinaires et contraintes qui les mène à la perte. Le désir, dès lors qu'il s'exprime, mérite d'être sanctionné. C'est ainsi que les tance, en sentences limpides, le prêtre shinto vêtu de son costume traditionnel, auquel ils font appel pour les exorciser, dans l'accès de culpabilité qui va un moment les submerger.
Tout est là de la charge d'oppression que fait peser la société japonaise d'aujourd'hui plombée de ses héritages. Kiyoshi Kurosawa la traque d'un film à l'autre en usant de la matière même du cinéma.
Lumières et cadrages parviennent à vous glacer la moelle à l'exemple du jour froid qui frange les rideaux du salon du couple durant une séance de spiritisme. Un mur dont l'angle se grise, une lueur mourante qui s'estompe, des ombres portées qui obscurcissent un seuil et s'ouvre le sombre dédale de notre imaginaire. L'emprise terrifiante d'un fond entièrement noir où se matérialisent nos peurs devient alors un espace plus redoutable que les apparitions de spectres prêts à surgir du hors champ. Le son, également, est travaillé pour ses ressources propres.
Au coeur du métier de Koji, la force des modulations et des amplifications nous projette en quelques secondes du ronronnement familier d'un réacteur d'avion au voyage au bout de l'enfer des appareils de chasse sans quitter l'espace du studio. Le son peut autant que l'image caractériser un paysage, et c'est en prélevant le frémissement des feuillages dans le vent que Koji va, par inadvertance, sceller son destin et celui de sa femme..."
" Kiyoshi Kurosawa aime les exposés. Il adore poser des problématiques à ses films et tenter avec plus ou moins d
" Kiyoshi Kurosawa aime les exposés. Il adore poser des problématiques à ses films et tenter avec plus ou moins de réussite d'y répondre, de les illustrer, ou de les dynamiter par l'absurde (...). Séance (...) tente de nous mettre sur la piste d'une obscure théorie de Jung. Prolongée par les réflexions d'un personnage intriguant, le jeune étudiant en psychologie Hayasaka (...). Cette théorie voudrait nous dire que certaines apparitions de fantômes seraient dûes à une interprétation d'un Moi malade de l'individu (...)
Encore à la croisée des genres, et toujours cousin de son comparse Nakata (...) que Kurosawa cite sans cesse (...), Séance tente de donner des images à des maux. Le fantastique ne cesse de dire qu'il n'est que la production de nos fantasmes et de nos peurs dont l'origine se tisse toujours avec la réalité."
"Réalisé peu avant Kaïro, Séance contient déjà en lui tout ce qui a fait l'entêtante
"Réalisé peu avant Kaïro, Séance contient déjà en lui tout ce qui a fait l'entêtante beauté de ce qui est peut-être le chef-d'oeuvre de Kiyoshi Kurosawa. (...) Sans doute plus que d'autres, Kiyoshi Kurosawa aura opéré la fusion du cinéma moderne et du cinéma de genre par l'immersion du fantastique et de l'horreur au sein de questionnements existentiels, et à l'intérieur d'une fiction de couple comme rarement il nous a été donné d'en voir."
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