UniversCiné utilise des cookies afin de vous offrir une expérience utilisateur optimale.
En les acceptant vous nous permettez d’améliorer nos services, de mesurer notre audience, de personnaliser votre expérience et vous pourrez bénéficier des fonctionnalités relatives aux réseaux sociaux.
Vous pouvez personnaliser vos choix en cliquant sur « PERSONNALISER » et obtenir davantage d'informations en consultant notre politique de gestion des cookies.
This is a modal window.
Début de la fenêtre de dialogue. La touche d'échappement annulera et fermera la fenêtre.
Fin de la fenêtre de dialogue.
Jason rêve de réaliser un film d'horreur. Bob accepte de financer son film à une condition : Jason doit trouver le meilleur gémissement de l'histoire du cinéma.
Jason, un cameraman placide, rêve de réaliser son premier film d'horreur. Bob Marshal, un riche producteur, accepte de financer son film à une seule condition : Jason a 48h pour trouver le meilleur gémissement de l'histoire du cinéma. Au cours de ses recherches, Jason se perd dans un cauchemar.
Le lecteur n'est pas installé ?
Pour votre information, la lecture en mode hors-ligne n'est pas compatible avec le système d'exploitation Linux
" Il aura fallu près de huit ans à Quentin Dupieux, alias Mr. Oizo, pour enfin concrétiser son projet Réalité. Faute de financement, d’
" Il aura fallu près de huit ans à Quentin Dupieux, alias Mr. Oizo, pour enfin concrétiser son projet Réalité. Faute de financement, d’inspiration, de compatibilité d’agenda avec ses acteurs, le cinéaste-musicien retarda l’échéance et signa entre-temps une série de films-laboratoires (Rubber, Wrong, Wrong Cops) dans lesquels il affûtait son style. Une longue période de recherches et de ratures dont Réalité pourrait être l’aboutissement, tant la dernière bizarrerie de Dupieux a des airs de film-somme, déployant avec une forme de clarté et de majesté tout ce qui fait la signature de l’auteur. Ses fans et détracteurs ne seront donc pas dépaysés par cette nouvelle expérimentation absurde, à la croisée du comique lo-fi et du thriller paranoïaque, de la blague conceptuelle et du drame existentiel.
Campé dans le décor traditionnel du cinéaste, un Los Angeles suburban mi-réaliste, mi-onirique, le scénario tresse au départ quatre histoires parallèles. Il y a d’un côté cette fillette obsédée par une VHS bleue qu’elle croit avoir vue sortir des entrailles d’un sanglier ; un présentateur d’une émission culinaire persuadé d’être atteint d’une violente crise d’eczéma ; un directeur d’école qui se travestit en secret ; et enfin Jason (Alain Chabat), cadreur de plateau télé qui rêve de réaliser son premier film d’horreur où les téléviseurs se mettraient à tuer les gens via des ondes mortelles. Tout ce petit monde se croise et se perd dans les méandres d’un scénario a priori sans queue ni tête, où Quentin Dupieux récite son art du non-sens avec une certaine habileté qui menace, un temps, de virer à la routine.
Mais voilà qu’à mi-chemin le film opère une brusque métamorphose et se recentre sur le personnage de Jason, à qui un producteur (Jonathan Lambert) promet de financer son projet de long métrage s’il remplit une seule condition : enregistrer le gémissement “parfait”.
Lancé dans sa quête du cri ultime, Jason perd les pédales et s’enfonce peu à peu dans un état de rêve, ou de cauchemar : il souffre d’un dédoublement de personnalité, pense être l’acteur d’un autre film, voit apparaître d’étranges silhouettes sans visage. Réalité, dès lors, s’emballe au rythme du vertige psychologique de son personnage, multipliant les niveaux de réalité à la faveur d’un montage tentaculaire, où le tangible et l’hallucination se confondent sans cesse.
Avec une vitesse inouïe, Quentin Dupieux orchestre ainsi son film tel un labyrinthe mental, ou une poupée gigogne, dont chaque scène se conclut par une relance narrative, et ainsi de suite, jusqu’à une résolution finalement anecdotique. Il trouve ici la formule la plus aboutie de cette utopie de cinéma vers laquelle convergent tous ses films depuis ses débuts : un cinéma sans aucune frontière, sans entraves, délié des conventions logiques des scénarios, des décors et des personnages. Un cinéma de pur mouvement, fait de boucles et de crescendos, dont la finalité est moins de créer du sens que de provoquer, chez le spectateur, un effet de transe euphorique.
En cela, Réalité est sans doute le film de Quentin Dupieux qui aura le mieux réussi la conjonction des deux disciplines de l’auteur, la musique et le cinéma, retrouvant dans ce récit symphonique quelque chose de l’ordre de la poésie machinale, primitive, extatique, de l’electro. Il est aussi son film le plus frontal, celui où l’absurde n’advient plus grâce à des idées un peu gadget (le pneu de Rubber, les horloges détraquées de Wrong…) mais agit comme une force motrice qui préside à chaque situation.
C’est, enfin, son film le plus intime, le premier où Quentin Dupieux se raconte et se livre à une sorte d’autoanalyse en tant qu’auteur – son Huit et demi, si l’on veut. A travers le personnage de Jason, qu’incarne un Alain Chabat idéalement ahuri, le cinéaste révèle son rapport flippé à la création, sa peur de la répétition et du système. Il montre bien quel genre d’angoisse nourrit son œuvre si singulière, et quel élan suprêmement amateur en fonde le manifeste. Résumé en une phrase déjà culte prononcée par Jason, cela donne : “Kubrick mes couilles”. "
" Il arrivera peut-être un jour où on dira « dupieusien », comme on dit « bunuelien » ou « lynchien ». Ça sonne moins bien, mais il faut bie
" Il arrivera peut-être un jour où on dira « dupieusien », comme on dit « bunuelien » ou « lynchien ». Ça sonne moins bien, mais il faut bien trouver un mot pour définir l'univers si branque de ce rastaquouère français exilé à Los Angeles, qui signe son sixième film, le plus abouti, sans doute, le plus captivant, aussi. Si on a évoqué David Lynch, ce n'est pas par hasard : Réalité pourrait parfaitement faire office de version dégénérée, « idiote » (au sens noble, dadaïste du terme) de Mulholland Drive.
Jason (Alain Chabat) travaille comme cameraman à la télé, sur le plateau d'une émission culinaire, à Los Angeles. C'est un candide, qui porte un rêve en lui : réaliser un film d'horreur. Il en parle à un producteur, Bob Marshall (Jonathan Lambert, inénarrable), qui le reçoit dans une baraque démente. La séquence, un film en soi, atteint des sommets de loufoquerie, car le nabab, monomaniaque, totalement lunatique, ne tient pas en place. Il est malgré tout emballé par le projet, il est même prêt à signer, à condition que Jason trouve sous quarante-huit heures un gémissement de douleur ( !) qui marque l'histoire du cinéma. Pendant ce temps, d'autres personnages, d'autres récits se déploient, en alternance. Une fillette trouve une cassette vidéo dans les entrailles d'un sanglier dépecé par son père chasseur. Un directeur d'école se balade en jeep, habillé en femme. Un présentateur d'émission, qui ne fait que se gratter à l'antenne parce qu'il ne supporte plus son costume de rongeur, donne de sérieux signes de troubles psychiques.
Au départ autonomes, tous ces récits plus ou moins absurdes finissent par se croiser, s'emboîter les uns dans les autres. Construction gigogne, rêve dans le rêve, film dans le film du film... La mise en abyme, assez vertigineuse, a de quoi nous laisser bouche bée, exactement comme l'est un moment Bob Marshall, estomaqué par la tournure du film qu'il visionne en salle de projection. Car Quentin Dupieux n'est pas seulement drôle et brillant, il est surtout bizarre, d'une inquiétante étrangeté.
Tout ici est surréel — le minutage des séquences, les angles choisis, la gueule des acteurs, les répliques anormales, le passage en boucle d'un morceau hypnotique de Philip Glass. On pense à cette formule de Marcel Proust : « Les beaux livres sont écrits dans une sorte de langue étrangère. » Aussi saugrenu que cela puisse paraître, elle convient parfaitement à cet ovni. "
" Envolée comique onirique, le cinquième film de Quentin Dupieux célèbre les monomaniaques. En douce, une petite fille prénommée Reality (c
" Envolée comique onirique, le cinquième film de Quentin Dupieux célèbre les monomaniaques.
En douce, une petite fille prénommée Reality (c’est joli) fouille un magma plasmatique dans les poubelles de la maison de sa famille, en quête d’une VHS qu’elle a vu tomber des entrailles d’un sanglier abattu par son père, puis évidé sur la table de la cuisine. A ses heures perdues, elle regarde une désolante émission culinaire dont le présentateur absurdement vêtu d’un costume de rat (le merveilleux Jon Heder, découvert dans la comédie culte Napoleon Dynamite) est pris d’embarrassantes crises de démangeaisons, qu’il attribue à un eczéma dont tout indique qu’il est imaginaire. L’un des caméramen du programme, Jason (Alain Chabat), prépare un film d’horreur dont le synopsis, où il est question d’une humanité décimée par les ondes mortelles de postes de télévision tueurs, évoque vaguement une version Z de Vidéodrome.
Il rencontre un producteur - lequel finance en parallèle la première fiction de Zorg, un documentariste ayatollah du cinéma du réel -, lui pitche malaisément le projet (dans une scène au prodigieux tempo comique, tout d’interférences et de digressions) et se voit proposer un contrat à la condition qu’il remplisse la seule condition qui excite son hypothétique financier (Jonathan Lambert) : qu’il mette au point un râle d’agonie digne d’un oscar. Pendant ce temps, son épouse (Elodie Bouchez), une psychanalyste autoritaire, reçoit en consultation le directeur de l’école primaire de Reality, qui se travestit en des rêves qui sont peut-être les siens ou, qui sait, ceux d’un autre.
Voilà à peu près les fils qui se croisent et s’entortillent sans cesse pour tisser la toile de Réalité, la trame d’une matière si chimérique et éthérée que l’on en vient, à l’heure d’en recomposer les convolutions et confluences après la projection, à se demander quelle part relève de ce que l’on a bel et bien vu, et quelle autre de la plus suave divagation de l’esprit. Amalgamé d’un enchâssement de rêves gigognes et inscrit dans des décors anonymes de Los Angeles juste à la périphérie sans qualité du mythe, le cinquième long métrage de Dupieux ressemble peu ou prou à un remake de Mulholland Drive tourné sur le mode d’une charade hallucinée, sous la cloche d’un monde à la fois autiste à la raison et sans cesse traversé de sourds échos aux films tournés en France par le Buñuel tardif.
Du cinéaste, c’est là de loin le film le plus accompli, le plus beau, depuis l’ahurissant Steak (2007), qui l’avait révélé à quelques adulateurs esseulés au milieu de fans de grasses comédies déroutés. Son plus musical aussi, avec ses boucles et scansions d’une drôlerie aussi anxieuse qu’entêtante, que synthétise idéalement le thème de Philip Glass qui lui imprime sa cadence.
C’est aussi, à travers une ahurissante galerie de personnages tous monomaniaques, tous comme rongés par un mal intérieur à l’image de celui de Jon Heder, figurines d’hommes creux pareils à ces pantins qui cernent Alain Chabat sur l’affiche, l’autoportrait d’un geste obsessionnel et d’une idée fixe. Peut-être bien celle qu’ont en partage le réalisateur et son acteur principal (dont on ne se rappelle pas avoir jamais vu la douceur lunaire mieux servie qu’ici), tous les deux rivés, à leur manière propre, à la poésie des chutes et de l’accident à la marge. Cette exigence de singularité et d’étrangeté comique, ambition rare qui scelle ici leur étincelante collaboration et que l’un et l’autre portent, par ailleurs, aux plus distantes extrémités du spectre industriel du cinéma français. "
Nos offres d'abonnement
BASIQUE ETUDIANTS
1 | € |
le 1er mois(1) |
SANS ENGAGEMENT puis 4,99€ /mois
Sur présentation d'un justificatif(2)
BASIQUE
1 | € |
le 1er mois(1) |
SANS ENGAGEMENT puis 6,99€ /mois
PREMIUM
9 | ,99€ |
/mois |
SANS ENGAGEMENT
* A l'exception des films signalés
CINÉPHILE
15 | ,99€ |
/mois |
SANS ENGAGEMENT
*A l'exception des films signalés
BASIQUE ETUDIANTS
49 | ,99€ |
/an |
Sur présentation d'un justificatif(2)
BASIQUE
69 | ,99€ |
pour 1 an |
PREMIUM
99 | ,99€ |
pour 1 an |
* A l'exception des films signalés
CINÉPHILE
175 | ,99€ |
pour 1 an |
* A l'exception des films signalés
Vous devrez fournir un justificatif de scolarité (carte étudiante ou certificat, en .pdf ou .jpg).
UniversCiné se réserve le droit d'annuler l'abonnement sans possibilité de remboursement si la pièce
jointe envoyée n'est pas conforme.
Offre valable 12 mois à partir de la date de l'abonnement
_TITLE