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Hidetora, le vénérable chef du clan Ichimonji, décide de mettre ses trois fils en concurrence pour sa succession, lesquels se déchirent bien vite.
Hidetora, le vénérable chef du clan Ichimonji, sentant ses forces et son envie décliner, se résout à renoncer à son pouvoir au profit de ses trois fils, Taro, Jiro et Saburo. Pour se voir attribuer un château, chacun devra prouver sa bravoure à l’occasion d’une partie de chasse. Mais Saburo, le plus jeune de ses fils, conscient des menaces que cette répartition du royaume fait peser sur son unité, conteste l’héritage. Ombragé par cette insoumission, Hidetora décide de bannir son fils au profit des deux ainés. Pourtant, les craintes du plus loyal de ses fils viennent bientôt à se réaliser. Assoiffés de pouvoir, Taro et Jiro, après avoir poussé leur père hors du trône, se livrent une bataille fratricide pour régner en maître incontesté sur le royaume.
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" Akira Kurosawa était fasciné par l'histoire de Motonari Mori, un chef de guerre du XVIe siècle, lége
" Akira Kurosawa était fasciné par l'histoire de Motonari Mori, un chef de guerre du XVIe siècle, légendaire au Japon pour avoir su transmettre sa fougue, son courage mais aussi sa sagesse à ses descendants. La genèse de Ran répond à cette interrogation : quel aurait été l'avenir de la famille Mori si les fils s'étaient opposés à leur père et s'étaient déchirés ?
Le projet, l'un des plus ambitieux du réalisateur des Sept Samouraïs, va ainsi glisser de la fresque médiévale à la tragédie shakespearienne via une adaptation exemplaire du Roi Lear. Kurosawa transforme les filles de la pièce en fils, développe des thèmes seulement esquissés par le dramaturge anglais (notamment la responsabilité du vieux monarque dans la folie autodestructrice de ses enfants), fusionne certains personnages secondaires et en imagine d'autres, saisissants - comment ne pas être impressionné par l'impitoyable Kaede, qui évoque autant lady Macbeth que la femme-serpent du théâtre kabuki ?
Les pentes du mont Fuji deviennent la scène d'un théâtre de bruit et de fureur, où les passions humaines conduisent inexorablement à la désolation. Les cadavres criblés de flèches s'entassent, un amputé tient son bras coupé avec sa main valide, les servantes se poignardent par fidélité envers leur seigneur et maître déchu (Tatsuya Nakadai, dont le jeu réussit la synthèse du réalisme occidental et de la stylisation du théâtre nô). Kurosawa organise ce chaos (ran, en japonais) en peintre du clair-obscur et du rouge sang qui connaît son Caravage et son Paolo Uccello sur le bout du pinceau. Et le spectacle de l'horreur devient oeuvre d'art."
" Deux heures quarante de beauté plastique, de perfection formelle, d'images à couper le souffle (...) De bout en bou
" Peindre un tableau caméléon, une toile mouvante où l’on verrait les couleurs virer, s’obs
" Peindre un tableau caméléon, une toile mouvante où l’on verrait les couleurs virer, s’obscurcir ou changer de tonalité est un rêve impossible sans le secours de l’électronique. L’impressionniste Claude Monet y parvint presque, au début du siècle, avec ses fameux Nymphéas bariolés, et cette série de Cathédrales qui passent du bleu au rose et au jaune...
Kurosawa, lui, s’est crânement attaqué à cette chimère. Jeune étudiant en arts plastiques, il avait essuyé, autrefois, les moqueries de ses académiques petits camarades en brossant des compositions de taches colorées qui, à l’époque, paraissaient totalement hermétiques. Soixante ans plus tard, le vieux sage japonais prend sa revanche: il signe avec Ran un film grandiose et limpide, distillant une émotion visuelle rarement égalée où, peu à peu, le jaune éclatant du soleil, la verdure vivace d’un paysage écologique, sont asphyxiés par le sombre tumulte des nuages et les noires fumées de la tragédie.
Il faut dire que Kurosawa s’est mis dans la position du démiurge. Cette éblouissante peinture d’un monde brutalement déchiré par le tonnerre des trahisons humaines (« Ran » signifie littéralement « chaos »), est filmée (il le confie avec morgue) « du point de vue du ciel ». L’enfer, donc, s’est installé sur terre, et la Nature est en colère. Seul, dans le dernier plan, restera un aveugle, livré à lui-même, car après le déchaînement furieux des ambitions les plus sanguinaires, il n’y a plus ni Dieu, ni Bouddha. Et « le ciel pleure ».
Le responsable de ce tumulte dément ? Le goût du pouvoir. On se souvient que dans Kagemusha, Kurosawa démasquait les ruses, les mises en scène déployées par un clan féodal pour placer un imposteur sur le trône. Il dénonce cette fois le machiavélisme des princes du sang, le désordre qui s’instaure dans la cour d’un seigneur tout-puissant au moment de la transmission d’une puissance suprême qui s’avère éphémère.
(…) Au-dessus de la mêlée, avec une compassion presque fataliste, Kurosawa dépeint donc ce double chaos (chaos politique à cause des combats fratricides, chaos affectif à cause du gouffre moral où le despote se trouve précipité) comme un spectacle à la fois châtoyant et désolant, donné sur la scène du plus grand théâtre du monde. Le prologue nous montre ces marionnettes humaines surgissant de derrière une toile tendue en pleine campagne.
L’essentiel, par la suite, consiste en un jeu d’exclusion des lieux sacrés: les fils indignes ferment une à une les lourdes portes des châteaux qu’ils investissent et condamnent leur père à une piteuse retraite sur les étendues désertiques, en coulisses, où l’on ne joue plus que le rôle du cabot dépossédé de ses sujets-spectateurs.
Simplification du décor, effets sonores exaltant le claquement des oriflammes ou le froissement d’une robe, enrobant tour à tour la foudroyante attaque d’un donjon de musique romantique puis de râles, de cacophonies guerrières, de grêles, de sifflements de flèches meurtrières: c’est à un « Kimono Furioso», un « Apocalypse Nô » auquel nous sommes conviés, dont les protagonistes s’agitent comme autant de créatures sans âme.
Ran, en effet, met en scène des corps : affublés de costumes codés (à chaque fils sa couleur), maquillés d’impassibilité. L’homme est un scarabée aux armures-carapaces que les pluies de flèches enflammées changent en « porcs-épiques ». La femme est un renard dont le châtiment suprême est la décapitation. La folie transforme le seigneur exclu des sites raisonnables en une masse molle, sans dignité, flottante au gré des vents, s’écroulant dans les fossés. Les dépouilles agonisantes se muent en outres pleines de sang qui se vident en giclant.
Qu’il montre (avec quelle économie de gestes, quelle puissance d’évocation!) la scène de séduction de Kaede, ensorcelante instigatrice des complots les plus sordides, Lady Macbeth de ces putrides châteaux d’araignées, ou les assauts sanglants des cavaliers de l’Apocalypse, Kurosawa se comporte en calligraphe. Il mise sur une harmonieuse alternance entre la vitesse frénétique et l’immobilité, comme par obsession d’une symétrie parfaite entre la délicatesse d’une plume d’encre et le trait épais du pinceau de lavis, la verticalité agressive des lances menaçantes et la quiétude horizontale des paysages piétinés.
Ran n’est pas un film à lire, c’est un film à voir, une peinture en mouvement."
Budget final : 12 millions de dollars, et j’ai envie de dire que ce n’est pas cher - même si c’est énorme po
Budget final : 12 millions de dollars, et j’ai envie de dire que ce n’est pas cher - même si c’est énorme pour le Japon- tant la beauté hallucinante de chaque plan donne le sentiment que pas un dollar n’a été gaspillé. Et s’il est arrivé à Kurosawa, lors du tournage, d’immobiliser son équipe une heure ou deux afin d’obtenir précisément la couleur et l’éclairage naturels qu’il souhaitait, on se dit qu’il a bien fait, que c'est loin d’être du temps - donc de l’argent - perdu tant le résultat relève de l’absolue perfection.
Enfin, je voudrais faire un sort à un mot qui revient souvent lorsqu’on parle de Kurosawa, celui de « démesure » ; sans doute est-ce vrai dans un contexte japonais, mais il suffit de comparer le budget de Ran à celui de certaines superproductions américaines pour se rendre compte qu'il n’a rien d’extravagant.
Ran (mot japonais qui signifie le chaos, le désordre) est une adaptation très libre du Roi Lear de Shakespeare, le changement le plus important étant qu’au lieu de trois filles, il s’agit ici de trois fils. Cela ne saurait surprendre de la part d’un auteur qui a, pratiquement dans tous ses films, choisi un homme pour incarner le personnage principal. La femme est ailleurs, chez Kurosawa, comme tapie dans l’ombre, et perturbe par le désir qu’elle inspire le rapport des hommes au pouvoir ; elle est toujours un peu manipulatrice. Schéma trop général certes, mais qui « colle » bien à certains films et en particulier à celui-là (fantastique personnage que celui de Kaédé !).
L’action se situe dans une période qu’affectionne particulièrement Kurosawa, le XVIe siècle - à cette époque, le Japon médiéval est en proie aux guerres perpétuelles des clans voulant imposer leur suprématie - et a pour héros principal un grand seigneur, Hidetora Ichi- monji, lequel, vieux et fatigué, décide de céder le pouvoir à ses trois fils, donnant à chacun d’eux un château et désignant l’aîné, Taro, pour lui succéder à la tête du clan (...)
C’est la deuxième fois que Kurosawa adapte Shakespeare, l’une de ses grandes passions ; dans le cas présent, s’il n’est pas tout à fait fidèle à la lettre, il travaille à fond, en revanche, ce qui, de toute évidence, l’intéresse le plus chez le dramaturge : la réflexion sur le pouvoir, la folie, la mort, toutes choses qui parcourent aussi l’œuvre du cinéaste ; à meilleure preuve la relation entre Hidetora et son bouffon, entre le roi fou et le fou du roi, qu’il porte à des sommets de magie cinématographique, ayant en sus l’idée géniale de faire interpréter le rôle du bouffon par un célèbre travesti des années soixante, ce qui accroît encore l’étrangeté de leur fantastique duo tout au long du film.
Des héros principaux aux personnages secondaires, chacun d’entre eux mériterait qu’on s’y arrêtât ; il n’en est aucun qui ne remplisse l’écran de sa présence, et sur ce critère simplement, on peut être sûr qu’on se trouve en face d’un chef-d’œuvre. Ce que je crains, c’est que l’incroyable beauté du film se retourne contre lui, que sa perfection formelle suscite des méfiances se traduisant par des réflexions du genre : « Les images sont superbes... Mais n’a-t-il pas trop sacrifié à l'esthétique ? » Comme si la splendeur picturale du film excluait l’émotion.
Je dois avouer que, pour ma part, certaines séquences m’ont totalement exalté ; je n’en mentionnerai qu’une, la plus extraordinaire peut-être, la prise du château dans lequel se trouve Hidetora : alors que les soldats ennemis pénètrent dans l’enceinte, massacrant tout sur leur passage, obligeant le vieil homme à se réfugier dans le donjon - scène construite sur un double mouvement d’enfoncement et d’ascension -, Kurosawa, plus inspiré que jamais, supprime de la bande son les bruits de la bataille et leur substitue la musique de Toru Takemitsu. D’un coup, on se trouve plongé dans une autre dimension, on ne sait plus ce qui est le plus fort : l’horreur ou la beauté des images de massacre ; on se trouve propulsé dans le cauchemar du vieil homme et Kurosawa nous fait réellement ressentir une hallucination.
Et quand, dans la même séquence, Hidetora, assis au milieu du donjon qui brûle, regarde fixement la caméra, c’est-à-dire nous, pendant que des centaines de flèches, au bruit insupportable, fusent de tous côtés sans l’atteindre - la scène est effrayante - on ne peut plus douter d’avoir affaire à un immense cinéaste. Interrogé, il y a une dizaine d’années sur son art, il répondait : « Je suis un metteur en scène... et c’est tout».
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