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Mutée à Lens, une jeune femme policière enquête sur un réseau de prostitution enfantine et se heurte à l'establishment local.
Corinne Levasseur, jeune inspecteur de police dans une ville du Midi, est mutée dans le Nord de la France suite à un interrogatoire illégal. Elle se retrouve dans une ville moyenne, dominée et contrôlée par un riche industriel et sa famille. Là, elle découvre un réseau de prostitution enfantine dans lequel sont impliquées des personnalités influentes de la région.
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" A quoi bon chicaner sur le style, le dialogue, le simplisme ou la caricature ? Plus occupé à s’attaquer aux vices de notre société qu’à
" A quoi bon chicaner sur le style, le dialogue, le simplisme ou la caricature ? Plus occupé à s’attaquer aux vices de notre société qu’à signer des œuvres d’art, Yves Boisset brosse des films-éditoriaux destinés à alerter l’opinion. L’impact d’une dénonciation se mesure d’abord au nombre d’entrées. C’est sans doute ce qui gêne le plus les puristes qui ont la pellicule tellement propre... qu’ils n’ont plus de pellicule.
Ainsi Yves Boisset est l’un des seuls réalisateurs français à avoir dépeint la guerre d’Algérie (RAS), l’un des premiers a avoir osé parler des « bavures » de la police (Un Condé) et de la politique (L’Attentat). Et malgré ses apparences de fouineur de scandales (de l’affaire Ben Barka à l’affaire du Juge Renaud...), Boisset est un idéaliste. S’il dérange, c’est parce qu’il court après la vérité. Voilà dix ans maintenant qu’il écrit (sorte de Pierre Viansson-Ponté du septième art) une chronique journalistique de l’histoire contemporaine teintée de moralisme. Mine de rien, il raconte toujours la même histoire : celle de quelqu’un qui croit dur comme fer que son destin est de se dévouer aux autres. Qui a une haute idée de sa profession, et qui, quoi qu’il arrive, ne s’estime pas battu.
(…) L’inspecteur Corinne Levasseur, personnage auquel Miou-Miou apporte une puissante détermination (elle donne des yeux, une bouche, un visage à cette notion abstraite qu’est « la vocation »), est de cette trempe là. Elle travaille dans la police, et elle croit à la police. Entendez : à une certaine idée de la police. Celle qui poursuit les criminels quels qu’ils soient, celle qui protège le citoyen. Une police propre.
(…) Elle peut apparaître d’ailleurs comme une sorte de mythe du parfait fonctionnaire : elle est une sorte de « mutant » annonciatrice d’une police meilleure, une figure inaltérable de l’intégrité, et surtout : une femme, qui nous rappelle avec Louis Aragon que « la femme est l’avenir de l’homme ». L’itinéraire de ce personnage symbolique a quelque chose de christique. C’est un chemin de croix solitaire que parcourt cette justicière têtue qui sait que, quoi qu’elle fasse, elle fait peur à ceux qu’elle veut servir. Et qui lance quelques diatribes dérangeantes contre l’intolérance, la bonne conscience des « artistes de gauche », ou le paternalisme misogyne.
Mais attention : l’inspecteur Levasseur existe. Yves Boisset l’a rencontrée. Il a du moins rencontré ses homologues, les femmes-flics d’aujourd’hui ; comme il a rencontré les représentants des syndicats de police afin de sonder les psychologies de ses membres. Il a enquêté aussi (alerté par un fait divers paru dans « Le Monde ») sur le suicide de cette jeune inspectrice apparemment promise à une brillante carrière qui avait été mêlée à l’arrestation spectaculaire d’un ennemi public. Mutée dans l’Est de la France, cette dernière s’était retrouvée seule, isolée, coupée de ses racines, et en conflit perpétuel avec la hiérarchie. Rien des conflits de notre belle héroïne, donc, qui ne soit vérifié. Rien non plus des détails de sa quête qui ne soit authentique : la force de La Femme flic réside entre autres dans la révélation de l’importance (méconnue) des réseaux de prostitution enfantine en France.
(…) Et il faut savoir gré à Yves Boisset (qui signe là peut-être son meilleur film) d’avoir évité un écueil : on imagine aisément comment un admirateur des films policiers (qu’il est, d’ailleurs) aurait pu peindre la poursuite impitoyable de l’inspecteur obsédé par la chasse et la punition des coupables (bourgeois, notables intouchables, ou anarchistes céliniens) en rhapsodies sanglantes dans les nuits froides d’une ville de province.
Il a choisi une policière et préféré l’instinct maternel à l’arme à feu. La principale préoccupation de Madame l’inspectrice, c’est de protéger les victimes. Câliner la petite fille qui s’est fait violer par son père, l’emmener à l’Assistance publique, lui rendre visite... Démanteler le réseau des obsédés sexuels et des marchands de photos pornographiques afin d’éviter aux enfants de demain les traumatismes dont parents, juges, policiers et politiciens d’aujourd’hui se rendent complices. Afin qu’à l’avenir, on ait de bonnes raisons d’accorder « la » police avec le féminin."
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