
Jan Bonny : " Ce n'est pas une question de bourreau et de victime..."
Le réalisateur est parti d'un fait de société lu dans le journal où l'on affirmait que la violence faite aux hom...
UniversCiné utilise des cookies afin de vous offrir une expérience utilisateur optimale.
En les acceptant vous nous permettez d’améliorer nos services, de mesurer notre audience, de personnaliser votre expérience et vous pourrez bénéficier des fonctionnalités relatives aux réseaux sociaux.
Vous pouvez personnaliser vos choix en cliquant sur « PERSONNALISER » et obtenir davantage d'informations en consultant notre politique de gestion des cookies.
This is a modal window.
Début de la fenêtre de dialogue. La touche d'échappement annulera et fermera la fenêtre.
Fin de la fenêtre de dialogue.
Georg est un policier apprécié, et le couple qu'il forme avec Anne est un exemple. Mais derrière cette façade se cache une autre réalité.
Georg est un policier dévoué, très apprécié par ses collègues. Il est aussi admiré pour l'harmonie apparente du couple qu'il forme avec Anne. Mais cette façade soigneusement entretenue cache une autre réalité : leur vie conjugale est un désastre. Anne, exaspérée par la faiblesse de son mari et par la médiocrité générale de sa vie, est devenue violente, et son mari encaisse les coups au nom d'un amour indéfectible.
Le lecteur n'est pas installé ?
Pour votre information, la lecture en mode hors-ligne n'est pas compatible avec le système d'exploitation Linux
" La qualité primordiale de ce premier film du jeune (29 ans) Jan Bonny consiste justement à déjouer pas à pas tout ce qu'on pouvait en
" La qualité primordiale de ce premier film du jeune (29 ans) Jan Bonny consiste justement à déjouer pas à pas tout ce qu'on pouvait en attendre.
S'ouvrant sur une ronde de nuit dans les faubourgs d'une ville allemande non identifiée, le ton semble être celui d'une chronique policière (...) Tableaux de la petite bourgeoisie allemande dans une ville moyenne, extraits de la vie de bureau, au poste de police ou à l'école maternelle où Anne est institutrice, mise en situation des enfants du couple, une fille et un garçon, étudiants gentiment rebelles (...), scène obligée du repas de famille où suintent, mais pas trop, les habituelles mortifications (...) : la torpeur des habitudes, les ankyloses de l'ordinaire.
Mais toujours le malaise rôde, comme un invité surprise qui finit par mettre le pied dans la porte la première fois qu'Anne, excédée par une broutille, se déchaîne sur son mari. C'est une claque, qu'on n'a pas vue venir tant elle est habilement mise en scène comme un avatar de la banalité, une manière extravagante mais pas si extraordinaire de faire le ménage, de donner un coup de torchon. Pour qualifier ce type de comportement, on parle bien de violence domestique.
Reste que le choc visuel tient à l'inversion des rôles : la femme cogne et l'homme encaisse. C'est presque comique. Ne serait-ce que parce qu'il y a toute une iconographie populaire qui, sur un mode drolatique, met en scène le rouleau à pâtisserie de la mégère et le mari qui file doux.
Mentalement surgissent cependant des questions plus graves sur les motifs de cette femme et les raisons de cet homme. La dialectique du bourreau et de l'esclave n'est heureusement pas au programme. L'hypothèse d'un contrat SM rôde puisqu'après leurs séances particulières, la femme, après coups, guigne des cajoleries.
Tourments. Mais quel que soit l'apaisement de ces explications, elles ne sont jamais suffisantes, d'autant que le film instille d'autres tourments nettement plus énigmatiques, éventuellement familiers et surtout irrésolus. Comme le suggère le titre original (Gegenüber, «Vis-à-vis»), le personnage principal, c'est le couple, «entité à redondances vides» comme l'écrivit le spécialiste August Strindberg. De fait, les espérances de retrouvailles se perdent bien vite dans les rouages des figures imposées (belle scène de fiesta à la maison, où les copains de Georg exagèrent Anne dans le rôle de la parfaite maîtresse de maison). Et que dire du classique «Ciel, mon mari !», décoiffé par l'attitude du mari marri qui assiste au coït de son épouse avec un collègue, bien assis dans un fauteuil du salon, comme au cinéma ma foi ?
Le plan est très graphique où l'on observe Anne et Georg lovés «l'un contre l'autre» : en position gémellaire, endormis, apaisés peut-être ? Donnant en tout cas corps à la récurrente et apparemment contradictoire revendication des personnages : à la fois disparaître et attirer l'attention."
"Sombre, troublant et fort, L’Un contre l’autre (...) frappe par son audace, sa maturité et sa maîtrise. Pourtant, sur le papier, le pire ét
"Sombre, troublant et fort, L’Un contre l’autre (...) frappe par son audace, sa maturité et sa maîtrise. Pourtant, sur le papier, le pire était à craindre. D’abord à cause du sujet apparent du film – plutôt tabou au cinéma et dans nos sociétés – (...) : les hommes battus. Car à première vue, sur l’écran, ce que raconte et montre bel et bien L’Un contre l’autre, c’est l’évolution d’une crise entre un homme et son épouse, la violence croissante de celle-ci à l’encontre de celui-là qui la craint de plus en plus, et s’enfonce dans une névrose partagée qui ne peut mener qu’au pire. Bonny – sans qu’on ne discerne aucun calcul habile dans son jeu – ne tombe jamais dans la caricature ou les généralités, mais reste dans le présent des événements, dans l’action pure, à la manière d’un Pialat ou d’un Loach des années 1970 (Family Life, par exemple). C’est le regard respectueux qu’il porte sur ses personnages, en les considérant toujours comme des individus et non comme des exemples, qui fait de L’Un contre l’autre un film étonnamment tendre, mais aussi étonnamment désespéré. Bonny ne fait ni le malin ni le naïf avec son sujet. Il sait bien que, face au spectacle, sur un écran, d’un homme battu, deux réactions sont envisageables chez le spectateur : le rire ou le rejet, d’ailleurs compatibles. Bonny pourtant n’en a cure, n’essayant même pas de les éviter. Comme si son véritable sujet était ailleurs. Où, alors ? Sans doute dans les raisons qu’il semble chercher à l’attitude d’Anne et à celle de Georg, et qui dépassent le simple cas clinique psychiatrique, que Bonny n’aborde même pas. La force et la réussite du film tiennent à la façon dont, grâce notamment aux acteurs, à qui il faut rendre un hommage appuyé (ils sont absolument incroyables), les deux protagonistes sont toujours mis sur le même plan. Anne ne serait jamais comme cela sans Georg, et Georg se comporterait différemment si Anne était différente.
Dans le film, ils font toujours couple, sans que l’un soit présenté comme la victime de l’autre ou que l’un soit stigmatisé au profit de l’autre. Ensuite, l’énergie déployée par la mise en scène parvient toujours, parfois sur le fil, à dépasser les clichés, les symboles visibles (le représentant de la loi rabroué, le beau-père castrateur), les généralités faciles, et à bousculer les préjugés bien-pensants. Au fond, s’il est évidemment impossible de parler de la violence dans le couple comme d’une forme d’amour, il est aussi impossible de nier qu’un lien existe – malheureusement – entre les deux partenaires. Comment deux êtres qui s’aiment peuvent-ils en arriver là ? Bonny apporte discrètement à cette énigme une réponse sociologico-politique : ce dont souffrent Georg et surtout Anne, c’est de la non-reconnaissance de leur mérite par la société, par leur famille. La violence qu’Anne exprime sur Georg est le reflet de l’image que lui renvoie son père hystérique, porte-parole d’une société qui ne vit que pour le mérite monnayé : “Vous gagnez mal votre vie parce que vous êtes des gros nuls.”L’Un contre l’autre montre ainsi la compartimentation, le cloisonnement que pratiquent les individus entre leur vie publique et leur vie intime pour parvenir à résister aux dommages causés à l’une et à l’autre et les dégâts qui en résultent quand tout d’un coup les deux mondes se mettent à communiquer. Il montre aussi comment chacun tente de sauver la face, les apparences, pour survivre (...) La fin du film, suspendue et régressive, nous laisse seuls face à un mystérieux spectacle, celui de l’autre et du même : faible, singulier, en proie à des pulsions, si étrange, comme nous le sommes."
"Un film sous haute tension qui vous mettra K.-O., et la marque d'un cinéma allemand très en verve."
"Certes, L'Un contre l'autre poursuit en un sens une voie tracée par le cinéma allemand (la désagrégation de la cellule familiale), mais il
Gautier au sujet de
Nos offres d'abonnement
BASIQUE ETUDIANTS
1 | € |
le 1er mois(1) |
SANS ENGAGEMENT puis 4,99€ /mois
Sur présentation d'un justificatif(2)
BASIQUE
1 | € |
le 1er mois(1) |
SANS ENGAGEMENT puis 6,99€ /mois
PREMIUM
9 | ,99€ |
/mois |
SANS ENGAGEMENT
* A l'exception des films signalés
CINÉPHILE
15 | ,99€ |
/mois |
SANS ENGAGEMENT
*A l'exception des films signalés
BASIQUE ETUDIANTS
49 | ,99€ |
/an |
Sur présentation d'un justificatif(2)
BASIQUE
69 | ,99€ |
pour 1 an |
PREMIUM
99 | ,99€ |
pour 1 an |
* A l'exception des films signalés
CINÉPHILE
175 | ,99€ |
pour 1 an |
* A l'exception des films signalés
Vous devrez fournir un justificatif de scolarité (carte étudiante ou certificat, en .pdf ou .jpg).
UniversCiné se réserve le droit d'annuler l'abonnement sans possibilité de remboursement si la pièce
jointe envoyée n'est pas conforme.
Offre valable 12 mois à partir de la date de l'abonnement
_TITLE