
Philippe Harel : "Avoir la lucidité de rire de soi..."
Fin 1992, Philippe Harel est apparu tout de noir vêtu, râleur et maniaque. Il interprétait le rôle princip...
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Raoul est un étudiant sans relief dont la préoccupation tourne à l'obsession : être embrassé. Le premier film méconnu et grinçant de l'auteur des "Randonneurs".
Raoul a 20 ans. Étudiant sans relief, sa principale préoccupation tourne à l'obsession : être embrassé. Le deuxième long-métrage méconnu de l'auteur des "Randonneurs" et "La Femme défendue" explorant avec un humour pince-sans-rire le quotidien ordinaire pour en déceler les failles infimes.
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" Après Un été sans histoires, Philippe Harel continue de filmer la banalité du quotidien. Pas évident. C'est un film où il ne se passe rien
" Après Un été sans histoires, Philippe Harel continue de filmer la banalité du quotidien. Pas évident. C'est un film où il ne se passe rien, si ce n’est les mille petites choses qui font l’ordinaire d’un jeune étudiant en chambre de bonne, éperdu d'amour pour toutes les filles. Etonnant spectacle cinématographique, tout entier basé sur une dramaturgie du détail. L'intérêt de l’histoire réside dans cette surenchère de la banalité (...) On s'y accroche parce qu'on s'y reconnaît. Le héros, Raoul (joué avec un superbe détachement par Julien Collet) ne ressemble à personne. Et à tout le monde. Harrel croque avec pertinence (mélange d'acidité et d'humour) des scènes vécues par tous (formidable séquence du week-end chez les parents). Ce n’est pas du cinéma-évasion, c’est du cinéma-miroir. On pense forcément au roman de Georges Pérec, Un homme qui dort, adapté au cinéma par Bernard Queysanne. Une belle référence. Mais ici, on s'y amuse plus. Et en sortant heureux de la salle, on va boire un coup au bistrot. Attablé devant un café, Raoul regarde passer les filles."
Eric Libiot" Malgré ses 20 ans, Raoul Amblard n'a pas un prénom très mode. En plus, personne ne le remarque. Obligé de boire la bière de son voisin, a
" Malgré ses 20 ans, Raoul Amblard n'a pas un prénom très mode. En plus, personne ne le remarque. Obligé de boire la bière de son voisin, au café, puisqu'on ne le sert pas. Obligé de fantasmer, puisque les filles ne s'intéressent pas à lui. Obligé de renoncer à téléphoner, puisque le gars, dans la cabine, ne le voit même pas. Mais Raoul Amblard n'est pas quelqu'un de transparent. « Blanc », peut-être. De cette couleur qui contient toutes les autres et qui est le sujet de sa maîtrise d'étudiant. Le voilà blanc comme un linge lorsqu'il essaie d'ouvrir son cœur aux autres. Il s'exprime d'une voix blanche. Et ce blanc-bec pourrait bien être puceau.
Pourtant, Raoul est très mignon. Alors quoi ? Qu'est-ce qui cloche ? Il s'observe dans la glace. Il demande des explications à sa copine d'enfance. Car ce qu'il veut, c'est qu'on l'embrasse. Il ne cherche pas l'amour, ni la femme de sa vie. Non, il a juste envie d'être embrassé. Ce qui crée un léger décalage, comme s'il plaçait l'effet avant la cause.
De fait, ce que nous montre Philippe Harel, c'est la distance, légère, entre Raoul et le monde qui l'entoure. Avec parfois des flashs, apparemment inutiles mais décisifs : d'un geste du bras, le garçon semble caresser le mur de sa chambre pour s'y blottir ; il regarde, au plafond de sa chambre d'enfant, une araignée qui se promène. Il y a son embarras aussi. Sa gêne silencieuse d'être face à une jeune fille aux joues trop rouges dans l'air frais d'un jardin.
Du coup, tout ce que dit Raoul prend une saveur particulière. Un mot peut en cacher un autre ! « Vous n'avez pas de hobby, vous ? lui demande une pimpante collègue de travail. — Non... Enfin, si, répond Raoul, je suis étudiant. » Banal : mais plus le dialogue est neutre (blanc, si vous voulez), plus on peut lui donner de sens divers. Et naissent alors tous les sous-entendus que nous voudrons bien trouver.
Plus que ce qu'il dit, Raoul se définit par ce qu'il fait. Et, surtout, par ce qu'il ne peut pas faire. A côté de lui, et grâce à sa « blancheur », l'entourage prend un relief extraordinaire. Chaque personne rencontrée, même brièvement, est d'une étonnante densité. Grâce à un détail presque invisible, pourtant : le haussement de sourcil d'une vendeuse excédée, le débit trop rapide d'une copine rencontrée dans la rue... Que son père lui dise en montant dans la voiture « Mets ta ceinture... on sait jamais », et l'on comprend immédiatement, à l'intonation de la réplique, quel est l'univers familial de Raoul.
Il ne se passe presque rien, et la vie, chaque fois, semble exploser. On devine seulement que, pour Raoul, chaque détail est crucial. Mais il met un tel sérieux à observer la vie, une telle application à prendre des notes, qu'il en devient drôle. Et sa gravité, alors, devient légèreté.
Philippe Harel s'amuse, et sa caméra est une loupe. En isolant les actes, leur côté dérisoire éclate. Les images se répondent comme un échange de sarcasmes : Raoul est incapable de draguer une fille, peu après on le voit lire Dom Juan, de Molière. Et sa vie paraît encore plus terne quand la radio annonce fièrement « le sourire retrouvé de Caroline de Monaco » et « la vie trépidante de Cindy Crawford» !
La jubilation naît de cette précision tranchante, proche des films les plus féroces d'Aki Kaurismâki (La Fille aux allumettes et La Vie de bohème). Car le rire, plutôt tendre, de la première partie finit par se coincer. Si Raoul reste bien peigné, bien rasé, bien habillé (toujours pareil, avec ses chemises strictes), son apparence proprette souligne, avec une netteté un peu effrayante, les petites trahisons dont il est capable.
A force d'être au plus près de Raoul, on peut le comprendre de l'intérieur. Comme un proche. Mais, à le voir tel qu'il est, sans masque, on prend un risque. Son égoïsme nous devient familier. Donc insupportable. Et c'est cette intimité, finalement, qui nous éloigne de lui. Pourra-t-on lui pardonner ses lâchetés ?
L'histoire du garçon... est moins comique mais plus mordant qu'Un été sans histoires. Il feint la futilité. Comme son héros, qui déclare : « De toute façon, les femmes m'agacent ! J'ai décidé de ne plus les regarder. Exprès, pour les punir ! » Mais personne n'est dupe. Les «petits rien» ont de l'importance. Si légers, vus de loin. Si pesants, lorsqu'on s'en approche.
Par deux fois, Raoul épie un couple qui s'embrasse dans la rue. C'est le même plan, ou presque. Mais tout est dans ce « presque ». La première fois, Raoul est filmé de dos, plus près de nous. On sympathise donc avec lui. Nous voyons par ses yeux. La seconde fois, c'est le couple qui est au premier plan. Raoul est cadré au loin, de face. Nous n'épousons plus son regard. Nous nous sommes détachés de lui.
Mais dans les deux cas, non loin de ceux qui s'aiment, il y a toujours quelqu'un qui souffre de ne pas savoir quoi faire. A la fin de l'histoire, Raoul n'est plus seulement blanc, mais blanc cassé."
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