
DAVID LYNCH
Nous avions consacré le mois dernier un article sous forme de classement à l'un des cinéastes chers à notre coeu...
UniversCiné utilise des cookies afin de vous offrir une expérience utilisateur optimale.
En les acceptant vous nous permettez d’améliorer nos services, de mesurer notre audience, de personnaliser votre expérience et vous pourrez bénéficier des fonctionnalités relatives aux réseaux sociaux.
Vous pouvez personnaliser vos choix en cliquant sur « PERSONNALISER » et obtenir davantage d'informations en consultant notre politique de gestion des cookies.
This is a modal window.
Début de la fenêtre de dialogue. La touche d'échappement annulera et fermera la fenêtre.
Fin de la fenêtre de dialogue.
Nous voici plongés dans une histoire de mystère, l'énigme d'un monde au cœur des mondes, le secret d'une femme en proie à l'amour et aux tourments...
Nikki Grace, actrice et épouse d'un homme fortuné, attend avec impatience de savoir si elle a été sélectionnée pour un rôle dans une nouvelle production hollywoodienne. Une voisine énigmatique lui rend visite et lui prédit qu'elle sera acceptée. Le lendemain, elle reçoit un appel qui lui annonce qu'effectivement elle est retenue pour le rôle.
Le lecteur n'est pas installé ?
Pour votre information, la lecture en mode hors-ligne n'est pas compatible avec le système d'exploitation Linux
" ... Si le scénario que tourne l’actrice Nikki Grace (Laura Dern) est le remake d’un film jadis interrompu par la
" ... Si le scénario que tourne l’actrice Nikki Grace (Laura Dern) est le remake d’un film jadis interrompu par la mort de ses deux interprètes principaux, Inland Empire revisite pour sa part de nombreux passages des propres réalisations précédentes de Lynch (avec même le private-joke de l’intervention de Laura Elena Harring dans la séquence finale) auxquels s’ajoutent des scènes enregistrées en 2002 alors qu’il ne savait pas à quoi elles pourraient servir (celles en Pologne sous la neige).
Le cinéaste reprend même en plus des éléments inédits de son site internet, à savoir le sitcom des trois personnages à têtes de lapins qui proposent des contrepoints humoristiques – soulignés par des rires préenregistrés – à ce qui arrive dans le reste d’un film haché, déconstruit à partir d’une sorte de jeu de poupées russes emboîtées qui serait passé sous un rouleau compresseur !
Lynch déclare avoir étiré le tournage d’Inland Empire sur trois ans : au début il filme tout seul Laura Dern avec une petite DV numérique, des scènes dont il a eu l’inspiration mais qui n’ont aucun rapport conscient les unes avec les autres, et ce n’est que lorsqu’il entrevoit enfin ce qui pourrait les réunir qu’il tourne – avec une vraie équipe cinéma, mais toujours en vidéo – le reste de ce film-fleuve de près de trois heures. C’est ainsi que la somptuosité narrative romanesque des deux précédents opus se trouve remplacée par une fragmentation mouvementée d’images souvent plastiquement pauvres mais d’une grande inventivité visuelle : Inland Empire fonctionne davantage sur des idées de plans que sur la beauté de leur réalisation, et à cette rupture stylistique s’ajoute la collision violente entre la fiction la plus folle et des images de misère qui semblent appartenir à un film de cinéma direct. Cet hallucinant fantastique social culmine dans l’agonie de l’héroïne, un tournevis planté dans le ventre, crachant le sang, écroulée entre deux SDF qui passent la nuit sur le trottoir des célèbres étoiles d’Hollywood Boulevard et conversent par-dessus le corps souffrant de cette étrangère dont elles accompagnent avec douceur l’angoisse affreuse de la mort.
L’idée de base d’Inland Empire (...) est de communiquer au spectateur l’impressionnant chaos mental de Nikki Grace qui vit (ou revit) les mêmes choses que le personnage de Sue qu’elle interprète, et sans doute aussi le drame de l’actrice assassinée qui avait joué le rôle dans le film interrompu. Bien sûr Lynch ne simplifie pas les choses : Laura Dern interprète les deux femmes Nikki Grace et Sue, mais incarne également le destin tragique d’une Polonaise blonde qui est peut-être elle-même dont elle se souviendrait en flash-back, à moins qu’elle n’imagine toute l’histoire. Il y a des indices permettant d’avancer chaque hypothèse, mais d’autres encore puisque le film s’ouvre sur une première Polonaise (brune et interprétée par Karolina Gruszka) qui regarde en proie à une grande douleur le martyre de Laura Dern sur l’écran de son téléviseur (...)
Toutes les situations se ramènent à l’adultère et à ses conséquences terrifiantes : il y a toujours la femme, l’amant, le mari et un enfant lancés dans un récit obsessionnel, sensitif, où circule la peur. La mise en abyme du film dans le film avec son tournage sur les plateaux des studios hollywoodiens, son metteur en scène (Jeremy Irons) et son jeune premier irrésistible (Justin Theroux) ne fournit que ce qui pourrait être un point de départ anecdotique. Mais en fait, tout est déjà déréglé avant ces images de cinéma dans le cinéma. On n’a donc pas une situation de base qui dégénèrerait ensuite, mais un maelström plastique d’où émergent de temps en temps quelques bribes susceptibles de fournir une clé… à laquelle manque la serrure correspondante.
Le mystère évolue en spirale : chaque fois qu’un détail paraît s’éclaircir, un autre le remplace aussitôt, encore plus incompréhensible. Les changements de regard, notamment, sont stupéfiants : on observe souvent par les yeux de la triple héroïne des choses qu’elle ne peut raisonnablement pas voir parce qu’elle ne doit pas les connaître (pour agir comme elle le fait) ou qu’elle est absente matériellement d’une scène à laquelle il est pourtant évident qu’elle assiste !
Les effets de double et de reprises en miroir à la Raoul Ruiz sont traités de manière sensible plus qu’intellectuelle par des êtres aux abois se sentant plonger dans la folie. La liberté innovante du cinéaste ne dédaigne pas les références ou le croisement des chemins d’autres grands créateurs de formes : ainsi a-t-on déjà vu dans 2046 de Wong Kar-wai les interminables couloirs, envolées d’escaliers et alignements de portes aux numéros fatidiques. Mais ici c’est plutôt version Pedro Costa qu’Alain Resnais, trip plus que rêve, avec du trash et du grotesque mais aussi de la couleur en mouvement musical orchestré par la méditation transcendentale d’un artiste en lévitation.
On aurait tort d’y voir un film expérimental ou raté ; plutôt une esquisse donnée telle quelle, sans prétention à quelque achèvement ultérieur. On pense à une superproduction qui aurait été tournée par Jean Rouch, style Notre Dame des Turcs (1966) de Carmelo Bene, mais aussi aux Habitants (1970) d’Artavaz Pelechian. Et puis, bien sûr, aux tableaux de Francis Bacon – qu’admire particulièrement Lynch -, mais peut-être avant tout au Cri d’Edvard Munch pour les gros plans de Laura Dern hurlant son effroi."
" Inland Empire ressemble à un documentaire sur le flux de pensées et de visions qui traverse le cerveau de son personna
" Inland Empire ressemble à un documentaire sur le flux de pensées et de visions qui traverse le cerveau de son personnage. Tout y passe, la sexualité - sur les modes de l'attraction et de la révulsion -, les envies de meurtre ou de mort, la peur d'être tué. Les hantises lynchiennes déjà connues sont là : la misère la plus noire au coeur même de Hollywood, l'accoutumance monstrueuse à la souffrance d'autrui qu'elle induit. D'autres obsessions éclatent : de Pologne, où une partie du film a été tournée, Lynch rapporte un aperçu glaçant des mafias et de la prostitution en version « pays de l'Est ». Mais le mode d'exposition de ces angoisses a changé. Même quand la matière est fantasmagorique, on dirait du cinéma vérité - le film est tourné en numérique, au grain sans pitié.
D'un bout à l'autre de ce chaos, les images renvoient les unes aux autres, mais il s'agit moins pour nous de résoudre une intrigue que d'assister à une expérience de branchement de synapses humaines sur un projecteur de cinéma. Inland Empire, « empire de l'intérieur » mais cinéma des confins."
Nos offres d'abonnement
BASIQUE ETUDIANTS
1 | € |
le 1er mois(1) |
SANS ENGAGEMENT puis 4,99€ /mois
Sur présentation d'un justificatif(2)
BASIQUE
1 | € |
le 1er mois(1) |
SANS ENGAGEMENT puis 6,99€ /mois
PREMIUM
9 | ,99€ |
/mois |
SANS ENGAGEMENT
* A l'exception des films signalés
CINÉPHILE
15 | ,99€ |
/mois |
SANS ENGAGEMENT
*A l'exception des films signalés
BASIQUE ETUDIANTS
49 | ,99€ |
/an |
Sur présentation d'un justificatif(2)
BASIQUE
69 | ,99€ |
pour 1 an |
PREMIUM
99 | ,99€ |
pour 1 an |
* A l'exception des films signalés
CINÉPHILE
175 | ,99€ |
pour 1 an |
* A l'exception des films signalés
Vous devrez fournir un justificatif de scolarité (carte étudiante ou certificat, en .pdf ou .jpg).
UniversCiné se réserve le droit d'annuler l'abonnement sans possibilité de remboursement si la pièce
jointe envoyée n'est pas conforme.
Offre valable 12 mois à partir de la date de l'abonnement
_TITLE