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Heinrich, jeune poète (inspiré de Henrich von Kleist), souhaite transcender la mort grâce à l'amour. Il propose à sa cousine de se suicider avec lui...
Le jeune poète tragique Heinrich souhaite dépasser le côté inéluctable de la mort grâce à l'amour : il tente de convaincre sa cousine Marie, qui lui est proche, de contrer le destin en déterminant ensemble leur suicide, mais Marie, malgré son insistance, reste sceptique. Heinrich est déprimé par le manque de sensibilité de sa cousine, alors qu'Henriette, une jeune épouse qu'Heinrich avait également approchée, semble soudainement tentée par la proposition... Une "comédie romantique" librement inspirée du suicide du poète Heinrich von Kleist en 1811.
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" Ce que décrit avec retenue et une sorte de fausse candeur Amour fou, c’est l’obstination d’un homme, la décision d’une femme, la rat
" Ce que décrit avec retenue et une sorte de fausse candeur Amour fou, c’est l’obstination d’un homme, la décision d’une femme, la rationalité avec laquelle ils vont mener à bien leur suicide, sans pathos, sans ces excès de sentimentalisme qu’on associe souvent en France au romantisme – et qui en sont l’exact opposé.
En usant d’une image hyper soignée, fort composée et très colorée (mais sans les excès en joliesse d’un autre très bon film sur un poète, Bright Star de Jane Campion), mais aussi de cadres très précis, la mise en scène de Jessica Hausner (Lourdes) se met à l’unisson de l’âme de ses personnages (portés par des acteurs sublimes), à la fois raides et d’une sensibilité exacerbée, fantasque.
L’ancienne collaboratrice de Michael Haneke semble souvent se poster au bord du surplomb, de la moquerie facile. Mais jamais elle n’ôte la moindre parcelle de lucidité ou d’intelligence à Henriette et Heinrich : sous l’apparente folie, ils savent très bien ce qu’ils font.
Henriette se sait malade (sans doute d’un cancer), Heinrich sait que “rien ne peut (lui) convenir dans ce monde”. Le mari d’Henriette est une grande âme. Il essaiera de la faire guérir en faisant appel aux précurseurs de Freud, donc à la médecine la plus éclairée du début du XIXe siècle. Mais rien n’y fera.
Frais, constamment étonnant, sans cynisme mais parfois malicieux, cet Amour fou, présenté à Un certain regard à Cannes mais passé inaperçu, est une très belle surprise. "
" C’est une étrange entreprise que celle de Jessica Hausner (autrichienne, née en 1972), puisqu’elle consiste à péter la gueule à Hein
" C’est une étrange entreprise que celle de Jessica Hausner (autrichienne, née en 1972), puisqu’elle consiste à péter la gueule à Heinrich von Kleist (1777-1811), romantique à la postérité cinématographique remarquable : La Marquise d’O… de Rohmer, le Prince de Hombourg de Marco Bellocchio ou Michael Kohlhaas d’Arnaud des Pallières. Amour fou se concentre en effet sur les derniers mois de la vie de Kleist, dépressif chronique qui cherche une femme pour mourir avec lui. Il propose d’abord à sa cousine et confidente, Marie von Kleist, de la tuer d’un coup de pistolet avant de s’achever. Elle préfère hélas vivre, il en déduit donc qu’elle ne l’aime pas vraiment. Ce sera finalement Henriette Vogel qui acceptera ce pacte morbide au bord du lac de Wannsee, près de Berlin - où l’on peut encore voir leur tombe.
Hausner ne manifeste ni empathie pour Kleist ni relativisme culturel (comme Rohmer pouvait le faire en rendant crédible l’incroyable), au contraire. Elle le déclare dans l’entretien fourni avec le dossier de presse : " Je trouvais cela assez grotesque et légèrement ridicule : comment peut-on banaliser ainsi cette idée typiquement romantique du double suicide par amour ? ".
Comme dans Lourdes, le précédent film de Hausner, c’est donc la distance et l’ironie qui prévalent, dans une mise en scène volontairement engoncée, " historique ", où chaque plan est filmé comme un tableau, les femmes coincées dans leur tunique Directoire et les hommes dans leur redingote, avec langage d’époque (peu perceptible pour les non-germanophones) tandis qu’Henriette et sa fille se relaient autour d’un piano-forte pour jouer et chanter en alternance deux Lieder sur des textes de Goethe : la Violette, de Mozart, et Wo die Berge so blau, de Beethoven (composé en 1816).
Ces chansons, qui semblent raconter les états d’âme des héros, ne sont pourtant pas ici utilisées comme surlignage émotionnel, mais comme simple décor, performance obligée d’un salon bourgeois : comme quoi il y a loin de l’idée à la réalité. De même, le personnage de la mère d’Henriette, qui elle aussi préfère Goethe à Kleist, savonne continûment la planche mélancolique de sa fille en critiquant ouvertement l’écrivain qui se croit raté : on rit devant ses rappels à l’ordre réaliste, tout comme on rira lors du double suicide final, non parce que Hausner force sur la bouffonnerie ou l’humour noir, mais parce qu’elle introduit de minuscules glissements dans le rythme, de légers décrochages, révèle la marionnette au cœur de l’humain.
Il en résulte un film assez hors-sol, lunaire et plaisant, qui traîne après soi le spectre filmique de La Marquise d’O… (la nouvelle de Kleist est évoquée dans le salon de Marie dès les premiers dialogues). Mais l’anti-idéalisme de Hausner, quelque curieux que soient les chemins qu’il prend, est aussi un remède d’époque assez salutaire. Comme Marie von Kleist, agacée, finit par l’expliquer à son cousin : oui, les hommes sont monstrueux et la vie est un tombereau de merde, mais c’est cela justement qui est excitant. "
" Qui dit romantisme dit lyrisme à fleur de peau. Il est bien là, mais parfaitement corseté, dans Amour fou. Le poète Heinrich von Kleist,
" Qui dit romantisme dit lyrisme à fleur de peau. Il est bien là, mais parfaitement corseté, dans Amour fou. Le poète Heinrich von Kleist, invité à dîner chez une amie, Henriette Vogel, paraît rigide, presque quelconque, au cours de cette soirée. Plus tard, on le retrouve en train de converser avec sa cousine. Le ton est alors fiévreux, plus conforme au stéréotype romantique. Heinrich dit sa blessure à vivre. Puis finit par lancer : " Voulez-vous mourir avec moi ? ", comme s'il proposait du thé et des biscuits. La proposition est d'autant plus absurde qu'un peu plus tard, devant le refus poli et tendre de sa cousine, Heinrich la réitère à une autre. A savoir Henriette...
Distiller une dose d'humour sarcastique sous le vernis du tableau d'époque, tel est le but de Jessica Hausner, dont on avait beaucoup aimé Hôtel et Lourdes. Cette réalisatrice autrichienne ne manque pas d'aplomb, à narguer ainsi le mythe du romantisme allemand. Elle le fait en pointant justement le manque criant d'humour de Kleist, totalement égocentriste, obsédé par sa seule souffrance et ce qu'il en tire dans l'écriture. Le portrait qu'elle brosse de lui est cinglant. C'est moins vrai pour Henriette Vogel, à laquelle la réalisatrice s'attache le plus et qu'elle étudie de près, comme une entomologiste.
Elle paraît proche et si loin de nous à la fois, cette Henriette (Birte Schnöink, formidable de grâce mélancolique). Eteinte dans ses robes aux couleurs si vives, aux tissus si doux, confinée dans ces intérieurs aussi soignés qu'épurés, où même le chien semble un modèle de propreté. Henriette est une femme instruite, lucide, qui semble réaliser l'écart entre le monde extérieur en pleine ébullition révolutionnaire et son monde intérieur, où tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et... absence de volupté. Est-ce cela qui l'attire vers Heinrich ? Dans une scène, on le voit frapper à sa porte. Elle lui dit d'entrer, alors qu'elle est en train de se changer — on entraperçoit juste un éclair blanc de lingerie. C'est une invitation. Lui recule. Pauvre garçon, il aura beaucoup raté ! Son suicide compris, moment délicieusement grotesque. "
" Jessica Hausner ne donne pas dans l’épanchement pathético-post-ado mélancolique. Son film est conçu pour dissuader les élans de « poésie »
" Jessica Hausner ne donne pas dans l’épanchement pathético-post-ado mélancolique. Son film est conçu pour dissuader les élans de « poésie » mal venus, pour brider les effusions (...) Ses figures semblant sorties d’un tableau de maître. Il s’agit de montrer un monde artificiel comme une œuvre d’art. Pétrifié, factice. Mort, en somme. Mais il y a, disséminés dans tout le film, des îlots de vitalité. Des moments où la chape mortifère se fissure brièvement, via le sourire de ravissement juvénile d’Henriette. Ou par l’humour. Par le rire, par la grâce d’un sourire, Amour fou opère une conversion délicate, magique : transformer la mort en vie."
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