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Parmi les cinéastes de la Nouvelle Vague allemande apparue autour de 1970, Herzog, Schloendorff, Fassbinder, il était le plus fasciné par les mythologies américaines, ce qui explique son aisance à se faire une place dans le cinéma hollywoodien au début des années 80 puis, de nouveau, au tournant du siècle. Sans engagement politique apparent (il ne participa pas au film collectif L'Allemagne en automne en 1978), il exprima pourtant parfaitement, en liaison avec l'écrivain Peter Handke dans ses premiers films, un moment de la société allemande, avec sa trilogie de la dérive : Alice dans les villes, 1974, Faux mouvement, 1975, Au fil du temps, 1976, dotant d'une dimension métaphysique spécifique le road-movie à l'américaine.
Après une première expérience difficile aux États-Unis (Hammett, 1982), la réussite de Paris, Texas, Palme d'or à Cannes en 1984, lui donne la liberté de tourner où et comme il le désire, au Japon (Tokyo-Ga, 1985), à Berlin (Les Ailes du désir, 1987), à Paris (Carnets de notes sur vêtements et villes, 1989), en Australie (Jusqu'au bout du monde, 1991).
Ce cosmopolitisme trouve ses limites, dans la mesure où ses interrogations ne s'appuient plus sur une réalité précise, comme dans ses premiers films allemands, mais semblent se perdre dans une aventure solitaire que le public suit avec moins d'intérêt : la trop grande ambition de Jusqu'au bout du monde se conclut sur un échec, comme Si loin, si proche (1993), complément mal perçu aux Ailes du désir.
Ce n'est qu'en retrouvant une inspiration plus intime - la simplicité du retour aux sources de Lisbon Story (1994), l'évocation amusée des premiers inventeurs du cinéma (Les Lumières de Berlin, 1995) - que le réalisateur redevient lui-même.
Depuis 1995, il ne tourne plus qu'aux États-Unis, creusant une veine personnelle au cœur du système hollywoodien (The End of Violence, 1997, Land of Plenty, 2004), approfondissant sa réflexion sur un monde dans lequel la technologie des nouvelles images ne peut qu'accentuer le sentiment de perte du réel : c'est pour échapper à l'irréalité du Spectacle que le héros de Don't Come Knocking (2005) fuit pour rechercher ses propres traces ou que le photographe de Palermo Shooting (2008) va traquer la mort.
Si les temps ont changé, il n'y a pas de rupture profonde entre le réalisateur allemand tournant sans budget des films en noir & blanc et le cinéaste américain devenu un habitué des plus grands festivals. Parallèlement à ses films de fiction, Wenders a élaboré une œuvre documentaire remarquable, inaugurée par le filmage des derniers instants de Nicholas Ray (Nick's Movie, 1980) et poursuivie avec The Soul of a Man (2003), enquête sur les chanteurs de blues du Sud des USA (après un justement célébré Buena Vista Social Club, 1999, qui a apporté un éclairage triomphal sur des musiciens cubains oubliés). Ses documentaires les plus récents se sont concentrés sur la chorégraphe allemande Pina Bausch (Pina, 2015) et le photographe brésilien Sebastião Salgado (Le Sel de la terre, 2015), et son dernier film sorti en salles est une fiction, Everything Will Be Fine, sélectionné au festival de Berlin de 2015.
Lucien Logette
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