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Ses films peuvent être vus comme des exutoires vis-à-vis de cette réalité choquante toujours d’actualité. Cultivant le personnage d’un étudiant dilettante, Miike sortira diplômé de la prestigieuse université de cinéma Yokohama Hoso Eiga Senmon Gakko dont le doyen n’est autre que Shohei Imamura. Après une expérience à la télévision où il se fera remarquer pour ses idées en matière de production, Miike retrouvera Imamura qui fera de lui son assistant réalisateur sur Zegen-Le Seigneur des Bordels et Pluie Noire. C’est à ses côtés, plus qu’à la faculté, qu’il apprendra le cinéma.
Ses premiers films se font directement en vidéo grâce au système v-cinéma, une façon pour les studios japonais de permettre aux jeunes cinéastes de montrer leur savoir faire sans user de gros budgets. Il est reconnu par ses pairs avec Les Affranchis de Shijuku; son style y est déjà énergique.
Cinéaste acharné, il multiplie les tournages et en explorant de nouveaux genres avec pas loin de 60 films entre la fin des années 90 et 2010, où se côtoient film de mafieux, comédie burlesque, drame intimiste, western (Zukiyaki Western : Django), suspense horrifique (La Mort en Ligne) comme l’adaptation de manga (Crows Zero 1 et 2, Ichi The Killer) et le Tokusatsu, c'est à dire les films de super-héros à la japonaise (Zebraman) et le film d’action (Dead or Alive 1, 2, 3) !
A première vue, difficile pour un cinéphile occidental, attaché à la théorie des auteurs de détacher une ligne directrice. Très vite, on peut tout de même lui reconnaitre une volonté d’exprimer par le cinéma les tendances « do it yourself » de la culture punk. Il y a chez Miike une pulsion incontrôlable d’envoyer balader les idées toutes faites et de tendre à la société japonaise un miroir à peine déformant d’un monde particulièrement violent qui n’offre à personne la possibilité d’un avenir radieux : No Future.
On le rapproche de Seijun Suzuki (La Jeunesse de la Bête), mais c’est d’avantage vers Paul Verhoeven (Robocop) ou son ami Shinya Tsukamoto (Tetsuo, Gemini) qu’il faudrait se tourner. Qu’il réalise des films pour enfants ou... gores, on remarque une même envie de malmener ou de salir ses personnages (avec des fluides corporels ou en situant l’action dans des décharges publiques).
Utilisant tous les supports, pellicules ou numériques, il aime travailler l’image et le son pour les distordre. De la même façon, il assume fréquemment les erreurs imputables à la rapidité de ses tournages (10 long-métrages pour la seule année 2000) pour renforcer cette thématique : "le cinéma, c'est de l'artifice".
On trouve aussi sous sa signature une surprenante vision mélancolique et humaniste de la vie dans Bird People In China : les personnages sont poussés (l’un par son entreprise, l’autre par son clan) hors de la société japonaise sombre et violente pour se retrouver au milieu de la nature chinoise où ils rencontreront des personnages à la poésie loufoque. Un film très marginal dans sa filmographie.
Il faut voir Gozu, son film manifeste, pour avoir une vision plus globale de son art. Une histoire de Yakuza paranoïaque sous influence de l’écriture automatique et du cut-up de Burroughs et du Festin Nu façon David Cronenberg.
Takashi Miike montre une réelle jouissance à compiler ses thèmes de prédilection tout en construisant une architecture cinématographique unique. Après avoir été salué par Quentin Tarantino, Audition eu les honneurs eu les honneurs de la critique occidentale. Et Eli Roth utilisera le physique incroyable de Miike pour une apparition-citation marquante dans son film, Hostel.
Gaël Martin
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