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Il rentre ensuite à l'université du Wisconsin et y décroche un bachelor of arts en littérature anglaise. A cette époque il découvre Pabst et Murnau et se plonge dans les textes de Karl Marx et des Black Panthers. Parce qu'il ne trouve pas son compte dans les écoles de cinéma américaines, il décide de partir en Angleterre ou il intègre la London International Film School.
Après une brève carrière dans la publicité, il créé sa propre maison de production et se lance dans le documentaire. Engagé politiquement, Michael Mann rejoindra en 1968 les barricades de la rue du Bac pour y tourner son premier documentaire, encore inédit aujourd'hui, Insurrection. C'est d'ailleurs comme documentariste que Michael Mann est reconnu par la profession et par les critiques, son second documentaire Janpuri, obtient le prix du jury au festival de Cannes en 1970. Si la reconnaissance est là, les finances de Michael Mann sont au plus bas. Il retourne aux Etats-Unis et passe un an à se vendre aux studios et aux télévisions dans l'espoir d'être embauché comme scénariste. Dans un premier temps il acceptera une commande pour un documentaire Seven Days Down The Line destiné pour ABC.
C'est après cette période malheureuse qu'il rencontre Robert Lewin, scénariste star des séries américaines (Le Fugitif, Mission:Impossible, Rawhide). Ce dernier lui fait confiance et lui propose d'écrire les premiers épisodes de Starsky & Hutch qui connait un grand succès, puis Police Story et Vega$ dont il est l'initiateur.
En 1979, Michael Mann passe au long-métrage de fiction avec le téléfilm The Jericho Mile (Comme un homme libre). C'est à cette période également qu'il établira sa réputation de forte tête qui préfère la démission à la compromission. Si Comme un homme libre est une fiction à l'intérieur d'une prison, Mann aborde sa réalisation comme celle d'un documentaire en offrant aux véritables détenus des rôles importants. Une démarche qu'il adopte à chaque film que cela soit pour Thief (Le Solitaire) ou le flic corrompu est interprété par une figure historique du crime organisé de Chicago ou Miami-Vice où infirmiers et mercenaires jouent leur propre rôle à l'écran.
Le Solitaire est son premier-long métrage pour le cinéma et c'est un échec public. James Caan y interprète un voleur de diamant solitaire et amoureux qui désire construire une famille et fera le choix de monter un dernier coup en s'associant avec le parrain de la ville. A l'ambition documentaire s'ajoute celle de renouveler un genre, le polar en axant les scènes clés non sur l'action mais sur les silences, les pauses et les discussions de bar. Les personnages, qu'ils soient du côté de la loi ou non, sont avant tout des travailleurs mélancoliques qui aspirent chacun à une autre vie.
Il réalise ensuite La Forteresse Noire, film fantastique et maudit : des accidents se succéderont sur le tournage et le résultat sera un désastre autant public que critique. S'il porte indéniablement la marque de Michael Mann et la vision complexe qu'il a du monde, ce film reste un échec artistique. Après cette double déconvenue, il trouve une nouvelle fois refuge à la télévision. Michael Mann marquera alors les années 80, en produisant Miami-Vice (Deux Flics à Miami). Pensé pour le cinéma, mais trop ambitieux pour l'époque, la série définira les modes de cette décennie (architecturales, musicales et vestimentaires). Ce penchant de plasticien déjà visible dans La Forteresse Noire, Michael Mann va le développer en mettant en place un code couleur auquel il est très attaché. Il n'hésite pas à baigner des séquences entières de Manhunter (première adaptation des aventures d'Hannibal Lecter) d'un ton monochrome rappelant les peintures de Monory et le Nosferatu de Murnau. Le bleu comme couleur protectrice, le vert couleur du danger et de la mort, le blanc couleur de la conformité et de la société, le gris pour l'autorité corrompue. Dans Le Dernier des Mohicans, Michael Mann cherchera à mettre en image les tableaux de Thomas Cole et d'Albert Bierstadt.
Suite à l'échec de Manhunter, Michael Mann est contraint de réaliser son projet suivant pour la télévision. Le téléfilm L.A. Take-down est en réalité une première ébauche de ce qui deviendra Heat, long-métrage célèbre pour la rencontre entre Robert DeNiro et Al Pacino qui devront composer avec le personnage principal du film, la ville de Los Angeles. Chez Mann en effet la ville a autant d'importance sinon plus que les autres personnages; elle est vivante, les routes sont filmées comme autant de veines, les fenêtres des buildings comme autant de paires d'yeux, et les bâtiments sont l'architecture osseuse des métropoles (Chicago, Los Angeles ou Miami). Les lumières de la ville, et particulièrement les néons, participent à changer la nature des personnages, elles renseignent sur les sentiments et leur faces cachés.
Avec Révélations (Le titre d'origine ne laisse aucun doute sur la touche Michael Mann, The Insider) Michael Mann une nouvelle étape, dans laquelle sa culture politique apparaît avec plus d'évidence. S'attaquant a l'industrie du tabac, le film révèle la façon dont les grands patrons ce secteur ont usé de pratiques criminelles pour vendre une drogue, le tabac, en y ajoutant des produits plus adictifs et toxiques. Lorsque ces pratiques seront étalés au grand jours les responsables se conduiront en chef mafieux menaçant la vie de ceux qui avaient osés les défier. Des pratiques favorisées par une idéologie de l'argent roi théorisé par l'Ecole de Chicago (école de pensée du néolibéralisme).
Michael Mann revient aux bases de son engagement politique lorsqu'il décide de filmer la biographie du boxeur, proche des Black Panthers, Mohamed Ali. S'entourant à chaque fois de stars, il offre à Will Smith l'un de ses rares grands rôles. Suit Collateral, film rêche où toutes les thématiques et obsessions du réalisateur se déploient jusqu'à l'abstraction. Michael Mann y découvre la technologie de la haute définition dont il devient immédiatement le plus fervent des supporters. Ses films y gagnent en profondeur de champ et en réalisme.
Son film suivant, Miami-Vice tend encore plus vers l'abstraction : Miami est une ville monde, les personnages évoluent dans toutes l'Amérique comme s'ils changeaient de rue. La frontière, grand mythe américain, s'efface à l'aune de la mondialisation. Plus de manichéisme, les cartels de la drogue ont infiltré les institutions étatiques, et l'Etat n'a d'autres solutions que d'infiltrer les cartels, avec la hantise que leurs agents se fassent corrompre. Le monde est définitivement gris. Dans Public Ennemies, Michael Mann nous montre comment cette course entre la mafia et l'Etat a débuté, laissant le corps de la dernière figure romantique du crime sur le trottoir. Davantage que Miami-Vice, Public Ennemies décrit une guerre économique pour le contrôle d'un territoire, les USA, à travers le contrôle de l'information.
Gaël Martin
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