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En survolant l'oeuvre d'Aki Kaurismäki, le côté sombre de ses films se dissipe peu à peu : l'humour y est la principale raison d'espérer et d'aimer. Comme dans la vie ?
Des films en couleurs (aussi pimpantes que l’obscurité y est profonde), en noir et blanc (rêves et voyages enveloppés de vapeurs d’alcool), musicaux, courts, sonores, un muet (Juha, le dernier film muet du XXe siècle, réalisé en 1999)…
Si pratiquement tous les films d’ Aki Kaurismäki ressemblent à de sombres mélos (à qui ils rendent hommage), tous tendent avec pudeur vers la lumière de la comédie (humour à froid et pince-sans-rire), vers l’ironie, toujours tendre. Car tous se posent la même question, drôle parce que sans réponse : comment vivre ? En raisonnant par l’absurde, seul ordre possible. En s’accrochant (Tiens ton foulard, Tatiana ! ). Serré contre un autre corps, bercé de musique, un chien pas loin… C’est ainsi qu’avancent les personnages des films d’’Aki Kaurismäki. Et plus le monde autour d’eux est dur, plus ils résistent en y opposant la douceur de leurs rêves. Une douceur qui n’est ni faiblesse ni résignation mais puissance.
Puissance de la poésie. Fulgurante, incongrue, indestructible. Tels sont leurs rêves, tels sont les personnages de Kaurismäki et tels sont ses films. L’œuvre d’un mélancolique humaniste. L’histoire d’amour d’un éboueur et d’une caissière se pare du titre Shadows in paradise. Sublime ironie. Les ombres y sont plus lumineuses que le clinquant paradis : ceux qui ne comptent pour rien sont ceux qui, aux yeux du cinéaste, ont le plus de prix, deviennent-ils voleurs (comme Ariel), tueurs (comme La Fille aux allumettes) ou rockers (comme les Leningrad cow boys). Simple façon de ne pas plier. Ombres rebelles. De la froide Finlande, nous viennent ainsi les nouvelles les plus chaudes. S’il n’y a aucune raison d’espérer dans un monde cynique qui remplit ses villes de banques (qui ne prêtent qu’aux riches), d’agences pour l’emploi (qui comptabilisent surtout les chômeurs) et de postes de police (qui verrouillent le système), il y a, dans l’œuvre de Kaurismäki quelques raisons d’esquisser un sourire. Juste lever les yeux pour tomber dans la couleur d’un ciel de septembre, là où Au loin vont les nuages. Aussi sensibles soient-ils aux mystérieux caprices du Temps, ils vont, beaux et tranquilles – et pourquoi pas nous ?
Philippe Piazzo
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