
Faouzi Bensaïdi : "Je définirais la modernité comme sauvage et violente"
Avec son second long-métrage, What A Wonderful World, Faouzi Bensaïdi aborde l'arrivée massive de la technologie...
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Au cœur de Casablanca, les destins d'un tueur à gage, d'une prostituée, d'une agent de la circulation et d'un hacker professionnel vont se croiser...
Casablanca, une ville de contrastes, moderne et archaïque. Kamel est un tueur à gage qui reçoit ses contrats par internet. Il a coutume d'appeler Souad, une prostituée occasionnelle, pour faire l’amour après ses exécutions. C’est souvent Kenza qui décroche. Elle est agent de la circulation, responsable du plus grand rond-point de la ville. Bientôt, il tombe amoureux de cette voix et part à sa recherche. Hicham, un hacker professionnel qui rêve de partir en Europe, infiltre par hasard les contrats de Kamel…
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"À la fois devant et derrière la caméra, Faouzi Bensaïdi s’amuse avec les codes du cinéma en général et du film noir en particulier. (…) De
"À la fois devant et derrière la caméra, Faouzi Bensaïdi s’amuse avec les codes du cinéma en général et du film noir en particulier. (…) De la BD au roman à l’eau de rose, du film de karaté au gangster-movie, les sources d’inspiration sont multiples pour raconter cette irracontable histoire (…). Il dit (en langue arabe) la vitesse et l’incohérence du monde, la force et l’ingéniosité des femmes, l’espoir qui naît lorsqu’on tombe amoureux. Il dit la vie aujourd’hui et son prix (exorbitant), ici et là-bas, et il le dit bien."
Isabelle Danel"Cela commence par un générique à la James Bond des années 60. L'énigmatique tueur à gage incarné par le réalisateur lui-même fait davantag
"Cela commence par un générique à la James Bond des années 60. L'énigmatique tueur à gage incarné par le réalisateur lui-même fait davantage penser à Goldfinger qu'à un quelconque personnage de film marocain. Le film oscille entre une multitude de références cinéphiliques puisées dans le cinéma mondial et une imagerie moderniste (...) En cela, WWW - What a Wonderful World est un manifeste actuel qui dérangera utilement tous ceux qui formulent une attente précise face aux films du Sud. Utilement car c'est bien une rupture qu'il propose avec une pensée identitaire du cinéma qui enferme les cinémas d'Afrique dans ce dont on a besoin qu'ils soient.
Cette rupture est nécessaire pour pouvoir penser le monde et le titre du film n'en est que plus programmatique : à l'heure de l'internet et de la consommation à outrance, le paradis artificiel qui nous est proposé répond-il à nos attentes humaines ? Autrement dit, comment se dire son amour au pays des portables et des ordinateurs ? Ce tueur à gages est amoureux et dévoile des trésors de poésie pour le manifester malgré son personnage distancié. Sorte de Buster Keaton des grands immeubles, clown triste qui n'hésitera pas à plonger dans le burlesque en se déguisant en femme pour échapper à la police, Faouzi Bensaïdi alias Kamel le tueur se déjante en tous sens pour signifier son amour fou à Kenza (magnifique Nzeha Rahil, également sa femme dans la vraie vie), elle qui n'est d'abord que la fascination d'une voix dans le portable, et qui se révèle être flic au rond-point du centre-ville. Elle mène la chorégraphie des voitures autant que la carte du tendre et Kamel n'aura pas la tâche facile, sans compter que le hacker Hicham sème le désordre dans ses engagements de tueur.
Comme dans le rap, le sexe et la mort s'entremêlent en lumières froides. La nuit s'éclaire d'enseignes lumineuses détournées, au diapason de ce pays qui s'approprie le monde avec ses propres moyens. Bensaïdi détourne le cinéma, recycle Almodovar, Jarmusch (les travellings de Down by Law), Murnau (Nosferatu), Tati (Playtime), Fellini (Amarcord) ou Arthur Penn (Bonnie and Clyde), et bien sûr Orson Welles, son modèle, mais aussi le music'hall et la comédie musicale, le dessin animé, le polar, le cinéma indien, le cinéma muet, le burlesque et j'en oublie sûrement. Bref, il s'amuse.
Les écrans d'ordinateur et de portables s'interchangent avec l'écran de cinéma et la présentation de Hicham invitera à visiter son site ! Pure fantaisie ? Pas si sûr ! S'il provoque les perspectives et intègre les nouveaux espaces de représentation, c'est pour développer un nouveau bréviaire esthétique où le bizarre et l'étrangeté surplombent les rassurantes normes anciennes (...) le film se fait métaphore de la réalité moderne, c'est ainsi que son imagerie trouve son sens, à la croisée de l'inconscient et du désir tout autant que du regard sans illusion sur le monde urbain.
Comme pouvait l'être The World du Chinois Jia Zhang Ke, le Casablanca de Bensaïdi est un parc miniature de notre monde en devenir, où se jouent sous l'œil des caméras de surveillance des complots inédits. Les tours du Twin Center de Casa sont attaquées par des avions en papier : l'humour et la parodie ne sont pas loin, car il ne s'agit pas de se prendre au sérieux mais d'explorer les ambivalences de notre siècle débutant.
C'est sur écran large que Bensaïdi cuisine les répétitions, les signes et les effets, chorégraphiant à plaisir les flux de la ville comme ceux du coeur. Ce feu d'artifice formaliste ne manque pas de beauté, mais il est plus encore : par sa science du détournement et la provocation de ses choix esthétiques, il s'affirme comme une magnifique proposition de cinéma du Sud dans le grand débat de la mondialisation."
" Pourquoi un titre en anglais pour un film marocain ? (...) C’est que la langue de ce film n’est pas celle que parlent d’ordinaire les cin
" Pourquoi un titre en anglais pour un film marocain ? (...) C’est que la langue de ce film n’est pas celle que parlent d’ordinaire les cinémas du Maghreb, qui mettent en avant des ambitions que par commodité nous disons sociales, mais bien le langage que rêvent, fantasment, recomposent et, par références et par bribes, parlent les jeunes Marocains. Un langage qui se nourrit moins de mots que d’images et de sons, ceux que déversent sur les écrans de télévision et dans les rues des grandes villes les productions américaines, films de cinéma, séries télé, publicités.
Voilà, What a Wonderful World (quel monde merveilleux) est le film du Maroc d’aujourd’hui, dans lequel un personnage de tueur à gages interprété par le réalisateur lui-même se coule dans le moule des milliers de tueurs qui l’ont précédé sur tous les écrans et continuent de l’accompagner. Il est froid, distant, impitoyable, comme il sied à tout personnage de sa catégorie (...) L’intrigue n’a pas plus d’importance que cela, elle n’est jamais que la ligne sur laquelle Faouzi Bensaïdi entremêle les fils de son cinéma, celle qui lui permet de dessiner le portrait de Casablanca, ville moderne et puis non, ville dont les immeubles orgueilleusement neufs écrasent la poussière des terrains vagues où jouent des gamins, rêvent des adolescents, se débattent des adultes, tous écartelés entre ce qu’a été leur pays, ce qu’il prétend être, ce que peut-être il sera un jour, ce qu’au présent il est en effet.
What a Wonderful World est un film de genre(s), et aux genres tels que l’Amérique les a donnés ou imposés au monde, le film emprunte leurs manières, leurs codes, leurs clichés, de même que la société marocaine les a adoptés. Le résultat est d’abord déconcertant, le spectateur ne sait pas bien où il se trouve, encore moins où le film prétend l’emmener, il est très vite étrangement prenant, toujours étonnant, enfant d’intemet et des téléphones portables, sans lesquels désormais le monde ne serait plus monde.
C’est un cinéma de poète et de visionnaire, plus qu’un cinéma de raconteur, et pourtant, aux lueurs crues des enseignes lumineuses, les êtres se découvrent et se révèlent à eux-mêmes, plus seuls peut-être qu’ils ne l’ont jamais été, depuis que les techniques nouvelles prétendent les relier entre eux, situation physique et état mental dont chaque plan du film constitue la traduction graphique. Le monde change, il a déjà changé, les humains tentent de le rattraper, ils n’y parviennent jamais moins que quand ils croient y avoir réussi. La réflexion est celle qui anime notamment les jeunes cinéastes chinois, Jia Zhanke (The World) en tête, mais aussi certains venus des pays de l’Est (voir le remarquable «12:08 à l’est de Bucarest de Comeliu Porumboiu) ou d’ailleurs (...) Les modes d’approche sont différents, et en toute logique les films ne se ressemblent pas, pourtant ils appartiennent à la même famille, celle d’un cinéma qui se donne les moyens de demeurer ambitieux, original, inattendu et résolument hors des sentiers battus..."
" ...les battements sourds et réguliers du polar se désagrègent en d’admirables ralentis pailletés, mélodramatiques, qui rappellent,sans ch
" ...les battements sourds et réguliers du polar se désagrègent en d’admirables ralentis pailletés, mélodramatiques, qui rappellent,sans chercher à en reproduire mimétiquementle miracle, la splendeur formelle de In the Mood for Love. Car WWW possède sa propre beauté, nourrie aux flamboyants contrastes du décor citadin où s’amarre l’intrigue (plus retorse qu’il n’yparaît). Casablanca est l’une des villes quiillustrent le mieux un monde à deux vitesses, écartelé entre une tradition écrasante et une modernité déshumanisante. Un monde ouvert à la mondialisation où bourgeonnent les cafés Internet mais où, pour téléphoner, on s’arrache les quelques minutes restantes d’un portable en location, tandis que de violents mouvements sociaux secouent les rues. Un monde où s’élèvent d’immenses buildings glacials et bleutés, mais aux pieds desquels ruminent encore quelques bovins bienheureux.
What a Wonderful World, titre ironique ? Pas si sûr. Car pour Faouzi Bensaïdi, valeur montante du cinéma arabe, récompensé plusieurs fois à Cannes et à Venise pour ses courts métrages et un premier long (Mille mois), scénariste de Téchiné sur Loin, tout est matière à image. Rien, de ce réel contrasté, n’échappe à la sublimation d’une mise en scène radicalement belle et surréaliste – aux partis pris esthétiques forts, aux effets spéciaux poignants -confinant parfois au film muet. Splendeur de l’image : le dernier refuge pour un coeur triste."
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