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Un jour d'été 1936, Kotov, héros de la révolution russe, se repose parmi les siens quand débarque Mitia, un oublié du bolchevisme et ancien rival en amour...
L'été 1936 en URSS. Kotov, héros de la révolution bolchévique passe une journée de repos dans sa datcha avec sa femme Maroussia et leur fille Nadia. Des aïeux les ont rejoints mais aussi Mitia qui jadis aima Maroussia. La révolution l'avait renvoyé loin et dépouillé de tout. Les souvenirs ont un goût amer.
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" Pour un peu, on se croirait chez Tchékhov, dans cette atmosphère si particulière reflet de « l’&eac
" Pour un peu, on se croirait chez Tchékhov, dans cette atmosphère si particulière reflet de « l’état d’âme d’un joyeux mélancolique » selon le mot de Korolenko. Mikhalkov place avec évidence son Soleil trompeur, ce soleil qui éblouit et fait croire aux mirages, sous les auspices de « La Cerisaie ». Tout y est, de ces badineries aux apparences anodines mais où se trament parfois de sombres vengeances à ces ballets incessants de personnages croisés et recroisés dans l’élégante datcha, de ces parties de ballon en robes longues aux tasses de thé circulant de l’un à l’autre, de ces vieilles dames un peu fantasques à la petite fille hardie...
Le petit monde qui vit sous ce soleil trompeur pourrait être de tous les temps, le malheur voudra qu’il vive ses derniers beaux jours alors que s’amorcent les grands procès de Moscou. Et c’est bien cela que Mikhalkov met en scène, presque en filigrane, l’affrontement d’un vieux colonel jovial, héros de la Révolution, et de l’ancien fiancé de sa jeune femme, exilé longtemps et désormais entré au terrible NKVD. « Les victimes font les meilleurs bourreaux » a écrit Kundera. Ce n’est pas exactement ce que nous dit Mikhalkov en nous faisant d’abord croire à une jalousie amoureuse avant de nous faire comprendre, dans une ultime partie, cruelle sans exceptions mais un peu trop appuyée comme est bien peu légère la farce ouvrant le film, que victimes et bourreaux partagent la même (mauvaise) conscience puisqu’ils ont partagé les mêmes fautes et échangé leurs rôles.
Plus que tout autre, Mikhalkov est un cinéaste de la séduction et son art ne se dépare jamais de ce charme qui sait se jouer de nos émotions. Une séduction délicieusement apprêtée, sans mauvais goût, sans tapage, désuète et indémodable. Soleil trompeur n’échappe pas à la règle qui ressemble plus que tout autre au cinéma à la fois humaniste et universaliste dont semble rêver Mikhalkov."
" C'est un long cri de joie qui salue l'arrivée de Mitia. Mitia, élevé jadis dans cette famille, disparu,
" C'est un long cri de joie qui salue l'arrivée de Mitia. Mitia, élevé jadis dans cette famille, disparu, il y a longtemps, avec le coeur de Maroussia. Et les voilà qui se regardent tous les deux, ces amoureux d'un autre temps, comme Platonov contemplait Sophie dans Partition inachevée pour piano mécanique. C'est drôle : dès lors que Mitia a ôté son masque, chaque habitant de la datcha semble en avoir revêtu un. Et une sourde inquiétude, soudain, a jailli. Comme une fausse note dans l'harmonie générale. C'est cette fausse note que va filmer Mikhalkov. En la faisant apparaître et disparaître. En jouant d'elle. En la montrant, hop, rien qu'une seconde, dans un regard échangé entre Maroussia et Mitia, entre Mitia et Kotov. En la dissimulant, ensuite, sous l'ironie, l'absurde ou l'émotion (admirable séquence où Mitia, frappé par Kotov, se relève à l'arrivée de Nadia, tel un clown léger avec un ballon de foot qui roule sur son doigt...). Et puis, enfin, en la laissant éclater, cette fausse note, dans les dernières minutes du film, et lui faisant, alors, tout détruire. Le rêve. L'euphorie. Tout...
C'est donc un suspense à la Hitchcock auquel se livre Mikhalkov. Tout va exploser, c'est sûr. Mais quand ? Mais comment ? La mise en scène grignote, minute après minute, seconde après seconde, la quiétude de ce dimanche d'été. Pour mieux en dévoiler les rapports de force secrets. Lors de la baignade, par exemple, Mitia surveille, de loin, son « rival ». A plusieurs reprises, Kotov manque de marcher sur un tesson de bouteille. Oui ? Non ? Marchera, marchera pas ? (...)
Inquiéter, émouvoir, amuser. Pas successivement ce serait trop simple , mais simultanément, à l'intérieur d'une même scène : voilà le rêve de Mikhalkov. Manier le temps à sa guise. Réussir à marier la précision d'un mathématicien à la grâce d'un poète. La rigueur et la liberté... Et il y parvient, ce qui en agace plus d'un.
Un lac, un petit air de musique, qui souligne les mots tendres qui lient Kotov à sa fille. Une barque, filmée en plan éloigné, qui traverse l'écran, et c'est le lyrisme de Renoir que l'on évoque. Dans l'île où ils se sont réfugiés, le visage de Maroussia, fermé, mais offert cependant, si offert... Et le corps de Mitia, appuyé à un arbrisseau, sur lequel il se balance. Négligemment. Enfin, pas si négligemment que ça. Et le trouble naît : la sensualité d'un amour qui a été, mais ne sera plus. S'ils ne se touchent pas, en cet instant, ces deux-là s'effleurent quand même... Ou alors, voilà qu'en quelques secondes, la folie s'empare de la datcha (...) Tout est dans cet instant qui ne veut jamais finir et qui prend, alors, des airs d'éternité... L'homme ne vit que pour cette éternité illusoire, même s'il forge sans arrêt des armes pour la détruire.
Car la morale de Soleil trompeur, c'est tout de même que chacun est responsable de l'horreur qu'il fait naître. Certes, dans la Russie des années 30, le « soleil trompeur », c'est Staline. Le Petit Père des peuples, dont l'image règne partout, jusque sur ce dirigeable que Mikhalkov filme avec un rien d'insistance, ce qui ne lui ressemble pas. Ce qu'il filme mieux, en revanche, parce que ça l'intéresse, c'est cette inconscience qui, en chacun de nous, explique, si elle ne la justifie pas, l'existence de tous les « petits pères du peuple » passés, présents ou à venir. Le sort de l'homme, c'est de n'entendre que ce qu'il veut entendre ; de ne voir que ce qu'il veut voir.
Dans La Cerisaie, de Tchekhov, Lopakhine avertit à plusieurs reprises Lioubov Andreevna que sa chère propriété sera vendue, là, dans quelques jours, et qu'il s'agirait donc de tenter de réagir un peu ! Que s'entend-il répondre ? On verra, on trouvera une solution, on s'arrangera (...) Dans Soleil trompeur, réunis dans cette datcha privilégiée, nos Russes évoquent le temps heureux (celui de Tchekhov, qui, évidemment, ne l'était pas tant que ça !), où la vie avait un autre parfum. « Mais qu'avez-vous fait pour protéger ce parfum que vous regrettez, aujourd'hui ? », dit Kotov, exaspéré par tant d'indolence. Rien. Personne n'a rien fait. Sinon philosopher autour d'une tasse de thé (ou de vodka !).
Le plus drôle, c'est que Kotov, apparemment plus lucide que les autres, colonel au KGB ce qui ne fait pas de lui un enfant de choeur , s'avère aussi naïf que le malheureux camionneur qui, durant le film, tourne en rond à la recherche d'un village inconnu et qui, le soir, rencontre son destin. Mais avec Kotov, incapable jusqu'au bout de croire à la folie de l'idole qu'il aura lui-même forgée, Mikhalkov se dépare un instant de l'ellipse. Soudain, il ne suggère plus : il montre. Du sang. Des larmes. Et un long gémissement, comme en exhale chacun de- vant ses illusions perdues. On prête un libre arbitre à l'homme et, en bon humaniste, Mikhalkov défend cette thèse : oui, à chaque instant de sa vie, on choisit de se sauver ou de se perdre. Il y a jusqu'au bout, jusque dans la boue dans laquelle on s'enfonce, un salut possible. C'était le cas de Cinq Soirées, des Yeux noirs, de La Parentèle. Dans Soleil trompeur, Mikhalkov continue de proclamer l'existence du libre arbitre, mais le choix, cette fois, n'est qu'un leurre : s'il opte pour le mal, l'homme devient sa propre victime, pour l'éternité. S'il opte pour le bien, il devient la victime de ceux qui ont opté pour le mal. On n'en sort pas.
Partition inachevée pour piano mécanique, le plus beau film de Mikhalkov, était une tragi-comédie, qui se terminait sur un enfant endormi, éclairé par le soleil levant. Ici, le soleil est trompeur ; le film, superbe, est donc une tragédie. Où la fatalité, au lieu de foncer au pas de charge, s'offre une pose... "
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