
Bill Pohlad : "Ce type un peu bizarre qui s'avère être Brian Wilson..."
Co-écrit avec Oren Moverman, co-scénariste d'I'm not there (rêverie de Todd Haynes d'après les vies de Bob Dylan...
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Portrait mythique du célèbre trompettiste et chanteur de jazz Chet Baker, mi-ange, mi-démon, partagé entre la musique et la drogue.
Portrait mythique du célèbre trompettiste et chanteur de jazz, Chet Baker, un homme extraordinairement beau, virtuose inspiré et novateur, reconnu comme un pair par les plus grands (Stan Getz, Charlie Parker, Gerry Mulligan, etc). On s’attarde aussi sur l’autre visage du musicien, dont la vie fut une bataille contre la drogue. Plus encore que ses confessions, ce sont le souffle, le son toujours superbe, le chant évanescent, la plainte de ce musicien, qui s'imposent. Ce portrait d'un homme mi-ange, mi-démon, cabossé par la vie se révèle bouleversant et unique.
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" Il y a cette image de Chet Baker dans cette voiture qui roule. La caméra le cadre en plan serré. Il est entouré
" Il y a cette image de Chet Baker dans cette voiture qui roule. La caméra le cadre en plan serré. Il est entouré de deux filles qui lui chuchotent à l'oreille des propos qui le font sourire. En contre-champ, les palmiers de Los Angeles défilent, sombres, irréels, mortuaires. Chet, lui, continue de sourire...
Nul ne sait — hormis lui peut-être — que la mort est là, toute proche (1 ). Elle se lit pourtant sur son visage émacié, sur les mots qu'il prononce avec effort... Non, il n'a déjà plus la force de rien, sinon de s'amuser comme un gosse sur des auto-tamponneuses, d'inventer des bribes de sa vie. Et de souffler, d'une voix rauque, de vieux « standards » terrifiants de mélancolie.
De temps à autre, la caméra s'arrache au charme de Chet-l'épave pour aller chercher du côté de son passé. Quelle surprise et quelle horreur : quoi, ce vieil homme brisé avait été, dans les années 60, ce jeune Américain si beau, si brun, si doué ! William Claxton, le photographe, raconte comment, sans même s'en rendre compte, il avait photographié Chet lors d'une séance d'enregistrement. Et le scénaristeLaurence Trimble trouve des mots amoureux pour dépeindre ia fascination exercée par Chet sur ses fans.
Ses fans et ses femmes. Nombreuses, variées, résignées ou agressives, eües révèlent l'autre Chet : profiteur, égoïste, brutal, mégalomane... le vrai Chet, sans aucun doute. Sauf que l'on s'en fiche. Lors du Festival de Cannes 1987, on le voit, entre deux verres, entre deux shoots, refuser de chanter devant un public bruyant et dissipé. Et puis, demander poliment à l'audience de la boucler « parce que c'est une question de feeling », avant de susurrer un Almost you mémorable : si fragile et si lointain...
La caméra de Bruce Weber est chaleureuse, assez pour faire pardonner sa faiblesse (pour Chet !) et ses faiblesses (pour un côté « clip » quelquefois, agaçant). On la voudrait, cette caméra, moins fébrile, moins hystérique lorsqu'elle essaie de recréer le passé de Chet, d'appréhender un secret, au moyen de quelques photos du passé. Ça court, ça « zoome », ça plonge de partout. Mais à quoi bon, puisque Bruce Weber n'est jamais meilleur que lorsqu'il fixe obstinément un visage ravagé afin de mieux y surprendre l'inexcusable fuite du temps "
(1 ) Chet Baker est mort le 13 mai 1988.
«Tombé», en mai 1988, de la fenêtre de son hôtel d'Amsterdam, situé à quelques
«Tombé», en mai 1988, de la fenêtre de son hôtel d'Amsterdam, situé à quelques enjambées du Zeedijk, allée du quartier rouge connue pour être un supermarché à ciel ouvert de la poudre. Légendaire jusqu'au bout, Baker sera aussi mort un vendredi 13. Bruce Weber a appris la nouvelle en salle de montage. Il était en train d'éditer les 90 heures de rushs consacrées à cet homme qu'on disait fini mais que lui n'avait cessé de mettre amoureusement en scène depuis trois ans.
La fixette de Weber sur Chet remontait au début des années 80. Lui qui érotisait chaque campagne Calvin Klein, à coups de photos noir et blanc sentant le sexe et le linge, était tombé en arrêt sur un exemplaire vinyl d'un de ces albums de Chet de 1955, dont la cover était systématiquement due au photographe William Claxton.
Claxton avait découvert le jeune Chet vers 1953, alors même qu'il s'essayait à faire ses premières photos. Chet, qui était non seulement une bombe mais dégageait une aura photogénique tout à fait extraterrestre, sera magnifié par Claxton en tee-shirt blanc, dans la quintessence du cool. Sur chacun de ses clichés, il se dégage une sorte de bonheur qui est la promesse même de Chet Baker envoyée à l'Amérique des fifties : un jazzman blanc, beau comme un dieu, qui avait servi sous les drapeaux, un jeune mec sain et étincelant (...)
Les amateurs de hard bop, qui voyaient surtout en lui un imitateur à la pâle figure de Miles Davis, lui ont fait payer cher son public de jeunes filles portant queue de cheval, jupon et socquettes blanches, plus intéressées par son physique d'acteur que par ce jeu indolent, en dessous du niveau cardiaque, et cette «voix de fiotte» qui fut, toutes les années 50 et 60, un sujet de rigolade dans le milieu jazz, et dont on ne perçoit que depuis vingt-cinq ans la valeur inestimable .
Inséparable de son souffle caressant, elle est d'une douceur désespérée, murmurant des My Funny Valentine écorchés vifs, un My Ideal esseulé, un The Thrill is Gone abîmé aux médications. Et, de fait, le surdoué Baker, qui ne savait pas déchiffrer une partition, n'a jamais daigné répéter de toute sa vie, préférait, à la vitesse et aux femmes, l'héroïne. Une femme fatale pour laquelle il aura tout laissé tomber - jusqu'à se laisser tomber lui- même, au plus bas du caniveau, les dents brisées par des dealeurs à qui il devait des ronds (comme tout camé, Baker a menti toute sa vie, et cet épisode connaît au moins une dizaine de versions alternatives).
Celui que Bruce Weber est venu écouter un soir de 1986 (...), dans une boîte à mites de New York est ravagé : à 54 ans, il ressemble à une loque. Il tente depuis dix ans de réapprendre à souffler et à chanter avec un dentier qui le trahit souvent. Ses cheveux longs et filasse, sa maigreur caverneuse de toxico, ses rides précoces, la tristesse canine de son regard, lui donne l'apparence d'un taulard. Autant dire que pour un mec comme Weber, doté d'une sensibilité érotique hors du commun, et romantiquement attiré par tout ce qui relève de la fêlure, Chet n'a jamais été aussi beau qu'en l'état.
L'idée de réaliser un film, qui naîtra ce soir-là, devient un vrai projet de photographe de mode : reprendre les acquis des photos de Claxton, le noir et blanc, les poses romantiques alanguies d'un être taiseux et insondable qui ne trouve réconfort qu'auprès des femmes (ainsi la pochette où Chet est torse nu la tête posée contre les hanches de sa seconde femme, Halema), en y rajoutant la seringue hypodermique et le processus d'autodestruction comme personnage principal.
Let's Get Lost est, à ce titre, un manifeste du faux raccord : regardez cet angelot années 50, puis regardez l'image d'après, Chet brisé. N'est-ce pas exactement le même parfum du sublime, mais pris en contre-jour ?
Si Claxton avait donné en 1954 une version californienne de Chet, Weber a saisi un Baker européen, tel qu'on le fantasmait dur à Milan, Paris ou Anvers, nimbé de tragique. Chet était la première pop star américaine. Le film était pour lui un tombeau, une poignée d'heures avant l'heure. Assumé : le 21 mai 1988, Weber en personne organisera et règlera les obsèques du musicien.
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