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Film qui retrace la vie d'une personnalité devenu mythique, Emily Dickinson, considérée comme l'une des plus grandes poètes américaines.
Nouvelle-Angleterre, XIXème siècle. Dans son pensionnat de jeunes filles de bonne famille, la jeune Emily Dickinson ne cesse de se rebeller contre les discours évangéliques qui y sont professés. Elle revient ainsi au domicile familial pour le bonheur de son frère et de sa sœur. Mais elle y passe ses jours et ses nuits à écrire, passionnée de poésie, espérant être publiée un jour.
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La caméra pivote lentement, accomplissant un tour complet, comme l’aiguille d’une horloge. Elle saisit au passage les vi
La caméra pivote lentement, accomplissant un tour complet, comme l’aiguille d’une horloge. Elle saisit au passage les visages de chacun des membres d’une famille, éclairés à la chandelle. Les parents, les deux sœurs, le frère… Les poses sont compassées, comme s’il fallait les prendre pour les peintres ou les premiers photographes, mais le mouvement lent et assuré de l’appareil nous rappelle que nous sommes bien au cinéma, que ces visages vivent en même temps que nous les regardons. Le temps est à l’œuvre, ce temps qui est la dimension favorite de Terence Davies, le réalisateur britannique de ce beau film poignant, travaillé par la tragédie sous sa surface harmonieuse.
C’est la famille Dickinson qui est réunie dans ce salon de la Nouvelle Angleterre, au milieu du XIXe siècle. Au moment où ce panoramique magnifique la passe en revue, la plus célèbre de ses membres, la poétesse Emily Dickinson, est encore une très jeune fille – incarnée par Emma Bell, qui sera remplacée, la trentaine passée, par Cynthia Nixon. Adolescente, Emily Dickinson a dû quitter le pensionnat où elle apprenait à être une épouse pieuse et dévouée après avoir confessé ses doutes métaphysiques. Accueillie à bras ouvert par une famille aussi austère qu’aimante, Emily Dickinson y restera jusqu’à la fin de sa vie, renonçant progressivement à tout contact avec le monde extérieur. Cette biographie de recluse pourrait être celle d’une sainte catholique.
Terence Davies, lui-même d’éducation papiste, insiste sur cet aspect de la vie de la poétesse, qu’il qualifie lui-même de « Passion ». Mais le cinéaste est un homme trop sensible pour s’arrêter à la dimension doloriste de ce récit – qui se finit dans les terribles souffrances d’une néphrite aiguë, alors incurable.
Qu'il filme son enfance dans Distant Voices, qu'il adapte John Kennedy Toole dans La Bible de néon ou évoque la solit
Qu'il filme son enfance dans Distant Voices, qu'il adapte John Kennedy Toole dans La Bible de néon ou évoque la solitude d'Emily Dickinson, Terence Davies ne parle, bien sûr, que de lui. Du vieil homme qu'il est devenu et de l'adolescent qu'il a été, en révolte perpétuelle contre l'Eglise, tortionnaire de ses jeunes années, condamnant sans appel son homosexualité. Ainsi montre-t-il Emily Dickinson, adolescente, résistant vaillamment, comme une guerrière, aux préceptes religieux qu'on veut lui inculquer... Formellement, aussi, on retrouve, de film en film, d'étranges ressemblances. Ces travellings qui avancent dans des couloirs, miséreux ou somptueux, pour se perdre au loin, dans l'inconnu. Et ces mouvements circulaires, souvent à 360 degrés, comme celui qui replace Emily au sein de sa famille, un soir, probablement après le souper. On ne saurait rêver d'un plan plus chaleureux et plus terrible puisque s'y côtoient la tendresse que l'héroïne éprouve pour les siens, dont elle ne se débarrassera jamais, et l'enfermement qui, déjà, la menace... Terence Davies est l'un des rares, aujourd'hui, à peindre les femmes comme ses égales : victimes du sentiment amoureux qu'elles inspirent ou éprouvent (Rachel Weisz dans The Deep Blue Sea) ou d'une société qui ne tolère jamais l'indépendance qu'elles manifestent (Gillian Anderson dans Chez les heureux du monde, d'après Edith Wharton). Emily Dickinson (Cynthia Nixon) lui est chère parce qu'elle est une révoltée silencieuse, exilée dans un univers qui préfère le paraître à la vérité de l'intelligence et du talent. Seuls quelques rares poèmes — une dizaine sur des centaines — seront publiés de son vivant, et par des éditeurs suffisamment obtus pour en modifier l'orthographe (trop de majuscules !) et le sens, afin de les rendre plus accessibles au public. Lorsque la mère d'Emily meurt, elle souffle un seul mot : « Pourquoi ? » Et c'est Emily elle-même qui complétera, bien plus tard, cette question inachevée : « Pourquoi le monde est-il devenu si laid ? » Cette interrogation, le cinéaste, splendide et toujours méconnu, doit se la poser sans cesse... Emily, il la voit — car son film est une évocation, en aucun cas une biographie — comme un personnage de Charlotte Brontë. Il la filme dans des intérieurs aux beiges sombres qui trahissent son mal-être, mais aussi dans des parcs lumineux où elle dit soudain : « Il est facile d'être stoïque quand personne ne veut ce que l'on a à offrir. » Et aussi, hélas parce que c'est vrai : « Nous devenons ce que nous craignons le plus. » Le grand moment du film, c'est ce travelling qui approche Emily tandis qu'elle attend l'avis d'un pasteur à qui elle a fait, pour la première fois, lire ses poèmes. La caméra finit par cadrer de près son visage, plein d'espoir et défait. A l'affût d'un compliment qui la pousserait à vivre.
« La distance que les morts ont prise / N’apparaît pas d’emblée / Leur retour paraît possible&n
« La distance que les morts ont prise / N’apparaît pas d’emblée / Leur retour paraît possible / et consume mainte année. » La femme qui écrivit ces vers, Emily Dickinson, naît en 1830 à Amherst, en Nouvelle-Angleterre. Elle a voué son existence à la poésie. De son vivant seuls quelques textes issus de sa plume infatigable avaient été publiés. Parce que dès sa trentième année elle ne quitta plus guère sa demeure familiale, qu’elle consignait ses écrits scrupuleusement composés dans des carnets cousus à la manière d’un rituel, parce que ses thèmes touchant à la mort, à l’éternité, aux abeilles qui bourdonnent la rendent tout à la fois extraordinairement présente dans son adresse au monde mais l’en détachent en étrangeté, il n’est pas simple de la faire apparaître. Terence Davies y parvient en attachant à chacun des pas de son personnage la puissance de la recherche poétique dont il s’est épris. Il nous restitue en cadres d’une intense beauté picturale une Emily tour à tour enjouée et possédée d’un esprit profond, dotée d’un humour ravageur, d’une pensée libre et de liens affectifs claustrophobes. La première rencontre se déroule dans le pensionnat de jeunes filles de Holyoke. Emily (jouée par Emma Bell pour cette brève mais édifiante entrée en matière) est en passe de se faire renvoyer. Ses positions religieuses peu orthodoxes, que son sourire à peine rentré aggrave, lui assureraient une place en enfer. Robes noires sur bleus froids, Emily sera sauvée de ces limbes par son père (Keith Carradine). Il est accompagné de la sœur d’Emily, Lavinia, dite Vinnie (Jennifer Ehle), et de son frère, Austin (Duncan Duff). Les Dickinson forment une famille de juristes, puritains à l’extrême mais soudés comme un clan.
Le trajet de retour vers la propriété d’Amherst s’accomplira flanqué d’une tante âgée, exemplaire du milieu dans lequel les Dickinson sont ancrés. La vieille dame sanglée de codes et d’usages manifestera au concert sa détestation de la musique profane et des créatures qui s’exhibent sur scène. Si le père d’Emily a une approche tout aussi inflexible de la foi, celle de la jeune femme, dès lors interprétée par Cynthia Nixon, relèvera toujours de règles personnelles qui lui interdiront de plier devant l’Église au profit d’un questionnement de sens. Les humeurs ductiles d’Emily, sensible à la moindre vibration de l’air ambiant, se cristallisent en quelques tailles dures de diamant : sa relation à Dieu, l’amour qu’elle porte aux siens et la discipline de l’écriture. Un poème par jour, ou plus exactement par nuit, domaine aux reflets de lune que ceint la lueur des chandelles.
Terence Davies porte à l’environnement d’Emily une attention soignée. Ceux qu’elle aime, ce qu’elle voit. Des plans circulaires font défiler les choses familières qui entourent la famille réunie au salon. Aux lueurs du foyer, à celles des ciels de Nouvelle-Angleterre qui passent les fenêtres, voici Emily dans son fauteuil, la lampe, les chandeliers, une coupe, un tableau, les Dickinson un à un unis en farandole. La vie domestique occupe Emily et sa sœur, volontairement confinées. Et la poétesse peut se prendre de fous rires, de larmes, de colère devant ce qui la heurte. Au plus haut la déloyauté, comme devant cette coquette qui prétend s’approprier son frère, marié à une femme adorable que le cercle de famille a adoptée. Le parcours d’Emily Dickinson semble moins austère que celui des sœurs Brontë, elle puise pareillement aux ressources d’une grande intériorité, solitaire et profuse. Terence Davies alimente sans faillir la dramaturgie de roman familial qui s’étend sur trente-sept ans de la vie d’Emily Dickinson. Des décennies scandées de personnages nets et frappants, des vers que récite Emily par la bouche d’une Cynthia Dixon frémissante et juste. Le cinéaste nous offre l’un de ces plaisirs cinématographiques nés de la conjugaison de l’intuition et du travail minutieux sans que l’on en sache la part. Mille filins invisibles les accordent en visions somptueuses. Terence Davies a plusieurs fois plongé ses investigations dans les carcans du puritanisme, notamment dans sa Trilogie (1984) ou encore dans des films tissés d’autobiographie comme Distant Voices, Still Lives (1988). Il a chaque fois rendu au plus près la place des femmes dans ces sociétés, en différents lieux et époques. L’après-guerre de The Deep Blue Sea, celle de 14-18 dans le superbe portrait qu’il réalise dans Sunset Song. Nous voici avec Emily Dickinson, tournée sa vie durant vers l’éternité.
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