
Cinéscope Néerlandais : Paul Verhoeven, bikers et sauvageons
Cinéscope, le ciné-club de l'Ambassade des Pays-Bas, qui se tient à Paris au Reflet Médicis (le 17 mars à 20h30)...
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A La Haye, sous l'Occupation, Rachel échappe à un massacre et rejoint la Résistance avec la charge d'infiltrer la Gestapo. Sa mission n'est pas sans ambiguïtés.
La Haye, sous l'Occupation. Lorsque la ferme où elle se cachait est détruite par une bombe, Rachel rejoint une filière d'exfiltration de Juifs pour gagner la Hollande, déjà libérée. Mais son groupe est intercepté par une patrouille nazie. Échappant au massacre, elle prend le nom d'Ellis de Vries et rejoint la Résistance, qui la charge d'infiltrer la Gestapo... Le réalisateur de "Basic Instinct" et "Starship Troopers" est retourné aux Pays-Bas pour un nouveau film qui renoue avec la veine franchement provocatrice de ses débuts, ceux de "Spetters" et du "Quatrième homme". Très controversé, "Black Book" a plus que jamais réuni les fidèles admirateurs du cinéaste, ajoutant un titre de plus à une oeuvre sous le signe du défi au bon goût et à la morale.
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" Paul Verhoeven, comme tout artiste qui se respecte, est un agent double. Après une vingtaine d'années pass&ea
" Paul Verhoeven, comme tout artiste qui se respecte, est un agent double. Après une vingtaine d'années passées à exercer ce délicat talent à Hollywood (Robocop, Basic Instinct, Starship Troopers...), le cinéaste néerlandais est de retour au pays natal, avec un film d'autant plus attendu qu'il en caressait le projet de longue date et que son sujet, les Pays-Bas sous la botte nazie, brûlait. S'il n'est pas certain que lesdits Pays-Bas (où le film a tout de même réalisé le score exceptionnel de 900 000 entrées) aient toutes les raisons de se réjouir du retour du fils prodigue, on peut en revanche être assuré de tenir avec Black Book un spectacle d'une intelligence et d'une audace remarquables, l'un des meilleurs - si ce n'est le meilleur - ouvrages du sulfureux Batave.
Le film est une sorte de fusée à deux étages. Au premier, on rencontre une évidence, qui tient à la qualité de la mise en scène, à l'ambiguïté et à la pertinence qu'elle distille, au plaisir qu'on y prend, d'autant plus intense qu'il trouble profondément. Empruntant aux séductions du thriller, du drame romantique et du film d'espionnage, Black Book plonge pourtant sans faillir au coeur d'une époque infernale, durant laquelle l'humanité a atteint le dernier degré de l'ignominie. L'Occupation donc, de surcroît aux Pays-Bas, définis par l'historien Raoul Hilberg comme un terrain privilégié de la destruction des juifs d'Europe (les trois quarts des juifs néerlandais furent exterminés), l'Occupation considérée enfin dans ses dernières heures, à ce moment très particulier où la trahison généralisée, le renversement des alliances et le cloaque moral triomphaient. (...)
Cet imbroglio romanesque de haute intensité, mis en scène de manière palpitante, permet à Verhoeven d'asséner des vérités peu amènes sur ce chapitre particulièrement sombre de l'histoire de son pays, depuis l'antisémitisme latent de la Résistance jusqu'à l'abjection d'une épuration menée par d'anciens bourreaux transformés en Justes, en passant par la réhabilitation cynique d'anciens hiérarques nazis versés dans la lutte anticommuniste.
Verhoeven est-il allé, à cet égard, trop loin ? N'a-t-il pas, sous prétexte de briser le mythe d'une guerre opposant les forces du mal aux forces du bien, chargé la barque au point d'aboutir à une dilution de l'idéologie et à un nivellement des responsabilités davantage déterminés par le sens de la provocation que par celui de l'Histoire ?
Ce doute affleurera la conscience du spectateur. Mais à celui-ci appartiendra tout autant de juger, à l'aune des nombreuses fictions portant sur cette période, si la liberté que prend Verhoeven avec le sens de la mesure ne lui permet pas in fine d'être au plus près et au plus juste de l'avilissement programmé par les nazis ?
Cette question libère le deuxième étage de la fusée Black Book, qui pose une question fondatrice de la modernité cinématographique : celle de la représentation de l'extermination et de la soudaine invalidité des canons du cinéma classique. La réponse de Verhoeven est à cet égard lumineuse : plaçant la question de l'extermination des juifs au centre de son récit, il la met dans le même temps hors champ pour sonder la turpitude et la contamination du mal qui ont rendu possible cette réalité.
Toutes les ressources de la fiction classique lui sont dès lors permises, qu'il utilise avec un sens de la vitesse, de la séduction et du spectacle qui s'oppose terme à terme à l'attraction morbide inventée par les nazis.
D'une époque invraisemblable, il se réapproprie l'invraisemblance, en la mettant tout entière au service d'une croyance artistique en vertu de laquelle une résistante juive et un officier nazi peuvent effectivement tomber dans les bras l'un de l'autre, pour la simple raison qu'ils sont faits de la même chair. Cette leçon d'humanité et d'inquiétude se situe dans le sillage des quelques rares chefs-d'oeuvre qui se sont dignement confrontés à cette histoire, Le Dictateur, de Chaplin, To Be or not to Be, de Lubitsch, ou Monsieur Klein, de Losey. "
" Comme retour au pays, on a rarement vu ça. Les Néerlandais qui espéraient peut-être que la distance et le
" Comme retour au pays, on a rarement vu ça. Les Néerlandais qui espéraient peut-être que la distance et les années aient embué de nostalgie le regard de Paul Verhoeven sur sa terre natale risquent fort de tomber de haut. Black Book revient, en effet, sur la période d’occupation des Pays-Bas par les nazis, que le réalisateur avait déjà abordée en 1977, dans Soldier of Orange. Mais alors que le premier film montrait une version assez héroïque de la Résistance néerlandaise, cette seconde approche n’a de cesse d’emmêler les fils entre (faux) héros et (vrais) salauds.
Le livre noir qui donne son titre au film provient d’ailleurs d’un fait authentique : pendant la Seconde Guerre mondiale, un avocat de La Haye qui avait servi de négociateur entre la Kommandantur et la Résistance afin de limiter les bains de sang, tenait un journal dans lequel il marquait le nom des traîtres et des collaborateurs. Il fut mystérieusement assassiné à la Libération et son carnet s’évanouit avec lui. C’est précisément ce livre disparu qui est à l’origine du film de Verhoeven, dans un jeu de substitution habituel chez le réalisateur (on se souvient peut-être que les romans écrits par le personnage de Sharon Stone étaient au centre de Basic Instinct).
Hypothèse fictionnelle autour d’un texte absent, Black Book choisit l’image grise et foncièrement ambiguë pour remplacer le jugement définitif de l’écrit. Il choisit aussi deux show-girls pour traverser avec elles l’univers masculin de l’Occupation (...)
L’histoire de Stein (...) occupe le coeur du film et fait avant tout de Black Book un thriller d’espionnage à l’ancienne, avec d’incessants rebondissements, assez proche des productions d’avant-guerre de Hitchcock (Quatre de l’espionnage) ou de Michael Powell (L’Espion noir).
Il y a en particulier, chez Carice Van Houten, merveilleuse interprète de Rachel, quelque chose de l’éternel hollywoodien. Bien sûr, son personnage possède un ensemble de traits (frontalité érotique, hermétisme psychologique) qui inscrivent à l’écran, de façon manifeste, sa contemporanéité. Son parcours l’emmène, en outre, dans des basfonds que le cinéma classique lui aurait certainement épargnés. Elle n’en demeure pas moins, jusqu’au bout, une pure héroïne d’action réussissant à retourner à son avantage les situations les plus inextricables pour mener à bien son projet.
Plus étonnante, en revanche, apparaît sa partenaire, l’opportuniste Ronnie. Alors que le film s’ouvre sur les retrouvailles des deux femmes dans un kibboutz israélien au milieu des années 50, son personnage ne réapparaît que tardivement dans le cours de l’histoire et n’occupe qu’un rôle en apparence très secondaire (...) Elle tisse en sous-main, dans Black Book, une ligne de basse plus discordante, qui évoque directement l’héritage fassbinderien. Entre Rachel et Ronnie, comme entre Hitchcock et Fassbinder, Verhoeven déploie, avec un brio constant, tout un monde intermédiaire de personnages plus ou moins courageux ou diversement condamnables.
La période choisie (les derniers mois de la guerre) est fondamentale puisqu’elle permet au réalisateur d’enchaîner, sans solution de continuité, les violences nazies avec les vengeances aveugles à la Libération. La dernière séquence associe même la Seconde Guerre mondiale et le conflit israélo-palestinien. Car si Black Book cherche à se dégager des oppositions binaires et des jugements simplistes, ce n’est au final que pour mieux enfoncer le clou d’une morale désespérée. Pas de répit pour les braves – si tant est qu’ils existent. "
" A Hollywood, il avait su distraire (avec Robocop, Total Recall, Basic Instinct), mais il n'était finalement pas entr&eacu
" A Hollywood, il avait su distraire (avec Robocop, Total Recall, Basic Instinct), mais il n'était finalement pas entré dans le moule (à cause des plus tordus Starship Troopers ou Hollow Man), et sa carrière était au point mort. Alors, Paul Verhoeven est rentré chez lui, aux Pays-Bas, pour y tourner une superproduction à l'échelle européenne (...) Revanche d'un cinéaste qui, à 68 ans, refuse qu'on l'enterre, et qui, ici, ne quitte pas des yeux une jeune femme acharnée à vivre (...) On sait qu'elle survivra, car le film, construit en flash-back, nous la montre dès l'ouverture après la guerre. Mais c'est à chaque fois un miracle qu'elle s'en sorte (...)
Tout y est traîtrise, mensonge. Plus que la cruauté de la guerre, Verhoeven montre celle des individus, qui veulent tirer profit de l'horreur. Son héroïne même, avec toute sa générosité, est une individualiste qui sauve sa peau armée de sa propre morale : elle ne devient jamais une allégorie des martyrs de la Shoah, ni même des survivants, elle est à part, unique et seule. Son étonnant destin donne matière à un film feuilletonesque au charme presque rétro. Quand les cinéastes d'aujourd'hui abordent les films de guerre avec l'obsession du réalisme, Verhoeven ne craint pas de s'en tenir aux atouts de toujours : une histoire forte, des comédiens qui séduisent, des décors efficaces. Tantôt passe un parfum de série B, tantôt c'est un lyrisme sombre à la Visconti qui domine. L'ensemble compose un style unique, et reflète un appétit de cinéma qui fait plaisir à voir. "
Ultraouf au sujet de
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