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Dans une région pauvre du Brésil, des habitants d'un petit village mystérieux tentent de résister, alors qu'on veut les faire déguerpir à n'importe quel prix.
Dans un futur proche… Le village de Bacurau dans le sertão brésilien fait le deuil de sa matriarche Carmelita qui s’est éteinte à 94 ans. Quelques jours plus tard, les habitants remarquent que Bacurau a disparu de la carte. Une menace sourde pèse sur le village... Prix du jury au festival de Cannes 2019.
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"«Si tu viens, va en paix.» Sur le panneau d’entrée du village de Bacurau, une mise en garde en forme d’antiphrase. Le cinéma n’autori
"«Si tu viens, va en paix.» Sur le panneau d’entrée du village de Bacurau, une mise en garde en forme d’antiphrase. Le cinéma n’autorise pas plus la paix que l’actuelle société brésilienne. C’est donc par une procession mortuaire que s’ouvre Bacurau avant de se refermer sur l’enterrement d’un vivant. La violence est partout dans le film. Sourde, suggérée durant la première heure torpide de cette fiction d’anticipation rurale de Juliano Dornelles et Kleber Mendonça Filho (premier duo pour ce cinéaste qui s’est imposé seul avec les emballants Bruits de Recife et Aquarius). Syncopée et graphique dans son second souffle, où la guerre des mondes jusqu’alors esquissée prend la forme d’une transposition des Chasses du comte Zaroff à l’ère Bolsonaro.
On s’introduit dans cette petite communauté coupée du monde à l’occasion du retour à la maison d’une femme du village. En camion-citerne, on remonte le dernier fil qui connecte Bacurau au monde contemporain, chemin dont les bas-côtés sont jalonnés de squelettes desséchés d’une école municipale et d’une voiture de police criblée de balles et de rouille, fantômes d’une civilisation jadis à portée de main. Une route qui conduit vers le passé ou, au moins, hors du temps. Perdu dans la campagne urticante du Nordeste brésilien, le village se présente comme le refuge d’un collectif citoyen soudé, égalitaire, où le professeur mange à la même table que le bandit. Société modeste mais apaisée, dont les rites traditionnels se sont accommodés des écrans LCD et des tops 10 de YouTube.
Le film ondule au rythme de son village, s’imprègne de la musique des lieux en prenant le temps de regarder ses habitants, médecin comme prostituée, avec une égale noblesse. Un temps nécessaire aussi pour introduire discrètement des dérèglements qui contrarient un quotidien alangui. Une guerre de l’eau, d’abord, dont l’accès a été confisqué par une autorité distante et qui préfigure les maux plus grands qui s’abattent sur ce Brésil temporellement situé «dans quelques années» dont seuls de faibles et angoissants échos nous parviennent à travers un écran de télé qui annonce la reprise imminente des exécutions publiques. L’irruption à Bacurau d’un représentant de cette zone du dehors donne lieu à une formidable scène qui condense la déconnexion entre les deux mondes : lorsque débarquent un élu local et son équipe de campagne tapageusement kitsch, les habitants se calfeutrent chez eux. Grand exercice de surdité, où le bedonnant politique déroule son discours devant des rues désertes, avant que ce vide ne laisse place à une nuée d’insultes fantômes. Imperturbable, le préfet néocolon livre aux barbares les généreux témoignages du monde moderne, vomis par un camion benne : des cercueils, des livres à la pesée, des anxiolytiques en suppositoire - une certaine idée de l’endroit où enfouir ses angoisses.
L’apparition d’une soucoupe volante et scrutatrice, d’un duo de motards fluo et d’une horde de chevaux noctambules finit de sortir Bacurau, le film comme le village, de cette indolence qui est souvent le prélude des catastrophes pour révéler l’entreprise pyromane des deux cinéastes. Une heure durant, cette jolie bulle a été badigeonnée de gazoline. La mise à feu a des allures de western carpentérien. Assiégé, le village se retrouve la cible d’un assaut coordonné qui rejoue mille divisions : le Brésil du Sud, riche et occidentalisé, contre celui du Nord ; les Blancs contre ceux qui ne le sont pas ; l’Amérique du Nord contre celle du Sud.
Ecrit et réalisé avant l’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro, le film rejoue dans son cadre et sa forme fracturée le drame alors en train de se nouer dans les urnes. La réponse épidermique des cinéastes prend la forme d’un cri primal et choral, d’une explosion graphique, comme s’il fallait invoquer des codes populaires - ceux de la série B - afin de conjurer le spectre du carnage populiste en cours. Bacurau se fait donc théâtre sanguinaire et grotesque, espace du jeu (télé ou vidéo) où chaque victime donne droit à des points. Le meurtre comme orgasme, comme shoot d’endorphine. Une riposte excessive, hyperbolique et paillarde à la démesure des troubles et démons qui dévorent le corps social et politique brésilien."
"Après Les Bruits de Recife et Aquarius, Kleber Mendonça Filho nous revient en duo avec, comme coscénariste et cor
"Après Les Bruits de Recife et Aquarius, Kleber Mendonça Filho nous revient en duo avec, comme coscénariste et coréalisateur, le décorateur de ses films précédents, Juliano Dornelles. Ça donne un film ni tout à fait le même ni tout à fait un autre. Écrit au long cours, après le court-métrage Recife frio (2009) et au fil de leur collaboration sur les longs-métrages, avec des éclipses parfois, le scénario se balade ainsi entre plusieurs genres. C’est un constat implacable et revendicatif de l’état du monde, comme toujours, mais cette fois, en mode guérilla (il y a des armes et du sang), entre fable et western.
L’histoire se passe « dans quelques années » et dans le Sertão, Nordeste du Brésil, où un tout petit village pleure sa doyenne, Carmelita, 94 ans, qui vient de s’éteindre. Isolé du reste du monde, privé d’eau à cause d’un barrage mis en place par le préfet véreux de la région, Bacurau est ravitaillé par un camion-citerne tandis qu’une jeune infirmière vient apporter des médicaments de première nécessité. Celle-ci est la visiteuse (et petite-fille) de la défunte, nous entraînant à sa suite dans la découverte de ce monde à part, avec ses grandes gueules, hommes et femmes ordinaires à la force de vie extraordinaire, si habitués à lutter que c’est devenu, chez eux, une seconde nature. Même si tout est sec, leurs cœurs sont gorgés de sève, de colère, de désir. On voit beaucoup de couples dans ce film, incidemment, sur le pas de leur porte, ou émergeant du lit et se penchant à la fenêtre, lorsqu’une horde de chevaux traverse la ville au galop au milieu de la nuit. La vie est là, mais la mort rôde, les cercueils semblent pousser le long des routes de bitume comme de la mauvaise herbe… Et puis il y a l’amitié, la solidarité, ce qu’en d’autres lieux plus urbains on appellerait le lien social, cette chose tombée en désuétude et qu’il fait si bon voir ici se déployer sans ambages.
Alors, assiégés, comme dans un western américain, mais par de riches touristes (en réalité commandités, sans le savoir, pour la plupart d’entre eux) venus jouer de la gâchette comme dans un safari, ils seront unis et debout. Ils feront aussi appel à un bandit recherché, Lunga, « cangaceiro » dans la pure tradition du film populaire brésilien, pour venir leur prêter main forte et leur montrer où sont enterrées les armes de la dernière insurrection. Et là, le film vire au massacre gore, sous emprise psychotrope (une mystérieuse petite graine posée sur la langue des protagonistes). C’est la révolte, la révolution. Et d’ailleurs, des têtes tombent… Toutes ces bifurcations du style font chaque fois référence au cinéma dans son entier (au son, on reconnaît même la musique de John Carpenter, qui s’y connaît en assauts), et Bacurau, remarquablement photographié, est un étonnant voyage dans un futur imprégné du passé et qui est déjà de l’ordre du présent. Au Brésil, où Jair Bolsonaro, président d’extrême droite, règne. Mais partout ailleurs. "
"Qu’il fait bon vivre à Bacurau. Dans ce village à une voie, perdu dans les plaines du sertao, la doctoresse et matriarche recueille les ma
"Qu’il fait bon vivre à Bacurau. Dans ce village à une voie, perdu dans les plaines du sertao, la doctoresse et matriarche recueille les maris saouls virés de chez eux par leurs épouses, deux putes et un gigolo ont pignon sur rue dans leur camion garé devant l’école, les enterrements se font sous psychotropes bio, bercés par les chants du troubadour local. Une vraie bourgade de western, sans shérif ni propriétaire terrien, où le seul hors-la-loi est un repenti qui souffre de voir les vidéos de ses crimes faire le buzz sur internet. On n’y trouve ni riches ni pauvres, mais un respect de la nature, de la culture et des traditions qui met tout le monde sur un pied d’égalité.
Des gangsters de la région se disputant le barrage à proximité, Bacurau n’est plus alimenté en eau, ce qui arrange bien le préfet, Tony Jr., dont les discours de VRP masquent une farouche envie de rayer cette communauté hippie de la carte. Quand Bacurau disparaît des GPS et que des drones en forme de soucoupes volantes se mettent à survoler la ville sur une musique de John Carpenter, un autre film commence. Sanglant, rageur, sans concession. Place aux « Chasses du comte Zaroff » au pays de Bolsonaro avec Udo Kier et des acteurs américains de seconde zone dont le jeu caricatural nuit à la subtilité du propos mais en appuie la portée : c’est l’impérialisme culturel et économique des Etats-Unis et sa dégénérescence que figure ce basculement dans la série B violente, ainsi que la résurgence du militarisme fascisant dans cet « éternel pays d’avenir » (dixit Georges Clemenceau).
De Kleber Mendonça Filho, magicien du jeune cinéma brésilien, on n’en attendait pas moins, mais pas comme ça. On le savait adepte du cinéma de genre pour en trouver quelques motifs dans ses inclassables fresques sociales, « les Bruits de Recife » et le magistral « Aquarius ». Voici qu’il s’en empare frontalement avec son décorateur, ici coréalisateur, Juliano Dornelles. Cela faisait plusieurs années que les deux hommes pensaient à cette fable à peine dystopique, prenant place « dans quelques années », où s’entrechoquent le western chamanique, la SF parano, le thriller gore et les légendes autour des cangaçeiros, ces bandits du folklore brésilien. Elle ne pouvait mieux tomber qu’aujourd’hui, à l’heure où Bolsonaro rivalise avec Trump, où les garimpeiros, ces orpailleurs clandestins, déciment les peuplades indigènes en toute impunité, où l’Amazonie brûle. Grâce à « Bacurau » (prix du jury à Cannes), c’est l’écran qui s’embrase et notre âme de révolutionnaire avec."
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