
Cannes 2015 — Dans les montagnes de João Pedro Plácido
Présenté à l'ACID lors du festival de Cannes 2015, Volta à Terra suit le quotidien d'un village agricole d...
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Paris, la nuit. C’est ici que vivent des sans-abri, ils parcourent trottoirs, ponts et couloirs du métro, au bord d’un monde où la société ne protège plus.
La nuit tombe. Le Paris "carte postale" s'efface doucement pour céder la place à ceux qui l'habitent : Jeni, Wenceclas, Christine, Pascal et les autres. A travers treize figures centrales, Au bord du monde dresse le portrait, ou plutôt photographie ses protagonistes dans un Paris déjà éteint, obscurci, imposant rapidement le contraste saisissant entre cadre scintillant et ombres qui déambulent dans ce théâtre à ciel ouvert. Prix FIPRESCI au Festival de Thessalonique.
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" On n'avait plus vu Paris aussi étincelant depuis Stanley Donen et ses films avec Audrey Hepburn. Eclairés par un c
" On n'avait plus vu Paris aussi étincelant depuis Stanley Donen et ses films avec Audrey Hepburn. Eclairés par un chef opérateur magique, Sylvain Leser, les monuments semblent émerger, la nuit, tels des mirages. Dans cette ville fantôme, les voitures, rares, semblent glisser pour fuir ailleurs. Et laisser la place à ceux qui n'ont pas où aller...
Un homme pousse son Caddie dans les rues désertes pour gagner le lieu où il dort, depuis des années : c'est Wenceslas... Recroquevillée contre sa grille, Christine raconte sa vie d'avant : sa maison, détruite, son mari et ses trois garçons, eux aussi à la rue, qu'elle espère retrouver un jour. On ne sait pas si elle dit vrai ou si elle invente, tant elle semble échappée d'une pièce de Jean Giraudoux : elle ressemble, d'ailleurs, à l'actrice Marguerite Moreno, célèbre pour avoir créé La Folle de Chaillot...
En compagnie d'un ami étrangement muet, Pascal évoque sa cabane du 7e arrondissement, faite de bric et de broc, qu'il a mis des mois à aménager, à embellir. « S'il y avait le courant, ce serait royal ! dit-il en riant. Déjà que je ne sors pas beaucoup de chez moi, là, je ne sortirais plus du tout ! » Son angoisse, c'est que certains riverains, pas contents de voir un clodo gâcher leur belle rue, le forcent à déguerpir, un jour. Pour l'instant, ils sont gentils. « Y a même un flic qui m'a apporté un plat de charcuterie pour Noël »...
Alexandre, lui, installé de l'autre côté de la Seine, philosophe, tel un disciple de Cioran : « On recule au lieu d'avancer. Bientôt la société deviendra moderne, mais l'homme redeviendra préhistorique. La seule chose qu'il n'y aura pas, ce sont les dinosaures. Mais la police continuera à exploiter cet homme des cavernes moderne »...
Ils sont tous magnifiques, ces résistants éphémères. Dignes. Aussi beaux que cette ville, magnifique et froide, autour d'eux. Que le regard, chaleureux, du réalisateur. Claus Drexel ne les humilie pas. Il ne les filme pas, comme beaucoup avant lui, avec une pitié maladroite. Il en fait, au contraire, de purs héros tragiques, victimes de forces qui les dépassent et qui les broient. Démarche passionnante. Réussite totale. "
" La peur du sentimentalisme ou du geste militant facile, souvent justifiée, inquiète devant les documentaires à
" La peur du sentimentalisme ou du geste militant facile, souvent justifiée, inquiète devant les documentaires à l’intention flagrante. C’est a priori le cas d’Au bord du monde qui prend le parti de montrer, dans Paris, des hommes et femmes vivant à part, hors du monde : des SDF. Très vite pourtant quelque chose, dans la démarche de Claus Drexel, se distingue du geste lourd qu’on peut attendre. C’est qu’en réalité le documentariste substitue à ce geste un regard, un regard profondément humain et cinématographique, qui non seulement explore un espace méconnu, mais donne aussi à sentir le poids de ces vies marginales.
Paris, la nuit. Les rues sont désertes, monumentales, glaçantes. Il ne passe que, de temps à autre, un 4x4 noir qui accentue encore l’hostilité de ce monde. Et pourtant, c’est ici que vivent les personnages du documentaire de Claus Drexel. De Paris, le réalisateur ne retient que les images estampillées « ville des lumières » ; afin de poser, rapidement, un contraste entre ce cadre nocturne et les marginaux qui l’habitent. À la lumière omniprésente, aux reflets scintillants, répondent le dénuement, la modestie, le prosaïsme. Le documentariste impose sa maîtrise de l’espace et du cadre, faisant face aux personnages de son documentaire et aux rues et monuments parisiens avec une même distance immobile.
Par cet incessant et silencieux contraste il parvient, jusqu’à l’aube finale, à cartographier un territoire inconnu de la plupart, retranché des esprits, ignoré. Il s’y attarde, et c’est là qu’est le principal intérêt de sa démarche. Elle rappelle un temps que derrière l’intention se cache surtout un regard, qu’il est fondamental de poser – aussi banal que soit le fait de le constater. Et Claus Drexel interroge, sans misérabilisme, ces hommes et femmes sur leur quotidien : questions de débrouille basique, mais aussi solitudes, sexualité, possessions, souvenirs, espoirs. C’est à un point de vue sur la vie, depuis les marges de la société, que le documentariste s’intéresse plus qu’à une situation de fait (la vie sans domicile). C’est là que s’incarne la remarquable sensibilité du documentaire. Incohérence, véhémence, simple bon sens ou surprenante douceur – tout se trouve chez Wenceslas, Christine, Pascal – ces personnages qui ne se ressemblent pas, malgré leur situation commune.
C’est au fil du temps surtout qu’on saisit l’ampleur des images lentement posées par Claus Drexel – et Au bord du monde devient frappant. La façon dont il distingue l’espace monumental et impersonnel du Paris nocturne – dont tous les habitants sont évacués, retranchés dans le hors-champs des images, dans un autre monde (évoqués, par exemple, dans le désagrément qu’ils occasionnent nécessairement : les travailleurs qui arrivent au matin dans les immeubles de bureaux devants lesquels campe Wenceslas, qui doit donc déguerpir et remballer sa tente avant 5h) – cet espace, donc, est mis face à celui qui est investi par les sans-abris : un coin de parking, une place déserte, un squat, une cabane fabriquée en bouts de cartons. La topographie de ce monde, la façon dont les personnages s’approprient l’espace pour, souvent, faire place nette à l’aube, l’affrontement avec les nuits de pluie ou de neige, sont marquants. Et c’est bien sûr cette solide exploration de l’espace qui donne au documentaire sa puissance.
Il se termine d’ailleurs, au bord du périphérique parisien, par un dernier personnage qu’on n’avait pas vu. Pas d’entretien avec celui-ci : il ne parle pas. Il s’installe simplement, dans une misère glaçante, entre deux murs, en plein périph. L’horreur de cette situation, montrée de l’intérieur, est tout à coup mise à distance : la caméra s’éloigne et, depuis la route, filme le SDF depuis notre point de vue habituel. Son visage se découpe dans une petite ouverture du mur. L’aurait-on vraiment vu, de nos propres yeux, sans l’intermédiaire du documentaire ? Au bord du monde échappe à la pesanteur qu’on redoute car il n’est pas plus un constat qu’une démonstration ou une dénonciation dans les règles ; il est la véritable exploration, à hauteur d’homme, d’un territoire volontairement ignoré – mais dont nous sommes bien sûr si proches. "
" Très loin de sa pétillante comédie noire, Affaire de famille, avec Miou Miou et André Dussolier, Cl
" Très loin de sa pétillante comédie noire, Affaire de famille, avec Miou Miou et André Dussolier, Claus Drexel revient avec un projet atypique qui s’avère bien supérieur au tout-venant de la production française du moment. Au bord du monde est un documentaire d’ombres et de lumières, filmé dans la splendeur d’un Paris désertique et fantomatique, où les seuls habitants errants sont les lentes figures de sans-abris qui déambulent dans une solitude aussi glaçante que la météo environnante. Dans un univers de silence, insolite, à l’heure où les fauves parisiens se soulagent de leur dure journée de labeur dans une chaleur litée, Au bord du monde dresse le portrait d’un monde parallèle, méprisé le jour, repoussé toujours au plus loin de la marge. Ils gênent, physiquement, sensoriellement, psychologiquement également, repoussant la conscience dans ses retranchements, mais ici prennent la parole, offerte volontiers par Drexel, qui a côtoyé des hommes et des femmes laissés-pour-compte pendant une longue année, pour mieux apprivoiser la confiance et donc la parole.
Derrière la misère, se cachent des hommes et des femmes, une humanité formidable, condamnée à une vie où le borderline a été franchi depuis longtemps, où les codes de survie et les préoccupations s’avèrent bien différentes du commun des incessants passants que l’on ne croise jamais ici. Des préoccupations intrinsèquement humaines, comme la nécessité de pouvoir se poser quelque part, mais à ciel ouvert, la nécessité du toit, aussi symbolique soit-elle, s’impose alors que les jeunes fêtards du samedi soir s’affranchissent de leur intimité pour les malmener dans les lieux publics reculés où ils se sont battus pour en obtenir un droit tacite d’occupation nocturne.Avec un discours souvent cohérent, d’une perspicacité qui fait froid dans le dos - la peur d’abdiquer et d’être condamné à l’ultime invisibilité, de ne plus être, la conscience d’une durée de vie écourtée... -, ces hommes de la marge vivent en parallèle de toute économie et souffrent d’une vision de la société où l’homme n’est plus dès qu’il ne sert plus à rien, un discours utilitaire dont ils sont les témoins constants et qui en dit long sur les travers de nos sociétés où les formules libérales entachent les philosophies de vie.
La démarche de Claus Drexel, n’ayons pas peur de le dire, bouleverse, de par ses témoignages formidables, cette proximité avec ces êtres trop souvent ignorés, dont on distingue l’existence sans jamais vraiment chercher à s’en approcher, alors que le sort des travailleurs et des immigrés attristent notre quotidien de téléspectateurset nous affecte parfois avec plus de détresse que celle consacrée à ceux devant lesquels on passe et qui vivent l’innommable, l’indicible. Cette vision citoyenne et humaine, loin d’être didactique ou moralisatrice dans son discours, est sublimée par une réalisation et un sens de l’esthétique qui confère aux images un cachet d’une beauté inestimable. Les prises de vue d’un Paris mortifère, baignant dans des éclairages nocturnes magnifiés par le chef op. Sylvain Leser, sont uniques. Elles donnent une valeur artistique précieuse. Galerie de portraits entre beauté absolue et misère poignante, le documentaire évoque les plus grandes descriptions littéraires naturalistes, les photographies des plus grands maîtres du XIX et XXe siècle...
Totalement abouti, parfaitement unique dans son approche, Au bord du monde s’érige comme une absolue nécessité cinématographique et citoyenne, aux chemins croisés entre l’art de Goya, Zola, Dickens et l’abnégation humaine de l’Abbé Pierre ou Coluche, cités ici comme des héros méritants auxquels Drexel et sa petite équipe font désormais partie pour cette inestimable bonté d’âme qui pourrait changer le regard de plus d’un spectateur... "
" Composé exclusivement de plans fixes au format cinémascope, tournés avec un appareil photo Canon et un objectif
" Composé exclusivement de plans fixes au format cinémascope, tournés avec un appareil photo Canon et un objectif cinéma grand angle - qui permet d’avoir d’incroyables perspectives en arrière-plan des personnes interrogées -, le film est évidemment un documentaire sur l’extrême marginalité, sur l’état d’indigence en pays riche, mais qu’une vision de metteur en scène charge d’une force inhabituelle, comme si s’opérait un court-circuit entre l’éternelle misère des anciens galetas dépeints par Victor Hugo et la prophétie d’un proche effondrement résultant du krach économique de trop.
(...) Du Boudu sauvé des eaux de Jean Renoir aux nombreux clochards qui hantent les films de Leos Carax (Amants du Pont-Neuf ou Holy Motors) en passant par Sans toit ni loi d’Agnès Varda ou Paria de Nicolas Klotz, il existe une histoire française des projections imaginaires sur ceux qui déambulent dans les limbes de l’activité commune, productive, travailleuse et abritée. Quelque chose fascine et terrifie comme une dépossession toujours possible dans l’univers de l’accumulation de biens, au cœur même d’un système social a priori organisé pour protéger et porter secours. C’est bien la vulnérabilité des personnes interrogées et considérées ici qui saute aux yeux quand il faut rentrer le chariot dans la tente pour ne pas se le faire voler ou que des jeunes ivres sortant de boîte viennent vous chahuter, ou encore lorsqu’il faut dormir, assis et que d’un œil («c’est une autre sorte de sommeil, on tombe d’un coup, poum !» dit Christine).
(...) Le film ne résout rien, bien entendu. Il nous convoque à un carrefour dense de questions humaines, politiques, sociales, avec une mélancolie qui est peut-être une ressource morale plus profonde que la simple indignation."
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