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Sur le tournage de "Ran" d'Akira Kurosawa, Chris Marker filme le maître japonais au travail et livre un documentaire unique qui est aussi une leçon de cinéma.
Sur le tournage de "Ran", d'Akira Kurosawa, il y avait un autre cinéaste derrière la caméra : Chris Marker. Observant l'auteur des "7 samourais" et "Dersou Ouzala" au travail, son film hommage au maître japonais est aussi une formidable leçon de mise en scène découpée en une suite de petits chapitres : comment filmer une bataille ? comment apprendre la patience ? ...
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(…) Le réalisateur de La Jetée se fait tout petit, respectueux de Kurosawa, qu'il appelle sensei (maître), s
(…) Le réalisateur de La Jetée se fait tout petit, respectueux de Kurosawa, qu'il appelle sensei (maître), soucieux de ne pas « s'emparer d'une beauté » qui ne lui appartient pas. Ses plans du décor sous la brume vespérale, sa vision des comédiens en costumes de guerre défilant entre les bulldozers comme des fantômes du Moyen Age égarés au 20ème siècle sont pourtant magnifiques. Et son A.K. constitue l'un des plus beaux documentaires sur le cinéma au travail. (...)
Chris Marker restitue la dimension collective inhérente à un tournage, où il ne devrait y avoir « ni haute ni basse besogne ». Il raconte ce qu'il appelle joliment les « démons du cinématographe » : le cheval un peu trop fougueux qui entre dans le champ par le mauvais côté, la star qui bute sur son texte au terme d'une longue prise, le nuage capricieux qui vient ruiner des heures de préparation au moment de tourner une scène complexe...
Au-delà du making of, A.K. est également un hommage vibrant à Akira Kurosawa, l'homme aux lunettes noires et aux gants blancs, l'artiste soucieux du moindre détail, le créateur charismatique dont la seule présence suffit à imposer son autorité, l'auteur d'une oeuvre immense (dont Chris Marker rappelle avec brio les principales lignes de force) où le talent n'exclut pas l'humilité. Pour preuve, ce bel aveu de « Sensei » à son ami français : « Ce qu'on ne filme pas, c'est souvent le plus beau. »
"C’est ce document complètement exceptionnel, la plus belle leçon de cinéma jamais vue, que Chris Marker ap
"C’est ce document complètement exceptionnel, la plus belle leçon de cinéma jamais vue, que Chris Marker apporte au Festival de Cannes. Un moment à couper le souffle, entre des productions qui paraissent à côté tellement plus courantes. Si la vidéo et la pellicule avaient existé au temps de Michel Ange et de Shakespeare, on aurait aujourd’hui la mémoire visuelle de ces grands génies du passé. Mais aujourd’hui, Kurosawa en plein travail nous fait toucher du doigt ce qu’est le génie. Chris Marker a cadré le géant comme le sculpteur devant sa pierre et la carrure dominante de Kurosawa sur les pentes lunaires du mont Fuji, en train d’imaginer une gigantesque bataille de samouraïs, est du plus grand effet.
Pas de sentimentalisme, ni d’extase dans ce document, qui s’efforce de suprrendre seulement cette science innée chez, Kurosawa, de l’immobilité, de la patience, du détail, du mouvement enfin, qui vont tisser sa fresque. (...)
Le témoignage de Chris Marker nous met déjà l’eau à la bouche. Ce n’est pas seulement un hommage à la superbe technique du grand cinéaste japonais. C’est déjà un peu du climat d’une fresque dont on saisit toute l’ampleur."
" Préparation minutieuse et sereine, Kurosawa n’est pas un despote habitué à faire régner la terreur
" Préparation minutieuse et sereine, Kurosawa n’est pas un despote habitué à faire régner la terreur sur son plateau, incidents d’ordre météorologiques, on change de saison d’un instant à l’autre sur les pentes du mont Fuji et il arrive au brouillard d’exagérer, dans son dédain du coefficient de luminosité nécessaire aux effets de « sfumato ».
Loin de vouloir nous livrer le « journal » d’un film, Chris Marker s’est contenté de nous proposer un carnet de croquis en marge desquels il a griffonné quelques notes cinéphiliques. Ces croquis sont de toute beauté. Une beauté arrachée, il est vrai, à l'univers de Kurosawa, mais plus exactement au matériau dont il est fait et dont le reporter ne peut que capter la splendeur brute avant la mise en œuvre. Il est clair que les principes qui président à la construction de son grandiose échafaudage n’auront pas laissé à Kurosawa le loisir de s’attarder sur les beautés modestes et fugitives que Chris Marker contemple sans repentir.
A.K. est fait d’innombrables effets d’oriflammes, de lances, de sangles et de chevaux irrésistiblement «ucelliens», de silhouettes émergeant du brouillard et de précieux moments perdus que la complexité de la machinerie productrice ne peut, évidemment, qu’ignorer. Même s'il nous fait pénétrer les secrets d’une scène nocturne, toute de laque noire et d’or, pour laquelle on a dû peindre des herbes sauvages et qui, en fin de compte, ne sera pas conservée au montage.
En fait, on est dans l’atelier d’un peintre de batailles, et si nous ne voyons pas la toile elle-même, nous nous familiarisons peu à peu avec tout ce qui participe de l’environnement immédiat du peintre. La palette, les pinceaux, les feuilles d’esquisses, les modèles, le mobilier du local, les moindres nuances de la lumière ambiante, rien de ce qui compose le formidable instrument de travail du créateur ne nous est plus étranger.
Chris Marker montre avec le maximum d’élégance et de fidélité ce qui doit nous être montré. Pas de surcharges anecdotiques, peu de références biographiques (...), le strict nécessaire en ce qui concerne les éclaircissements techniques.
Il y a là, bien sûr, toute la noblesse qu’on aime à reconnaître aux activités artisanales, la sérénité divine, l'humilité face aux routines inévitables : servitude et grandeur. Chris Marker aurait pu se vouloir épique, le brouillard et ses ambitions métaphysiques, l'ensommeillement des figurants piégés par le temps dans une sorte de no man’s land entre le contemporain et l'antique, tout pouvait le porter à se vouloir plus poétique que de raison, ou encore biographe officiel d’un homme de génie dont on peut légitimement croire qu’il parvient avec ce film au terme d'une carrière glorieuse. Inutile de dire qu’on peut lui savoir gré d'être resté le subtil organisateur d’instants volés dont les films ont toujours été des fêtes du regard et de l'intelligence."
"Ce petit film réalisé pendant le tournage de Ran est comme le brouillon, aux pages déchirées, de l’
"Ce petit film réalisé pendant le tournage de Ran est comme le brouillon, aux pages déchirées, de l’œuvre d’un grand maître : on y voit des fragments de la démarche créatrice en train de prendre forme dans l’informe, à travers l’incohérence et la confusion.
Voici la matière rebelle dont le film est fait, la magie maladroite, la beauté en haillons et grelottante. Tout se mélange et se bouscule : le temps, le ciel, la pluie, les figurants innombrables qui patientent pendant des heures (des profils rieurs et camus entre deux combats !), la boue, le feu, l’or et la nuit, le brouillard, les chevaux plus personnels encore que les hommes, la terre noire du Fuji-Yama arrosée de poussière chaque matin pour les charges de cavalerie, les flèches minutieusement fixées sur les faux cadavres, les armures aussi difficiles à lacer que les corsets de nos grands-mères, et, au milieu de tout ce désordre inspiré, la sagesse tranquille du vieux A.K. (surnommé L'Empereur) qui voit tout, dirige tout, parle peu, médite sur l’opacité des choses, manie la lenteur et la foudre, gouverne le solennel silence avant l’ordre à la caméra de tourner (une demi-douzaine, en vérité, qui filment ensemble, de divers côtés, la scène immense).
C’est dérisoire et magnifique, comme ce que voit Fabrice à la bataille de Waterloo — car tout chef-d’œuvre se révèle, quand même, une bataillé perdue... Et c’est une formidable leçon de cinéma."
"... parce qu'il a eu tout le temps pour le filmer, tout le désir nécessaire à sa réussite et tout le
"... parce qu'il a eu tout le temps pour le filmer, tout le désir nécessaire à sa réussite et tout le génie d’avoir su se faire aussi petit qu’une souris, Chris Marker n’a pas réalisé un reportage « de plus » sur le tournage de l’année. Disons qu’au stéthoscope habitue! du journalisme, il a préféré l’échographie. Du coup, le tournage de Ran est perçu comme une masse organique, filmée à la fois dans son ensemble et dans son détail.
La métaphore la plus précise qui résume la mégalomanie du projet, Chris Marker la donne lui-même : « L'immense plateau ressemble à une garnison, l’organisation est celle d’une campagne militaire », dont Kurosawa est le «Sen-sei», l’Empereur, le Maître.
Ce champ de bataille propre et figuré (l’histoire de Ran, c’est aussi celle de la guerre) constitue un spectacle d’une telle beauté que Marker, le plus souvent, se contente de le contempler, même s’il signale, scrupuleux, que « le premier piège qui nous est tendu, c’est de filmer cette beauté qui n est pas à nous ». Alors, pour la faire sienne, il la filme à sa propre hauteur, du point de vue de l’enfant émerveillé : foisonnement decouleurs (celles des drapeaux de chaque année), féérie des mouvements des corps (des hommes et des chevaux), profusion de gros plans attentifs et tendres sur le visage des figurants.
Et surtout. Il y a lui, Kurosawa, dont A.K. brosse un portrait distant, comme craintif alors qu’il semble le plus vulnérable des hommes avec sa drôle de casquette, ses lunettes noires et ses gants blancs. Mais un portrait fidèle, sans doute, qui lui arrache la plus évidente des formules : « Créer, c'est se souvenir ».
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