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Son parcours est atypique : des études d’art dramatique, de littérature et de psychologie à l’université de Cologne puis l’enseignement, avant de réaliser des films et des reportages pour la télévision sur les conditions de travail des femmes. Elle travaille encore comme présentatrice du journal télévisé du WDR mais part sur un coup de tête en Italie pour assister à un tournage de Fellini.
Ses réalisations sont d’abord des adaptations de son auteur préféré, Heinrich von Kleist (Le Tremblement de terre au Chili - 1974), et elle réalisera en 1977 un film sur sa vie, Heinrich, inspiré de ses écrits, avec une actrice androgyne qu'elle a découverte pour Sous les pavés la plage (1975) et qui campe un Kleist pour le moins original. L'auteur était une âme tourmentée, prise dans les luttes de 1848, qui se suicidera avec une amie au bord du Wannsee. Chez Helma Sanders-Brahms, Kleisttombe amoureux, voyage et s’engage. La réalisation a du souffle et une énergie communicative. Mais le film se heurte à une critique féroce, qui ne lui pardonne pas son approche très personnelle et sexuellement ambivalente d’un monument idéalisé de la littérature nationale.
Pendant plusieurs années, elle réalisera un film par an, tout en se heurtant aux mêmes préjugés de la part de la critique allemande. Peu de carrières de cinéastes révèlent à ce point la différence de réception d’une œuvre entre l’Allemagne et la France. Ainsi, avec Les Noces de Shirin (1976), elle sera éreintée par les féministes qui ne supportent pas qu’une femme turque immigrée ne se sépare jamais de son plat en plastique. Des films d’inspiration documentaire sont suivis de films littéraires, historiques ou de portraits de personnages aussi exaltants que ceux qu'elle signera plus tard en filmant les amours passionnés d'Else Lasker-Schüler et de Gottfried Benn, Mein Herz-niemandem (1997, inédit en France) : deux poètes majeurs, deux monstres d’égocentrisme artistique, elle élaborant un univers imaginaire, lui fasciné par la putréfaction qu'il côtoie en tant que médecin légiste, se rencontrent, s’aiment et se détruisent.
Après l’unanimité suscitée par Allemagne mère blafarde (1980, un des dix meilleurs films de tous les temps pour les critiques new-yorkais), film autobiographique qui raconte la guerre et l’après-guerre du point de vue de la fille devant la révélation de l’histoire de sa mère, elle enchaînera les films importants. Comme La Fille offerte (1981), d’après le témoignage d'une jeune femme qui vit ses désirs et s’offre pleinement au plaisir, mais qui, rejetée par la bonne société, va vivre avec des travailleurs immigrés, dans leur baraque. Si l'accueil est mitigé en Allemagne, le film connaît un grand succès en France, à l’époque des productions collectives et des "films de femmes" et pendant qu'un groupe de cinéastes allemands réalisent L’Allemagne en automne, six réalisatrices (elle, deux autres Allemandes et trois Françaises), transcrivent, dans Les Filles héréditaires (1982), l’attraction et le rejet pratiqué par leurs pays respectifs.
Devenue populaire en France, elle y présente régulièrement ses films et travaille même avec des acteurs français, Brigitte Fossey dans L’Avenir d’Émilie (1984) et Sami Frey dans Laputa (1987). La chute du mur modifie les conditions de production déjà très difficiles. Elle réalise tout de même Les Fruits du paradis (1992), sur des gens attachés àleurs vergers, alors que l'économie ne permet pas d'en faire une exploitation écologique. Ses projets de grands films refusés, elle réalise des documentaires dont Vivre maintenant - des Juifs à Berlin (1995). Enfin, elle écrit et réécrit son projet, Clara, film musical sur les musiciens Clara et Robert Schumann, qui verra finalement le jour grâce à l’aide de la France. Le budget obtenu lui permet d’enregistrer les musiques du film en Hongrie avec un grand orchestre. Clara est un grand film romantique sur l'amour de l'épouse, pianiste de génie acclamée dans toutes les capitales de l’Europe, pour son mari déjà malade, leur amitié avec le jeune Brahms, et les problèmes d’argent de ce couple exceptionnel.
Heike Hurst
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