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Chantal Akerman ou l'inclassable : elle a signé près de cinquante films en quarante ans, alternant documentaires, fictions, journaux intimes, essais autobiographiques, utilisant le 16 mm, la vidéo, le 35 mm, selon des durées allant de 3 à 200 minutes.
Aussi convaincante dans la captation presque immobile d'un spectacle (L'Homme à la valise, avec Sami Frey, 1983) que dans une comédie musicale aux multiples actrices (Golden Eighties, 1983, où Lio côtoie Delphine Seyrig), elle est capable de réaliser à la suite un documentaire sur les émigrés mexicains clandestins (Sud, 1999) et une adaptation de Marcel Proust (La Captive, 2000).
À travers cette œuvre apparemment éparpillée, la cinéaste dessine un autoportrait extrêmement vivant, parfois explicite (Portrait d'une jeune fille de la fin des années 60 à Bruxelles, 1994), parfois détourné (Histoires d'Amérique, 1988), qu'elle soit sa propre interprète (Je tu il elle, 1974) ou qu'elle dirige des comédiennes choisies (Aurore Clément, Juliette Binoche, Sylvie Testud).
Elle offrit à Delphine Seyrig, avec Jeanne Dielman…, description hyper-réaliste du quotidien d'une prostituée bruxelloise, petit scandale à l'époque (1975), un de ses rôles les plus mémorables.
Qu'ils soient à audience confidentielle, comme ses enregistrements de concerts ou ses journaux de voyages, ou destinés au grand public, comme ses comédies avec vedettes (Un divan à New York, 1996), chacun de ses films, même les plus inégaux, prend sa place dans l'ensemble du puzzle.
En 2011, elle tourne une adaptation déroutante du récit de Conrad, La Folie Almayer, où elle retrouve son interprète de La Captive, Stanislas Mehrar, en père exilé et tourmenté. Le film laisse une large place aux sensations (comme l'explique la cinéaste dans l'interview qu'elle a donné à Universciné) et offre au spectateur un bel équivalent fictionnel à certaines plongées intérieures, plus "documentaires", du début de sa carrière.
Il y a un univers Akerman, savoureux et irritant, surprenant et cohérent – en tout cas, toujours inattendu et jamais indifférent. Elle est assurément l'une des artistes belges les plus plus importantes, oeuvrant maintenant aux frontières de l'art contemporain et du cinéma, comme sa "lointaine" confrère française Agnès Varda : heureusement jamais là où nous les attendons vraiment.
Elle s'est donné la mort le 5 octobre 2015. Son ultime film, présenté au festival de Locarno quelques mois plus tôt, No Home Movie, sera découvert par le public après sa disparition.
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Chantal Akerman parle de son film "Demain on déménage"
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