La Playlist de Jean-Paul Civeyrac
VIDEO | 2015, 12' | Auteur d'un cinéma intimiste par ses sujets et par ses moyens, Jean-Paul Civeyrac revient cett1
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A huit ans, Victoria, issue d'un milieu modeste, a passé sa nuit dans une famille bourgeoise. Toute sa vie restera suspendue à cet instant magique.
A huit ans, Victoria, issue d'un milieu modeste, a passé sa nuit dans une famille bourgeoise. Toute sa vie restera suspendue à cet instant magique. Adulte, elle retrouve ceux qu'elle avait idéalisés et se glisse dans leur vie... D'après un récit de Doris Lessing, un conte subtil où l'éblouissement conduit autant au rêve protecteur qu'à l'amère lucidité. Sans doute le plus beau film de Civeyrac.
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" "Puissant (sur le fond) et délicat (sur la forme)... il joue habilement avec les ellipses, les atmosphères amibigu
" Le roman de Doris Lessing, Victoria et les Staveney, se situe à Londres. Le film, à Paris. Mais l'époq
" Le roman de Doris Lessing, Victoria et les Staveney, se situe à Londres. Le film, à Paris. Mais l'époque est bien la même : c'est la nôtre. Et l'esprit du livre demeure : une empathie, dénuée de sensiblerie, pour une héroïne malmenée par la vie, qu'on suit de l'enfance à la trentaine (...)
Il faut s'arrêter sur la manière dont Jean-Paul Civeyrac met en scène cet épisode : chez les riches, qui sont aussi des artistes de gauche, Victoria passe la soirée seule avec le grand frère de son camarade. Il est à peine adolescent, et il dégage une bonté et une sérénité exceptionnelles. Victoria le voit comme un demi-dieu en son royaume, et le cinéaste le filme ainsi. Adulte, ce garçon sera joué autrement, par un autre acteur, forcément. Ce changement de corps et de visage sert au mieux le sujet : jamais la jeune femme ne retrouvera celui qui l'avait fascinée.
Les êtres, les choses et les événements échapperont à Victoria. Elle n'est pas la narratrice de sa propre histoire — racontée en voix off par sa meilleure amie, sa soeur d'adoption. Elle se laisse porter par le hasard et le désir des autres. Quand elle retrouve, dans sa vingtaine, le fils cadet de la famille blanche aisée, elle répond à ses avances et tombe enceinte sans l'avoir voulu. Plus tard, elle subira les absences répétées du père de son deuxième enfant. Passive, comme absente, et pourtant lucide, consciente de son destin.
Cette héroïne que Doris Lessing décrit comme « invisible » (par les nantis), Jean-Paul Civeyrac en fait une étrangère absolue, non pas juridiquement, mais dans sa chair. Spectatrice des autres, retranchée en elle-même. Le film, comme le roman, dit sans ambages qu'être noir et mal né dans nos sociétés occidentales conduit à se sentir à jamais surnuméraire, à l'écart. Quand bien même la beauté et la jeunesse — c'est le cas de Victoria — déclenchent des opportunités, plus ou moins illusoires.
Le cinéma du discret Civeyrac se renouvelle profondément avec ce superbe récit au long cours, cette profusion d'événements. Il se réchauffe aussi, le réalisateur se tenant au plus près de ses personnages.
Mais ce qu'il reste de bressonien dans son style (de Ni d'Eve ni d'Adam à Des filles en noir) exprime parfaitement la distance au monde de Victoria. L'accueil plein de compassion de la famille riche — avec Catherine Mouchet et Pascal Greggory en grands-parents à la fois exemplaires et monstrueux — semble ainsi vu à travers la vitre épaisse de la solitude et de la différence.
On dirait un trompe-l'oeil, une imitation de la vie. Mon amie Victoria renvoie ainsi irrésistiblement au chef-d'oeuvre de Douglas Sirk, Mirage de la vie. Pas seulement par ses thèmes (le racisme et ses variantes, les classes sociales, la réussite, la fatalité), mais aussi par le doute métaphysique qu'il laisse planer sur toutes les activités et les passions humaines."
" En respectant, comme un sanctuaire, le mystère de ses personnages, Civeyrac se concentre sur les actes, sur les gestes, e
" En respectant, comme un sanctuaire, le mystère de ses personnages, Civeyrac se concentre sur les actes, sur les gestes, et en saisit les effets sur les visages, à même la peau. Il renouvelle ainsi le genre du mélodrame en lui donnant la puissance d’une tragédie politique contemporaine."
Isabelle Regnier" ... le film déploie la trame dentelée d’ellipses du récit de la vie de Victoria sur vingt ans, au gr&eacu
" ... le film déploie la trame dentelée d’ellipses du récit de la vie de Victoria sur vingt ans, au gré de rencontres et de drames assourdis, de métiers et d’amours enchaînés - devenue jeune femme, elle foule à nouveau les parquets du bel appartement, via la couche d’un des fils de la maison - et repart, aussitôt la passade consumée, enceinte. Par la suite, elle verra sa fille peu à peu lui échapper sous l’effet de l’affection, aussi dévorante que sélective, de sa belle-famille, sans se résoudre à empêcher qu’elle soit accaparée par ceux qui lui promettent une vie plus enviable que la sienne.
Instillant à sa mise en scène d’élégants jeux d’échelles et d’actualisations qui décrivent ce qui se transmet, de génération en génération, d’insidieux mécanismes et représentations, le cinéaste délègue son rôle de conteur à une figure de narratrice embarquée, la sœur adoptive aux velléités d’écrivain de l’héroïne.
Ainsi sa Victoria s’impose à double titre comme une héroïne de roman, quoiqu’elle ne fasse rien pour l’être, et ne veuille rien savoir de la fable sans pathos que les soubresauts de sa vie nourrissent de chaque nouvelle péripétie. Au gré du portrait chuchoté de ce merveilleux personnage - aux pas flottants duquel le film nous arrime sans jamais percer tout à fait sa réserve ni l’altière opacité de ses choix - se formulent tous les paradoxes du processus d’intégration. Cette manière d’accueillir si pleine d’une bienveillance cruelle, où celui qui est accueilli ne l’est au fond que parce que l’on veut bien l’assimiler et le reconnaître, pour différent qu’il soit, comme l’un des siens."
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